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Mme Odile Nacoulma, président de l’Université de Ouagadougou

Publié le lundi 8 mai 2006 à 08h53min

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Mme Odile Nacoulma

La rédaction de Sidwaya a reçu le 13 avril dernier en invité, Mme Odile Nacoulma, président de l’Université de Ouagadougou. Après plus de deux heures de discussions, le sentiment unanime qui s’est dégagé, est que Mme le président dit haut ce qu’elle pense, aborde sans détours les questions à elle posées.

Une franchise qui « heurte » surtout lorsqu’elle avance ne pas être d’accord avec les tenants du discours sur « la discrimination positive ».

Maître de conférence en biochimie, ancien ministre sous le Conseil de salut du peuple, (CSP II) et depuis décembre, président de l’Université de Ouagadougou, Mme Nacoulma, première femme à ce poste dans notre pays est revenue au cours des débats sur sa carrière d’enseignante, son passage à vide sous la Révolution..., le tout dans une ambiance dont elle seule a la maîtrise.

Sidwaya : Que vous révèlent les consultations électorales pour la communalisation intégrale qui ont lieu pour la première fois au Burkina Faso ?

Odile Nacoulma (O.N.) : Avant de répondre à la question, permettez-moi de dire que le directeur général m’a vraiment honorée et a dressé un tableau idyllique de mon parcours. Je vous remercie de m’accueillir ce matin (NDLR : l’entretien a eu lieu le jeudi 13 avril 2006). Je suis heureuse d’avoir devant moi, un aéropage de journalistes, rien que pour moi, qui vont s’intéresser à ma petite vie. Par conséquent, je vous remercie encore pour la disponibilité avec laquelle vous me recevez.

Aujourd’hui, il y a les municipales qui viennent cinq mois après l’élection présidentielle où notre peuple a été vraiment aux premières loges avec 13 candidats. Ce n’était pas une bataille de chiffonniers mais parfois ça y ressemblait. On en était arrivé à se demander si cela valait la peine car à la fin, certains candidats ont abandonné la course parce que n’ayant plus de thèmes de conversation, ni de débats. Avec la présente élection, on a décidé que tout le Burkina Faso doit être transformé en des municipalités. On veut approcher l’administration de l’administré.

C’est une autre expérience que nous allons vivre, étant donné que très récemment encore pensait-on des mairies devraient se retrouver exclusivement dans les grandes villes. On les a maintenant jusqu’au village, cela est une très bonne chose.

Tout le monde se sentira concerné par la gestion de la cité à partir du moment où les problèmes seront résolus à proximité des citoyens. Une municipalité en Europe, compte peut-être une centaine d’âmes avec un maire qui n’est pas rémunéré en réalité. Je suis d’accord avec cette expérience et pense que notre démocratie ne s’en portera que mieux.

Nous irons à l’école de la démocratie à la base, tout le monde, jusqu’au village aura son mot à dire dans la gestion de la cité. Je suis donc pour ces municipales même si je regrette d’avoir juste pris fonction à peine 100 jours et d’être obligée de faire l’état des lieux à l’université et de ne pas pouvoir participer activement au débat sur les municipales. Je ne suis pas candidate, voilà pourquoi je dis que, vu le travail que je dois abattre à l’université, je ne puis m’y mettre à fond.

S. : En tant qu’observateur, comment vivez-vous la campagne ?

O.N. : Vous faites bien de le dire, je suis surtout spectateur. Je suis les débats et les meetings des différents candidats dans les médias. Je suis heureuse qu’il y ait autant de personnes et de partis qui s’engagent avec sérieux et discutent des problèmes qui concernent chaque région.

En fait, je crois que c’est par-là que nous aurions dû commencer notre démocratie. Jusque-là, la politique ne se déportait pas dans le village.

