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Yolande Traoré, PDG de NETENDEC : “Mon secret c’est le travail, le travail bien fait...”

Publié le lundi 25 septembre 2006 à 06h30min

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Yolande Traoré

Après le Yennega d’or en 2005, Mme Yolande TRAORE née YAMEOGO a rebeloté en recevant le 27 février 2006, à Francfort en Allemagne, le trophée Arc d’Europe catégorie M. Ce prix est décerné aux entreprises qui se seraient distinguées par la qualité de leur prestation.

Cette distinction apparaît donc comme un défi pour Mme Yolande TRAORE/YAMEOGO et son entreprise NETENDEC qui doivent redoubler d’efforts pour rester dans la cours des grands. C’est une femme émue, fière mais consciente des défis futurs que nous avons rencontrée.

Quel est votre parcours ?

Yolande TRAORE (Y.T.) : J’ai commencé dans les affaires depuis 1984. Cela fait donc 22 ans. Je suis la seule dans ma famille qui ai choisi de faire les affaires. J’ai commencé à faire du commerce, de l’import-export dans le domaine du fer à béton, du ciment en provenance d’Abidjan. Je gérais aussi une alimentation. J’ai enchaîné avec les matériels de décoration à savoir le carrelage et les autres accessoires du bâtiment.

Je recevais des diplômés dans le bâtiment surtout qu’il y a eu en son temps beaucoup de formations au début de la révolution, de certains de nos cadres en Libye dans le domaine du bâtiment. Beaucoup de demandes d’embauches tombaient sur mon bureau parce que je faisais des innovations telles que les poses de carreaux, les décorations, etc. En fait, ce qui manquait c’était bâtir les édifices et je me suis dite pourquoi pas d’autant que je faisais déjà pratiquement tout ce qui concerne le bâtiment comme la vente de matériaux, la peinture, etc.

En plus, il y avait du personnel qualifié pour construire un édifice. Je me suis donc approchée des structures habilitées dans ce sens, à savoir le ministère des Infrastructures pour prendre quelques informations et à partir de là, j’ai commencé par le tout premier agrément qui me permettait de démarrer dans la construction tout en embauchant le personnel technique qualifié. Sans pour autant lâcher les autres volets.

Pouvez-vous nous citer quelques unes de vos réalisations ?

Y.T. : Dans le domaine de la construction, nous avons réalisé beaucoup d’infrastructures pour le compte du gouvernement à Bobo-Dioulasso. Tout récemment, nous avons travaillé pour le compte du Palais de justice de Koudougou. A Ouagadougou, nous avons travaillé pour le compte de l’INERA, nous avons également construit des bâtiments pour la CNSS. Dans le domaine de l’entretien, je peux dire que NETENDEC est passée dans la quasi totalité des bâtiments administratifs.

Mais comment vous sentez-vous dans votre secteur d’activité en tant que femme ?

Y.T. : Je dirai que je me sens et même très bien. C’est un choix que j’ai fait, et quand on choisit quelque chose, il faut s’y donner et être prêt à affronter tout ce qui peut entourer cette activité comme difficultés. C’est un choix personnel, je n’ai pas été obligée ni contrainte à choisir ce métier. Malgré donc les difficultés, je me bats comme je peux. Certes, ce n’est pas tous les jours qu’on obtienne satisfaction face aux difficultés mais on se dit que la vie est ainsi faite, il y a des moments difficiles et des moments favorables. Et quand on se retrouve face à une difficulté, on l’affronte et on essaye de s’en sortir au mieux qu’on peut.

Qu’est-ce qui explique ce mérite si ça ne relève pas de la promotion de la femme ? Quels ont été les critères de choix ?

Y.T : J’avoue que j’ai été également honorablement surprise parce que je ne savais pas qu’il y avait un comité qui menait des enquêtes autour de ma société. En ce qui me concerne, je n’ai jamais reçu une quelconque correspondance demandant les documentations me concernant.

C’est par la suite que plusieurs documents ont suivi et cela m’a permis de savoir que depuis plus de deux ans, le BID suit nos activités à travers notre participation dans les différents forums à l’extérieur. Pour eux, nos interventions au cours de ces forums dans le domaine de nos activités ont été pour quelque chose. Il y a eu également des enquêtes au niveau des ambassades et de nos partenaires sur le terrain.

