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Journalisme d’investigation : Vain sans une opinion publique forte

Publié le jeudi 4 mai 2006 à 06h45min

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Newton Ahmed Barry

« Quelle place pour le journalisme d’investigation au Burkina Faso ». C’est le thème de la conférence donnée ce 2 mai 2006 par Newton Ahmed Barry au Centre culturel américain. A l’initiative de la Société de développement des médias en Afrique (SODEMA), ce débat entrait dans le cadre de la Journée internationale de la liberté de la presse.

L’investigation journalistique vient, selon Ramata Soré, secrétaire générale de la Société de développement des médias en Afrique (SODEMA), en appui à la démocratie.

« Son objectif : dénoncer les abus et les atteintes à l’intérêt public et tenir les autorités gouvernementales pour responsables de leurs actes ».

C’est l’une des raisons, a-t-elle expliqué, qui ont placé le « Journalisme d’investigation » au cœur de la conférence donnée le 2 mai dernier par Newton Ahmed Barry, cofondateur et rédacteur en chef du journal L’Evénement.

Alors quelle est la place du journalisme d’investigation au Burkina ? Pour le conférencier, ce genre journalistique n’a de sens que dans un système politique construit sur le principe démocratique de la représentativité et de l’imputabilité.

Autrement dit, un régime où « chaque individu est copropriétaire du gouvernement et considère qu’il est normal et nécessaire de chercher à le comprendre ».

Ainsi, au Burkina, a poursuivi M. Barry, d’un point de vue formel, la constitution et les institutions de la république protègent les libertés publiques et en particulier le « droit à l’information ».

Mais, sur le terrain, de nombreux obstacles demeurent qui remettent en cause l’exercice effectif de la liberté d’informer.

Et le conférencier d’énoncer les difficultés d’accès aux sources (un droit pourtant consacré par la loi 56-93) la faiblesse de la formation des journalistes, les questions de subsistance (difficultés pour les organes d’obtenir des budgets publicitaires), la mévente des journaux (avec ou sans sujets sensibles).

Alors y a-t-il vraiment une place pour le journalisme d’investigation ? S’est demandé le conférencier. Pour Newton Ahmed Barry, « le droit à l’information se trouve limité par la tradition politique d’opacité ».

Ainsi, aux termes de la loi 13-98, portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique « ...les informations qui peuvent et/ou doivent être communiquées aux usagers sont précisées, pour chaque administration, par l’autorité hiérarchique compétente ».

Une disposition, selon le conférencier, très vague, mais qui a le mérite d’obliger les agents à se taire. A cela s’ajoute la faiblesse, voire l’inexistence d’une opinion publique forte et consciente, un phénomène que le conférencier a déploré.

En effet, pour M. Barry, sans une opinion publique dynamique, le journalisme d’investigation est inutile et confine celui qui le pratique, dans le rôle périlleux de Zorro.

« Pour que prospère le journalisme d’investigation, a conclu le conférencier, c’est bien d’avoir des journalistes casse-cou. Mais c’est encore mieux quand les conditions démocratiques sont réunies ».

H. Marie Ouédraogo

Observateur Paalga

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