S. : 73 partis pour une élection, peut-on avoir 73 projets de société pour un pays comme le Burkina Faso ?

O.N. : Avoir le choix, ne gâte rien. Je suis sûre qu’après des joutes oratoires les partis vont procéder à des regroupements par clans et par idées qui se rapprochent. Même si le mur de Berlin est tombé, il y a encore possibilité de faire des divisions. La mondialisation a par conséquent le vent en poupe et on ne sait distinguer Poutine (ndlr : président russe) de Bush (ndlr : Président des USA) pour ce qui concerne les grandes questions auxquelles est confronté le monde. Mais des affinités existent toujours. Ce qui explique qu’il y aura des clans. Dans un même parti, vous avez des affinités, l’extrême gauche et l’extrême droite, le centre, etc. Non, la pléthore de partis prenant part à ces élections, ne me gêne pas, même si c’était une centaine. La démocratie s’érige à ce prix, et doit permettre à chacun de s’exprimer.

S. : Le constat révèle souvent que ces partis ne mobilisent pas grand monde et ne sont que l’ombre d’eux-mêmes, ne croyez-vous pas qu’il faille limiter le nombre de formations politiques au Burkina Faso ?

O.N. : Non. Qu’entendez-vous par mobilisation ?

S. : Par exemple, que le parti se résume à son président ?

O.N. : Même si c’est vous seul et que vous prêchez dans un désert, on ne sait jamais, peut-être qu’il y a une idée lumineuse que vous sortirez et qui peut être reprise par d’autres. Croyez-vous que c’est quand on enflamme, harangue les foules, qu’on mobilise vraiment. Lorsque vous sortez des tee-shirts ou de casquettes joliment décorés, si vous tenez un meeting, tout le monde est là pour récupérer les gadgets. On peut même porter ces gadgets pour aller suivre le meeting d’un autre candidat.

On a vu cela lors de l’élection présidentielle où les tee-shirts et les casquettes du candidat Blaise Compaoré, (je m’excuse), étaient partout quel que soit le candidat qui est sur la tribune. Cela ne gênait personne, pas plus que le propriétaire de l’effigie qui est sur le tee-shirt que celui qui voit devant lui la photo de son rival. J’ai admiré la façon avec laquelle notre peuple a accepté la diversité. Ailleurs ça ne se passe pas ainsi. Voilà pourquoi, je dis que les municipales vont permettre aux gens de comprendre et de toucher du doigt la réalité.

Peut-être qu’à partir de là, il ne viendrait plus à l’esprit de personne d’afficher l’effigie de quelqu’un d’autre s’il va à un meeting d’un candidat. Souvent, les gens le font, sans même y réfléchir. Pour eux, le tee-shirt est un habit et ne représente rien d’autre.

S. : Ce type de comportement pourrait-il être du à la pauvreté, à l’ignorance ?

O.N. : Non, il n’y a aucun rapport. Croyez-vous qu’ils sont ignorants ? La pauvreté est relative, je peux dire que je suis pauvre par rapport à Bill Gates ; tout comme à l’inverse, je suis riche par rapport aux villageois. Il faut éviter d’être dans la misère. Je ne pense pas que ceux qui portent des tee-shirts pour aller aux meetings soient des miséreux. Ils les portent parce qu’on leur en a offert. Tout comme un enfant qui vient d’avoir un nouveau jouet, ils ont envie de les porter. Je ne crois pas que ce soit la pauvreté d’autant plus qu’ils ne marchaient pas nus. Il n’y a que les fous en Afrique qui marchent nus. Quel que soit le degré de pauvreté des gens, vous ne retrouverez personne pour marcher nu, elle va peut-être porter des habits usés, défraîchis.

S. : Quelle est votre appréciation de la campagne de proximité qui a prévalu au cours de ces municipales à contrario des grands meetings ?