Ensuite, ils sont passés par des sélections. Ils ont procédé à des enquêtes auprès de notre ministère des Affaires étrangères, de la Chambre de commerce. Ils ont collecté aussi des informations par internet et par d’autres organisations locales, voire les médias. A partir de ces informations collectées, il y a eu des propositions d’entreprises. Le comité international du BID a donc travaillé sur la base des résultats des enquêteurs et a finalement fait le choix qui s’est porté sur ma modeste société.

Vous voyez bien que le choix porté sur nous n’est pas du tout lié à une quelconque question de la promotion de la femme d’autant que le BID est une structure internationale qui travaille sur la base des performances et non sur le genre. Mais personnellement, je peux tirer satisfaction par le fait que cela se soit déroulé quelques temps après la Journée internationale de la femme. Je peux ainsi dire que c’est un mérite qui revient à toutes les femmes.

On sait que le secteur BTP exige des gros moyens financiers. Bénéficiez-vous d’un soutien particulier, genre politique ? En fait quel est le secret de vote ascension ?

Y.T. : C’est une question très pertinente. Sans détour, je puis affirmer qu’il n’y a pas de dessous dans ce que je fais. Il n’y a rien qui se cache derrière mes réalisations qui ont été effectuées après attribution de marchés. Vous savez, dans le domaine du bâtiment, le marché de gré à gré est très rare. En ce qui me concerne, j’ai toujours participé aux différents appels d’offres. Qui dit appel d’offres, dit commission ou comité de dépouillement où assiste le maître d’ouvrage.

Après sélection, si on fait toujours confiance à ma société, je suis informée. Il y a des structures auprès desquelles, on ne reçoit pas d’information. J’ai un cumul d’expériences qui peut évidemment souvent jouer en ma faveur. Il y a plusieurs critères d’attribution de marché qui relèvent de la compétence et de l’expérience. En toute sincérité, il n’y a aucun secret pour mes marchés si ce n’est de la compétition où riment compétence et confiance.

Mon secret c’est le travail, le travail bien fait, la recherche de la satisfaction de la clientèle. La démarche vers le client avant et après la réalisation des travaux pour pouvoir récolter les insatisfactions dans le but de se perfectionner à l’avenir. Il y a aussi la confiance des partenaires financiers qui est très capitale. Je remercie donc tous ces partenaires techniques et financiers qui acceptent tout le temps de me faire confiance et qui m’accompagnent dans la réalisation de mes projets.

Est-ce que le fait d’être petite sœur de Juliette BONKOUNGOU ne vous ouvre pas certaines portes ?

Y.T. : Je suis très contente de la question. C’est une question qui m’avait été posée quand j’avais eu le marché du Palais de Justice de Koudougou. C’est une question qui me suit quotidiennement. Mais c’est l’occasion pour moi de faire comprendre à tout le monde que j’ai commencé dans le domaine des affaires, comme je l’ai dit plus haut, depuis 1984 quand ma grande sœur, son Excellence Juliette BONKOUNGOU travaillait encore au Palais de justice et ne sachant pas qu’elle ferait de la politique et encore moins être là où elle est aujourd’hui en tant que femme politique après avoir fait le parcours qu’elle a.

Donc je ne comprends pas pourquoi on fait l’amalgame entre mes activités et la position politique de ma sœur. Comme j’ai déjà eu à le dire pendant l’exécution du Palais de justice de Koudougou, il y a des archives qui attestent que je menais proprement mes activités avant qu’elle ne soit femme politique et je vais continuer à exister quand peut-être elle va arrêter la politique et continuer dans autre chose.

Parce que c’est le choix que j’ai fait. Entre ce que je fais, et ce qu’elle fait, il n’y a aucun rapport. Je me bâts quotidiennement dans mon domaine tout comme elle aussi se bât quotidiennement dans le choix qu’elle a eu à faire. Donc ma sœur n’y est pour rien dans ce que je fais et dans ce que je suis aujourd’hui. Quand il m’arrive d’organiser des cocktails à la maison en l’honneur de mes partenaires, je l’invite et quand elle vient, c’est avec plaisir qu’elle découvre et fait connaissance avec mes relations. Par rapport au trophée, c’est par pure coïncidence qu’elle a pu me soutenir que je le présentais à la Chambre de Commerce parce qu’elle était en mission officielle au Burkina.

