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UNDD : "Des actions de salut public pour sauver la démocratie"

Publié le vendredi 28 avril 2006 à 08h50min

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Me Hermann Yaméogo

Convoqué par son président en son lieu habituel de rencontres, le Bureau exécutif national de l’UNDD s’est retrouvé en réunion extraordinaire, le mercredi 26 avril 2006, autour de la question centrale des élections municipales. Pendant plus de deux heures, les membres présents ont fait le bilan de ces élections et pris des résolutions.

Le point électoral

Tous les intervenants ont relevé les graves périls qui menacent la communalisation intégrale en raison notamment de la répétition, à ce niveau sensible, de la fraude, de la corruption et de la violence électorale d’Etat généralisée. Ils ont relevé que ces faits gravissimes ont été perpétrés dans le silence, voire avec la complicité des forces de l’ordre, la participation active des chefs traditionnels et bien évidemment, la collusion parfaite de la CENI et de ses démembrements.

La réunion a insisté sur les pratiques déloyales suivantes :

votes multiples grâce notamment à la fourniture de faux documents (cartes d’électeur, faux livrets de famille, faux actes de naissance, fausses cartes d’identité). Plusieurs des fraudeurs ont été conduits manu militari à Koudougou, à Ouahigouya et ailleurs dans les locaux de la police ou de la gendarmerie avec des éléments probants ;

- votes par anticipation relevés un peu partout ; plus de 1 700 cas seront ainsi détectés rien qu’au secteur 6 de Koudougou, et la CECI en a fait, elle-même, la constatation ;

listes parallèles ayant empêché ceux qui ont boycotté l’élection présidentielle de voter pour les municipales, mais qui ont permis aux fraudeurs de disposer des cartes non distribuées pour voter en lieu et place de leurs authentiques détenteurs qu’on savait être de l’UNDD.
à cela sont venues s’ajouter des listes additives injectées en masse et sans publication préalable dans l’après-midi du vote et qui ont permis, avec la complicité des structures de la CENI, d’aggraver le viol du suffrage électoral.

La corruption, pour être un fait récurrent à chaque consultation, n’en a pas moins choqué en raison de son caractère global et encore plus massif comme l’ont relevé les uns et les autres. Dans le Sud-Ouest, le Centre-Ouest, le Kadiogo, bref dans toutes les régions où des candidats du parti étaient en lice, des familles ont été « visitées ». De_ sommes d’argent ont été remises à des chefs de village, à des candidats de l’UNDD pour les convaincre de voter pour le parti au pouvoir. A la Sissili, des responsables du parti ont ainsi surpris quelques-uns de leurs candidats qui faisaient la démobilisation parce qu’on a donné à chacun 100 000 fcfa. La faiblesse de l’être humain n’excuse pas la corruption d’Etat !

Il y a eu aussi les intimidations, les actes de violence, constatés à Ouahigouya, à Koudougou, où un candidat et un militant du parti ont même été physiquement agressés par les fraudeurs. Au Kadiogo, de telles intimidations ont également eu cours alors qu’à Bittou, des candidats ont été menacés de mort en public avant et pendant les élections, et continuent d’être harcelés au point de déposer plainte à Tenkodogo. Dans le Zoundwéogo, le Bazèga, le Kadiogo, les chefs traditionnels ont menacé tous ceux qui voteraient pour un autre parti que le CDP et en particulier pour l’UNDD. Une procession a même été organisée pendant le scrutin par le chef de Béré pour célébrer la mort de la « panthère ».

Les menaces y furent si fortes que des candidats durent s’exiler afin de ne pas être obligés, comme d’autres, de voter pour le CDP parce qu’ayant été mis en garde que si un seul bulletin était retrouvé dans l’urne, ce serait le leur et alors là, il leur en cuirait ! Dans beaucoup d’autres circonscriptions, une autre forme de menace a été dénoncée par les membres du BEN : le chantage aux terres et aux parcelles. Tous ceux qui voteraient pour l’UNDD seraient interdits de parcelles ou se verraient retirer leurs terres.

Cela a été dit dans le Houet, le Tuy, le Ziro, la Sissili... . Une menace revenait toujours : « Si vous votez pour l’UNDD, en raison de la haine viscérale que voue le chef de l’Etat à Me Hermann Yaméogo, vous n’aurez pas d’aide ». Face au caractère intégral de ces faits, aggravés par l’inertie des forces de l’ordre, la complicité active des structures électorales et la relation édulcorée qu’en ont fait bien des médias et des observateurs électoraux, les membres du BEN ont tiré de tragiques conséquences de cette énième violation de notre Constitution pour l’avenir de l’opposition et du pluralisme si aucune action de salut public n’était engagée pour sauver la démocratie.