O.N. : Elle est la meilleure. On y évoque des problèmes que vivent directement les gens. Commune par commune, village par village, ce qui va permettre aux citoyens une fois dans l’isoloir de choisir son candidat suivant ses plans pour résoudre les problèmes de la cité. Dans les grands meetings, ce n’est pas le cas, on entraîne les foules. Ce sont les grands orateurs qui peuvent réussir les grands meetings où l’assistance boit leurs paroles. On se souvient plus de leur prestation que de ce qu’ils ont dit. Parfois il faut aussi déployer beaucoup de moyens financiers ; ce qui n’est pas à la portée de tout le monde.

S. : Le Burkina vient de rejoindre la liste des pays africains touchés par la grippe aviaire, d’après vous, quelles précautions doit-on prendre pour éviter une éventuelle catastrophe ?

O.N. : Vous faites bien de parler de cela. C’est une question nationale, voire mondiale, à la fois d’actualité et surtout du fait que notre pays est un pays d’élevage. Nous exportons beaucoup de volailles et en consommons beaucoup. Je n’en veux pour preuve que les milliers de volatiles consommés chaque soir à Ouagadougou. C’est dommage car, depuis que l’on parle de la grippe aviaire, je suis sûre que les marchands de volatiles ont dû en avoir pour leur galon, parce que les gens ont arrêté de manger de la volaille. Il est vrai que les virus ne choisissent pas que de s’attaquer préférentiellement les pays pauvres ou riches.

Peut-être que le Burkina Faso en pâtira moins du fait de la température, car ce virus ne survivrait pas à une forte chaleur. Il faut donc que nous prenions la grippe aviaire à bras le corps, parce que nous sommes un pays avicole. Si dans un élevage de 2000 têtes, cette épizootie en décime 80 à 90%, il sera difficile pour nos petits éleveurs de se relever. Il y en a qui seront complètement ruinés, sans compter que la grippe aviaire ne s’attaque pas uniquement qu’aux oiseaux. Le virus peut subir des mutations et atteindre les mammifères.

Heureusement que chez nous, les gens ne dorment pas dans les mêmes pièces que leurs bêtes comme c’est le cas en Asie. Si on apprend aux populations qu’à la vue d’oiseaux morts en grande quantité, il faut éviter de les toucher (car le virus se trouve dans leurs plumes). Comme le virus n’a pas encore muté, on a de forte chance que l’homme n’en meurt pas. Nous devons donc expliquer aux éleveurs d’oiseaux que ce sont surtout les oiseaux migrateurs (charognards, épervier, et les aliments importés peut être souillés etc.) qui peuvent ramener l’épizootie dans leur élevage. Je m’aperçois que c’est surtout au XXe et XXIe siècle que l’on parle beaucoup de maladies virales, alors que les virus ont toujours existé.

S : Qu’est-ce qui explique cela ?

O.N. : C’est parce que l’être vivant s’est affaibli que les virus ou les bactéries reprennent des forces, et peuvent ainsi lui être nuisibles. Par exemple, nous abritons le virus de l’herpès mais il ne devient virulent que lorsque l’organisme s’affaiblit. Si nous prenons des précautions idoines dans la mesure où le virus de la grippe aviaire n’a pas encore muté, nous pouvons encore nous protéger. S’il avait muté passant des oiseaux aux mammifères, dans ce cas, la situation deviendrait inquiétante.

Et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) fait tout pour éviter le passage du virus des oiseaux aux êtres humains. Nous avons nos moyens propres de lutte contre ce genre de maladies. Ce que je déplore d’ailleurs, est qu’en Afrique, nous ne sommes jamais fiers d’être nous-mêmes. Nous n’allons jamais à la table des négociations avec une proposition concrète. Je pense que dans le domaine de la lutte contre les maladies virales nous pouvons apporter quelque chose, car nous tuons les virus en Afrique. Nous soignons et guérissons par exemple l’hépatite virale sous toutes ses formes.

