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Récriminations contre le fichier électoral : La mise au point de la CENI

Publié le vendredi 5 mai 2006 à 08h08min

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Le 23 avril 2006, les Burkinabè étaient aux urnes pour choisir leurs conseillers municipaux. Malheureusement, nombre de citoyens n’ont pu remplir leur devoir. Et pour cause, leurs noms ne figuraient pas sur les listes, bien qu’ils détenassent des cartes d’électeurs. Ce qui a suscité des plaintes à l’endroit de la CENI. Dans cette déclaration parvenue à notre rédaction, la commission, par son directeur de l’informatique, éclaire l’opinion nationale sur les récriminations qui lui sont faites.

S’il y a une chose qui aura marqué les élections municipales du 23 avril 2006, c’est bien le cas des électeurs qui n’ont pas retrouvé leurs noms sur les listes électorales alors qu’ils étaient détenteurs de cartes, qu’ils ont de surcroît utilisées sans difficulté lors de l’élection présidentielle du 13 novembre 2005. Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a expliqué aussi bien à la radio qu’à la télévision que cette situation était due à l’opération de suppression des doublons, menée après l’élection présidentielle. Cela n’a pas suffi à mettre fin aux supputations. La présente mise au point a pour seule ambition d’éclairer les citoyens qui veulent vraiment comprendre le problème.

Nous avons pu noter que dans le principe, personne n’était contre la suppression des doublons ; en tout cas personne n’a exprimé ouvertement une telle opinion. Au contraire, avant, pendant et après l’élection présidentielle du 13 novembre 2005, nombre d’acteurs du processus électoral reprochaient à la CENI d’avoir laissé subsister des doublons dans le fichier électoral. La cause des récriminations exprimées pendant les municipales du 23 avril est donc à rechercher ailleurs.

Il y a ceux qui nient être inscrits plusieurs fois, donc qui pensent que la CENI les a injustement rayés des listes électorales. Sont de ceux-là le chauffeur de M. le Maire Simon Compaoré dont ce dernier affirme qu’il a été « balancé dans un autre bureau de vote » et M. Souly Noraogo dit Victor dont nous avons lu l’histoire dans le numéro 6624 de l’Observateur Paalga. Ces deux cas ayant été évoqués dans la presse avec plus ou moins de précisions, nous en saisissons l’opportunité pour apporter un démenti aux allégations tendant à faire croire que les électeurs supprimés du fichier électoral n’étaient pas des doublons. Nous remercions au passage les auteurs de ces exemples pour cette aubaine qu’ils nous ont donnée.

Le cas du chauffeur de M. le Maire Simon Compaoré

Au cours de la nuit électorale, le Maire de Ouagadougou a cité le cas de son chauffeur comme un « exemple concret » d’électeur rayé de la liste alors qu’il n’était inscrit qu’une fois. Après renseignements, nous avons pu joindre le chauffeur en question qui nous a appris qu’il s’appelait Abdoul Dramane Seynou, né le 10/06/1967. En effectuant des recherches à partir de ces informations nous avons trouvé M. Seynou dans la région du Centre, province du Kadiogo, commune de Ouagadougou, arrondissement de Baskuy, secteur n°9.

Dans le bureau de vote n°1,

- répondant au nom de Abdoul-Dramane Seynou

- né le 10/06/67 à Ouagadougou

- de Siaka Seynou et de Salamata Konaté

- Date d’inscription : 22/01/02

2. Dans le bureau de vote n°10,

- Sous le nom de Dramane A. Seynou

- né le 10/06/67 à Ouagadougou

- de Siaka Seynou et de Salamata Konaté

- Date d’inscription : 29/04/05

Des deux inscriptions celle du bureau de vote n° 10 est la plus récente. Par conséquent c’est elle qui a été maintenue conformément au Code Electoral (articles 46 et 66). Contrairement donc à ce qu’a affirmé Monsieur le Maire, son chauffeur n’a pas été « balancé dans un autre bureau de vote » mais il s’est bel bien inscrit deux fois et la CENI n’a fait que son devoir en supprimant l’inscription la plus ancienne.