Je me dis quand elle aura l’occasion de s’exprimer sur la question, elle n’hésitera pas parce qu’elle voit à quel point sa « pauvre » petite sœur subit certaines pressions injustes relatives à sa position politique aujourd’hui. Je vous remercie vraiment pour la question. Pour tout vous dire au fond du cœur, j’avais souhaité que vous la posiez.

Doit-on s’attendre à des innovations au sein de votre entreprise après l’obtention de ce trophée ?

Y.T. : Ce trophée est un défi pour moi. C’est une invite à exceller. J’ai l’obligation donc d’innover d’autant que j’ai l’ambition d’être toujours compétente. Mon organisation se doit de se perfectionner davantage pour continuer à mériter cette confiance que cette structure européenne qu’est le BID a eu à son égard. Comme le titre le dit, c’est un trophée de qualité, et je souhaiterais que mon entreprise puisse continuer dans la même dynamique sinon travailler beaucoup plus.

Quel est le rôle de votre époux dans cette ascension ?

Y.T. : Mon époux m’a toujours épaulée. Comme tout bon mari se doit de le faire. Il y a des jours où je dors pratiquement au bureau quand il y a des dossiers importants et il arrive qu’il vienne partager mon café et me soutenir jusqu’à un certain moment. Je dirai que c’est une contribution qui n’est pas du tout négligeable. Malgré ses responsabilités professionnelles, il a toujours conscience que les miennes sont encore plus contraignantes d’autant qu’il s’agit permanenment à mon niveau de la qualité, de la compétence, et de la concurrence. Dans tous les cas, à chaque fois que j’ai besoin de lui, il est là. Rassurez-vous votre frère n’est pas de côté.

Aujourd’hui, est-ce que vous êtes prête à soutenir les jeunes à évoluer dans votre secteur d’activité ?

Y.T. : Je dirai oui. Je puis dire que j’ai déjà commencé à le faire parce que d’abord je reçois de nombreuses demandes de stage de certaines structures d’enseignement technique dans le bâtiment qui envoient les jeunes en fin de formation. Il y a certains qui restent chez moi.

Il m’arrive de parrainer des sorties d’étudiants en fin de cycle tout comme de les accompagner dans le domaine de formation dans le cadre de l’entrepreunariat afin qu’il puissent s’imprégner et se documenter pour affronter le monde des affaires en sachant que ce n’est pas seulement en étant assis derrière les bureaux qu’on gagne sa vie, en cherchant forcément à se faire engager à la Fonction publique.

Dans tous les cas, je suis prête à aider la jeunesse, et si Dieu me donne toujours la force et l’occasion que j’ai aujourd’hui, je pense que je vais continuer à le faire parce que moi aussi mes débuts ont été difficiles, mais j’ai persévéré pour être là où je suis aujourd’hui.

Si c’est leur chance de m’avoir aujourd’hui et l’occasion et le courage de m’approcher tout ce que je peux faire, tout ce qui est du ressort de mes maigres moyens, je le ferai parce que la vie m’a appris qu’il faut toujours aider. En la disant, cela me donne la chair de poule parce que j’ai vu ce que ma mère a fait pour les jeunes parents qu’elle accueillait à la maison.

Nous, ses enfants, nous ne voyons pas une différence entre ces enfants et nous. Ces enfants avaient plus d’amour que nous. Au point que quand on l’a perdue, nous qui sommes ses propres enfants nous ne pouvions pas nous approcher de son corps, en ce sens que ce sont ses enfants adoptifs qui se mettaient toujours au-devant et c’était émouvant. Cela m’a fait croire que réellement le bienfait n’est jamais perdu. Tant qu’on peut aider, il faut le faire.

Je suis disposée donc dans la mesure de mes moyens à aider les jeunes à s’installer et à se préparer pour affronter la vie active.