Actuellement, nous avons découvert et mis au point avec l’aide de l’Agence internationale pour l’énergie atomique AIEA (Vienne), des molécules qui tuent le virus de la variole aviaire.

S. : Que doit-on faire pour valoriser ces acquis ?

O.N. : Vous trouverez encore des intellectuels ou des médecins qui soutiennent que la médecine traditionnelle, les plantes médicinales sont de l’à-peu près. Chacun se met sur son piédestal. Ils n’ont aucune notion de ce que signifie la médecine traditionnelle. Chacun se table de la connaître et de pouvoir parler d’elle. Alors qu’elle est une science à part entière. Quand on n’est pas spécialiste d’une question, il faut rester prudent et ne pas affirmer.

Certains tenants de la médecine moderne pensent que c’est en diabolisant la médecine traditionnelle qu’ils valoriseront la leur.

Je suis de ceux qui pensent que nous avons un patrimoine, par conséquent, l’intellectulle, la scientifique que je suis doit contribuer à trouver des éléments scientifiques rationnels pour confirmer ou infirmer le bien-fondé de la médecine traditionnelle.

En apportant l’interprétation biochimique du traitement de la variole aviaire par les Mossé, je défie n’importe quel scientifique de dire le contraire. Nous parlerons le même langage. Vous verrez qu’ils trouveront un vaccin contre le Sida, cette pandémie qui décime le monde entier, ce qui n’est pas le cas pour le paludisme qui ne sévit que dans les régions tropicales, donc qui concerne moins l’Occident. Pourtant, nos ancêtres avaient leurs moyens qui ne nécessitent aucun prélèvement de sang pour détecter précocement la maladie chez une personne.

Il faut simplement avoir le courage de valoriser notre patrimoine. Nous avons du mal d’ailleurs à trouver les financements pour passer du laboratoire au plus grand nombre d’utilisateurs chaque fois que nous trouvons quelque chose d’intéressant même lorsque nous remportons des prix lors du FRSIT.

S. : Malgré le prix que vous avez remporté ... ?

O.N. : Oui, malgré le premier prix du président du Faso. C’est une réalité car dit-on nous déprécions notre patrimoine. Si nous jetons l’eau du bain avec le bébé, pourquoi voulez-vous que quelqu’un vienne dire d’arrêter ? Nous savons que nous jetons tout. Ce qui intéresse les Occidentaux aujourd’hui quand ils viennent ici, c’est d’aller au village car là-bas se trouvent les bonnes choses. (grands rires !). Le Blanc va jusqu’au village pour prendre ce qui n’a pas été manipulé.

S. : En tant que chercheur et scientifique, que pouvez-vous faire pour valoriser le patrimoine ancestral ?

O.N. : C’est ce que nous faisons depuis 32 ans. Il y a 32 ans, des collègues et moi donnions des conférences à la radio ; Entre temps, je suis devenue administrative pendant 7 ans et ensuite j’ai été ministre. J’ai eu des activités qui ne m’ont plus permis de continuer ces entretiens de vulgarisation et de sensibilisation du grand public. Il y a dix ans, nous avons repris les conférences pour expliquer aux gens que nous avons intérêt à transcrire notre patrimoine avant qu’il ne disparaisse.

En Chine ou au Vietnam, ils ont réussi à codifier leur médecine traditionnelle de sorte que quand on est malade, on vous demande selon quelle médecine (traditionnelle ou moderne) vous désirez être soigné.

Car les deux sont valables. Nous devons arriver à cela au Burkina Faso de façon à ce que la médecine soit comme un self service où le patient a le choix de la méthode de soin. Il faut pour cela que la médecine traditionnelle soit suffisamment fiable pour rassurer les malades au point qu’ils fassent des choix judicieux.

Chaque culture a sa médecine, c’est-à-dire, que le Burkina Faso riche de sa soixantaine d’ethnies a autant de médecines traditionnelles et il serait bon de les transcrire, les interpréter, afin d’infirmer ou de confirmer leur bien-fondé. Voilà ce que je propose. Et cela est à notre portée.