Le cas de M. Noraogo Souly dit Victor

Un électeur - de surcroît candidat et tête de liste - du nom de Noraogo Souly dit Victor qui détenait une carte et n’a pas pu voter est allé conter ses malheurs à l’Observateur Paalga. Son histoire a été relatée dans ledit journal en son numéro 6624 du lundi 24 avril 2006. Et le quotidien de dire, compatissant, qu’on a « brisé les rêves au malheureux ». Cette histoire si elle était vraie serait touchante. Mais il n’en est rien, même si la pseudo victime, avec une assurance déconcertante, défie quiconque de prouver qu’il s’est inscrit plusieurs fois et de lui apporter les cartes. C’est ce que nous allons faire. Les recherches ont prouvé que M. Souly est inscrit :

1. Dans la région du Centre, province du Kadiogo, Ouagadougou, arrondissement de Nongr-Maasom, bureau de vote n°4,

- sous le nom de Souly Noraogo Victor,

- né le 31/12/1964 à Kindi

- de Ouango Souly et de Timpoko Ouédraogo

- date d’inscription : 22/01/2002

2. Dans la région du Centre-Ouest, province du Boulkiemdé, département de Siglé, village de Balogo, bureau de vote n°1,

- sous le nom de Souly Noraogo,

- né le 31/12/1964 à Balogho

- de Souly Ouango et de Timpoko Ouédraogo - date d’inscription. 28/02/2002

M. Souly s’est donc inscrit deux fois sur les listes en l’espace d’un mois, à quelle fin ? Nous sommes bien en présence d’une double inscription et en pareille circonstance la première inscription doit être supprimée au profit de la seconde, ce qui fut fait. Alors si les rêves de M. Souly ont été brisés parce qu’il n’a pas pu voter là où son inscription a été supprimée, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même.

Dans le cas de M. Seynou comme dans celui de M. Souly, les listes manuscrites ont confirmé les résultats des recherches effectuées sur l’ordinateur. Ces exemples illustrent bien le procès injuste que l’on fait à la CENI depuis le 23 avril. Mais en cela il n’y a rien de nouveau. Les deux exemples cités ont pu échapper au traitement des doublons avant le scrutin présidentiel. Il se trouve que dans l’un ou l’autre des cas les cartes d’électeur des intéressés avaient été éditées à partir de leur première inscription, d’où l’inexistence de leur nom dans les bureaux de vote où ils ont voté à la présidentielle de 2005.

D’autres électeurs, sans nier leur double inscription, estiment que c’est à la CENI de leur indiquer le bureau de vote où leur inscription a été maintenue afin qu’ils puissent exercer leur droit de vote. A ceux-là nous disons qu’aucune loi ne confère ce rôle à la CENI. Il appartient à l’électeur de consulter les listes qui sont publiées au moins un mois avant le scrutin afin de parer à toute éventualité. Au demeurant l’électeur qui s’inscrit plusieurs fois est seul responsable de ses actes qui peuvent du reste lui valoir des poursuites.

Ce qui s’est passé ce 23 avril prouve tout simplement que l’opération d’épuration du fichier électoral effectuée après l’élection présidentielle a été un succès et que notre fichier électoral se porte de mieux en mieux. D’ailleurs il n’a pas été beaucoup question de votes multiples lors de ce scrutin. Cela devrait être un motif de satisfaction pour tous. Malheureusement cette avancée a été reléguée au second rang, les uns et les autres préférant se passionner pour le problème d’absence de noms sur les listes. Pourtant ce n’est que la conséquence logique de la suppression des doublons, ce qui avait été réclamé à cor et à cri.

Hubert Charles KABORE
Directeur de l’Informatique
et du Fichier Electoral

Sidwaya

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