Il faut reprendre tout l’ouvrage démocratique

Les participants n’ont pas été surpris par le déroulement du scrutin et par ses résultats, qui sont loin de refléter la réalité du terrain. Il y a longtemps qu’ils dénoncent l’inféodation de la CENI au pouvoir, l’informatisation calamiteuse du fichier électoral. Le parti avait décidé non seulement de s’inscrire à la compétition électorale dans un but éducateur, mais aussi pour aider les militants à comprendre les vrais enjeux de la communalisation que ses leaders ont toujours demandée depuis 1978, sachant cependant que malgré les ambitions aiguisées à la base, il serait difficile d’endiguer les faits de fraude, de corruption et de violences d’Etat (l’Observateur Paalga du 03/04/2006, le Sidwaya du 10 avril 2006).

Après avoir été victime de coups d’Etat permanents, d’un acharnement destructeur sans pareil depuis le Front Populaire, après avoir été taillé en pièces à plusieurs reprises, jeté en pâture à l’opinion par nombre de médias, la prouesse, c’est d’avoir réussi à garder la tête émergée en obtenant plus de 200 conseillers malgré une compétition pipée de bout en bout.

C’est donc la preuve que le message du parti passe et que le peuple lui donne raison de ses prises de position et de celles de son président par rapport à la politique nationale et internationale du pouvoir et par rapport en particulier à l’élection présidentielle du 13 novembre 2005. Pour le BEN, en dénonçant jusqu’au bout la violation de l’article 37 et l’informatisation catastrophique du fichier électoral et en tirant la conclusion logique qu’il ne fallait pas prendre part à la mascarade, l’UNDD a posé et pose à la conscience de tous les républicains, de tous les démocrates, la question de la légitimité de Blaise Compaoré.

Les participants, ayant donc convenu que les périls les plus graves pesaient sur l’opposition et sur la démocratie, ont exhorté le parti à continuer à assumer ses responsabilités de veille démocratique, à s’engager personnellement et en collaboration avec les partis de l’opposition authentique, pour obtenir une pause dans ce processus électoral, qui s’est totalement dévoyé. Ils ont, après avoir stigmatisé le déphasage total entre la lettre de la Constitution et la pratique démocratique, relevé que c’est ainsi que naissent généralement les révolutions.

Pour se prémunir contre de telles ruptures inscrites dans la logique des événements que nous subissons, il faut agir. Pour les membres du BEN, au moment même où des partis du giron présidentiel condamnent la collusion entre la CENI et le pouvoir, le mauvais déroulement des élections et exigent leur reprise, l’UNDD ne saurait être en deçà de ces demandes.

C’est pourquoi l’UNDD en appelle à l’intensification de la lutte pour obtenir le seul remède qui vaille : un dialogue interburkinabé permettant de reprendre tout l’ouvrage démocratique. Des instructions ont été données pour des initiatives à prendre en direction des organisations internationales, des Chancelleries, des partis d’opposition, des partis frères des pays voisins afin de souligner l’urgence des mesures à prendre pour arrêter cette dérive suicidaire parce qu’elle porte en elle les germes d’une corrosion des valeurs morales et démocratiques irréversible et d’une rupture de la cohésion sociale et nationale.

Les membres du BEN, dans une atmosphère pathétique, ont relevé que les Burkinabé étaient à la croisée des chemins. De deux choses l’une : ou bien ils rendent les armes et décident soit d’aller planter des choux, soit de rallier un quelconque des partis de la mouvance présidentielle pour être « pépères » et laisser le pouvoir parachever sa monarchisation, ou bien ils décident de faire front, de créer les conditions d’un rapport de forces qui amène les partenaires à s’impliquer et le pouvoir à comprendre qu’il ne gagne rien dans sa fuite en avant. C’est cette dernière position qui a été unanimement arrêtée au cours de la réunion.

Avant de lever la séance, le BEN a tenu à féliciter l’ensemble des militants du parti, les candidats et les conseillers élus. Bien que sachant que la persécution à l’endroit du parti ne peut que continuer, qu’il n’en manquera pas par ailleurs pour succomber à la tentation de vendre les conseillers de l’UNDD au parti majoritaire ou à ses alliés, il appelle les élus à la vigilance, à la probité et à la cohésion pour garder le cap pour l’impératif national : le refus fondateur, la reprise de tout le processus démocratique, la restitution au peuple de son pouvoir souverain. Des mots d’ordre appropriés suivront.

Le Président

Me Hermann Yaméogo

Observateur Paalga

P.-S.

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Municipales 2006

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