S. : Certains pays comme Taïwan ont critiqué sévèrement l’évaluation faite par l’OMS sur la grippe aviaire, estimant que celle-ci est insuffisante et peu fiable. Quelle est votre commentaire ?

O. N. : Je n’ai pas suivi cet élément dans la presse. Mais, en tant que scientifique, disons qu’ils ont des preuves qui leur permettent d’affirmer cela. Dans les pays sahéliens, la grippe aviaire n’aura pas autant d’impact que dans les pays où les températures sont plus fraîches. Elle va décimer dans ces derniers parce que la grippe simple y tue énormément. Chez nous, c’est quand l’harmattan ramène les reliquats de virus que nous avons la grippe.

Au Burkina Faso, l’introduction de la grippe aviaire a dû être le fait de ceux qui ont importé des aliments pour volailles des pays touchés ou peut-être qu’on leur en a offert, ou alors, ce sont les importateurs de poulets congelés pour la consommation. On dit qu’on tue tous les poulets atteints de grippe aviaire, mais je ne suis pas sûre qu’on les incinère ou les jette. Sous prétexte que nous sommes pauvres et affamés, des individus peu scrupuleux sont capables de les envoyer dans nos pays.

Même parmi nous ici, existent des gens qui affirment ne pas croire à la réalité de la grippe aviaire, oubliant qu’on peut manger certes des poulets contaminés, à condition de leur faire subir au préalable un traitement ou les faire bouillir longtemps. Or, ils ne les traitent pas, se contentant de les congeler et de les envoyer ensuite en Afrique. Une fois sur place, le réveil du virus lors de la décongélation se produit. La rupture du froid rend le virus virulent . Donc, Taïwan a raison parce que l’OMS, à tort ou à raison, ne voit que ce qui va arriver au Nord avec le retour des oiseaux migrateurs. J’ignore quel aspect Taïwan a critiqué, mais j’estime qu’il doit avoir des raisons de le faire.

S. : Le Comité des droits de l’homme de l’ONU a rendu sa décision sur le dossier Thomas Sankara qui lui avait été soumis par la veuve Sankara et ses enfants. Quelle analyse faites-vous de cette décision ?

O. N. : C’est une question tellement actuelle et sensible dans notre pays que je vais répondre par ceci : je ne souhaite pas prendre position sur une question qui risque d’aller en justice. La famille a raison de vouloir savoir exactement dans quelle circonstance il est mort. Mais nous sommes en politique où souvent certaines vérités sont tues pour sauvegarder l’intérêt général. La justice burkinabè est déjà saisie par la question, donc il faut attendre qu’elle donne son verdict.

S. : Etes-vous d’accord avec ceux qui estiment que l’affaire Thomas Sankara doit être jugée devant la justice militaire ?

O. N. : Je ne suis pas sûre que ça se passe ainsi. J’ai cru comprendre que quand une infraction ou un crime est commis à l’intérieur d’un camp militaire, cette affaire doit être portée devant un tribunal militaire. A moins de décider que le Conseil de l’Entente où a eu lieu l’affaire représentait à l’époque un camp militaire. Je ne sais ni comment va se passer le procès, ni où il se tiendra.

S. : Croyez-vous que Yayi Boni, nouvellement élu à la tête du Bénin, en tant que technocrate pourra redresser l’économie béninoise ?

O. N. : Je m’inscris en faux contre le terme technocrate. Tout acte que nous posons ou que nous ne posons pas délibérément est politique. Yayi Boni est un homme politique et ce n’est pas parce qu’il n’affiche pas être candidat de tel parti, que vous allez l’affubler du titre de technocrate. Il a proposé un programme au peuple béninois comme les autres candidats. Si le peuple a choisi ce qu’il lui a proposé, c’est qu’il avait ce plus que les autres n’avaient pas. Il a touché les problèmes vécus par la majorité des Béninois, voilà pourquoi ils lui ont accordé leur confiance. Je fais confiance à Yayi Boni, s’il applique son programme, il n’y a pas de raisons que ça n’aille pas loin. Je ne sais pas s’il ira jusqu’au bout. En Afrique, on peut tout faire pour qu’il échoue, afin d’éviter qu’il reste longtemps au pouvoir.