Par Drissa TRAORE
L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 25 septembre 2006 à 18:12, par demo En réponse à : > Yolande Traoré, PDG de NETENDEC : “Mon secret c’est le travail, le travail bien fait...”

    salut à tous ,je suis tres content de savoir qu’il ya des hommes(femmes) d’affaire comme Me traoré qui honorent leur pays par la qualité du job qu’ils accomplissent...toutes mes felicitations et mon soutient inconditionel à tout ce que vous faites Me...
    Pour ceux qui ne le savent ,le prix qu’elle a obtenu est delivré à frankfurt où la rigeure et la qualité dans le travail sont les 2leitmotivs du succès...cela aurait été au faso qu’on aurait attribué ce prix à des malheureux tatonneurs...
    Je demande surtout à nos vaillant journalistes d’eviter des questions plattes du genre"n’est-ce pas a cause de votre soeur ...."
    Quand il s’agit de contribuer au developpement d’un pays aussi pauvre que le Faso,toute contribution d’où qu’elle viennent est la bienvenue surtout quand elle basée sur la qualité et la rigeure et surtout apolitique...comme dans son cas.Combien ya -t-il d’entreprises dans le btp qui engagent des jeunes ne serait-ce que pour des stages..
    je suis pour ma part trés fier de Me Traoré et je vous dis:châpeau et bon vent !!!!

    • Le 26 septembre 2006 à 20:02 En réponse à : > Yolande Traoré, PDG de NETENDEC : “Mon secret c’est le travail, le travail bien fait...”

      La question sur la soeur n’est pas saugrenue. La reponse sur les realisations de la Societe montre bien que cette Entreprise semble etre la "preferee" de l’Etat et de ses demembrements (INERA, CNSS..). Cela ne peut pas etre toujours du au hasard ! Bien d’autres concurrents offrent aussi la qualite de service. Dans ce genre d’entretien il faut aussi lire entre les lignes. On ne peut tout de meme demander qu’elle vienne faire des declarations concernant sa soeur !
      Cela dit la dame a certainement du merite et doit etre encouragee. Il y a des gens qu’on pousse mais qui ne s’en sortent jamais.

      • Le 19 octobre 2006 à 19:45, par rodriguez En réponse à : > Yolande Traoré, PDG de NETENDEC : “Mon secret c’est le travail, le travail bien fait...”

        Le journaliste a très bien fait son travail en posant la question sur la soeur de Mme Traoré. et comme elle l’a si bien dit, cette question lui a permis de léver l’équivoque. J’avoue que sa réponse m’a beaucoup satisfait car elle était aux affaires avant que sa soeur ne soit aux "affaires". Nous ne doutons pas que sa grande soeur lui facilite certaines choses mais il faut avouer que cette femme est très battante et sa réussite, elle ne l’a doit pas à sa soeur mais plutôt au travail abattu avant... c’est pour ça que nous devons vraiment la féliciter et encourager cette femme qui vole quotidiennement au secours de la jeunesse.

  • Le 25 septembre 2006 à 22:25, par drissa En réponse à : > Yolande Traoré, PDG de NETENDEC : “Mon secret c’est le travail, le travail bien fait...”

    À la vue de cet article, la 1ère chose qui m’a frappé c’est la beauté physique de Mme Traoré. Elle est vraiment belle ! En tout cas bravo pour son initiative et bon vent à son entreprise !

    • Le 11 octobre 2006 à 15:14 En réponse à : > Yolande Traoré, PDG de NETENDEC : “Mon secret c’est le travail, le travail bien fait...”

      D’abord Felicitation pour ce trophée qui honnore tout le Burkina Faso.Je suis très fiers de la combativité de Mme Yoland Traoré dans le monde des affaires très délicat pour les femmes non courageuses et non perseverantes.En tout cas je l’admire dans ces activités et lui souhaite plein succès dans toutes ces activités et entreprises. Bon vent à Yolande Traoré,PDG de NETENDEC

  • Le 19 octobre 2006 à 13:09, par MOHAMADI En réponse à : > Yolande Traoré, PDG de NETENDEC : “Mon secret c’est le travail, le travail bien fait...”

    JE VOUS SOUHAITE BON VENT DANS VOS ENTREPRISES ET QUE LE BON DIEU VOUS GUIDE.
    J’AIME EN VOUS LE FRANC PARLER , LA GENTILLESSE, LE COEUR OUVER ETC...
    ET SURTOUT UNE LONGUE VIE POUR QUE VOUS PUISSIEZ DONNER UN COUP DE MAIN A LA JEUNESSE ACTUELLE.
    AVEC LE COURAGE , LE SENS DU TRAVAIL BIEN FAIT, JE VOUS RASSURE QUE ALLEZ AVOIR BEAUCOUP DE TROPHEES QUI VOUS SERAIENT DISTINGUEES.
    GOOD BLESS

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