S. : Pensez-vous qu’un jour, un candidat indépendant pourrait remporter une élection présidentielle au Burkina, si la loi l’autorise ?

O. N. : Rires ! Je ne suis pas dans les sérails politico-politiciennes. Si ça ne tenait qu’à moi, j’accepterai que n’importe qui soit candidat. Je ne suis pas sûr que tout le monde accepte que n’importe qui vienne au pouvoir.

S. : Croyez-vous que l’arrivée de Mme Johson Sirhleaf à la tête du Libéria ouvre la voie des palais présidentiels aux femmes en Afrique ?

O. N. : Non ! C’est un cas isolé. Pendant les guerres de libération, on oublie cette dichotomie homme-femme. Parfois, là où on attend le moins les femmes, c’est là où elles réussissent le mieux. On a vu que pendant la guerre d’Algérie, les femmes déposaient des bombes dans leurs paniers pour commettre des attentats.

Elles ont lutté aux côtés des hommes pour libérer leur pays du joug de la colonisation. Généralement après la guerre, les relations changent et les hommes acceptent plus facilement d’être dirigés par des femmes. Par contre, là où rien ne s’est jamais passé ainsi, elles continuent d’être marginalisées dans la gestion des affaires. Je retiens qu’au Burkina Faso, les femmes ont enregistré plus facilement des acquis que les Françaises qui ont lutté pendant longtemps pour avoir le droit de vote.

Mme Sirhleaf qui est une économiste de renom ayant travaillé dans les institutions internationales, a lutté aux côtés des hommes pour la libération de son pays lors de ce conflit qui a duré vingt ans. C’est donc normal qu’on pense qu’elle soit capable comme un homme de gérer convenablement le pays. On fait abstraction du genre dans ces conditions. En dehors de ces cas, il est difficile pour une femme de parvenir à la tête d’un Etat, elle risque d’être pendant longtemps encore un cas isolé que nous allons encourager et admirer.

S. : L’ancien président libérien Charles Taylor qui a été extradé, comparait devant un tribunal spécial, quelle appréciation faites-vous de son extradition ?

O. N. : On dit qu’il est un dictateur ; n’ayant pas eu à subir le joug de sa dictature, je m’interdis de l’appeler ainsi. Mais combien de dictateurs déchus de leur titre existent à travers le monde et combien en a-t-on extradé ?

Idi Amin Dada est mort tranquillement dans son lit en Arabie Saoudite. Menguistu Haïlé Mariam vit paisiblement au Zimbabwe. Et que sais-je encore ? Je me dis qu’il y a parfois deux poids, deux mesures dans l’application de la politique internationale. Combien d’Américains a-t-on extradé ? C’est parce que M. Charles Taylor est faible appartient à un petit pays et n’a pas de puissant derrière lui qu’il subit ce sort ; autrement, il ne bougerait pas d’un pouce. Je ne suis pas d’accord avec la manière cavalière, bizarre avec laquelle, son extradition s’est opérée. A-t-on intéressé ses protecteurs d’hier, je n’en sais rien.

S. : Cette extradition ne vous paraît-elle pas un signal fort que la communauté internationale envoie aux éventuels prétendants à la dictature en Afrique ?

O. N. : Rien. Ce ne sont pas les dictateurs qui manquent sur cette planète. Oh, ne vous faites pas d’illusions. Il n’est pas probablement le premier ni le dernier autocrate.

S. : Mais avant cela, on a vu l’affaire Hisène Habré qui a démontré une certaine incapacité de l’Afrique à gérer le sort des anciens présidents.

O. N. : Non, c’est une question de sur qui vous vous adossez. Selon que vous serez riche ou pauvre les jugements de cour vous rendront Blanc ou Noir, pour paraphraser cette fable de la Fontaine.

S. : La crise ivoirienne a enregistré des progrès vers un règlement pacifique avec le nouveau Premier ministre Charles Konan Banny. Cette donne peut-elle présager d’une sortie définitive de crise dans ce pays ?

O. N. : Je me félicite de cette accalmie car si vous allez à Abidjan, vous vous apercevrez que la ville est comme en état de siège. A chaque rue, vous verrez des chars, des militaires armés stationnés dans les recoins de la ville. A partir de 19 heures, on fouille systématiquement toutes les voitures. Accalmie d’accord parce que l’on n’annonce plus que tant de personnes sont mortes ou ont été tuées. Mais attention ! Quand j’y étais récemment, ils ont procédé à la réouverture de l’université de Bouaké. Vous saviez que beaucoup d’institutions avaient été déportées de cette ville à Abidjan qui a grandi deux fois subitement.

L’atmosphère n’est pas détendue, c’est difficile. J’ai peur que la moindre étincelle ne rallume les flammes et cette fois-ci les dégâts seront plus énormes. Ce que je ne souhaite pas d’ailleurs. Je sais que d’une manière technique M. Banny a tous les atouts pour réussir. Seulement voilà, il n’est pas le seul acteur et doit composer avec d’autres. Il est l’homme de la 25e heure dans cette crise. Les vrais acteurs se regardent en chiens de faïence et lui est au milieu. Il a un an, souhaitons lui de réussir, mais la tâche sera rude etne sera pas de tout repos.

S : Qu’en est-il de la crise tchadienne ?

O. N : « Qui tue par l’épée, périra par l’épée ». Le Tchad est une région du monde qui a toujours été perturbée. Ngorta Tombalbaye 1er président a été atrocement assassiné mutilé, depuis lors, il y a toujours eu des troubles dans ce pays jusqu’à Idriss Déby. Ce sont souvent des révolutions de palais qui se terminent tragiquement. J’ai l’impression que c’est un éternel recommencement. Tant que les acteurs ne s’assiéront pas sur une même table pour parler le même langage, la paix sera un vain mot au Tchad. Idriss Déby était avec Hisène Habré et ceux qui le combattent aujourd’hui, qui veulent le pouvoir aujourd’hui, étaient ses partisans. Ils devraient se réunir, anciens comme nouveaux pour trouver un modus vivendi, d’autant plus que ce n’est pas une guerre idéologique.

S : Qu’est-ce qui explique la persistance des conflits en Afrique ?

O. N. : La pauvreté, l’intolérance, que sais-je encore ?

S. : La France a aussi sa crise avec le CPE (contrat première embauche), quelle commentaire vous suggère l’attitude du président français et du Premier ministre ?

O. N. : Je ferai un commentaire qui à coup sûr, ne vous plaira pas. Le chômage n’existe pas qu’en France, nous en avons partout. Tous les pays du monde sont confrontés à ce phénomène et essaient de le résoudre en échafaudant des plans. Ceux qui sont au pouvoir en France proposent quelque chose non pas à tous les chômeurs, mais aux jeunes qui viennent de finir leurs études pour leur garantir un premier emploi.

Celui qui arrivera à endiguer le chômage, va perdurer au pouvoir : voilà, l’enjeu fondamental qui préside à l’opposition contre le CPE en France. Je crois que ce n’est pas parce que le CPE est mauvais en soi mais plutôt c’est le fait qu’il soit proposé par un Premier ministre qui prétend être le successeur du président français sans sortir du sérail politique traditionnel. Aussi bien M. Sarkozy, le n°1 de l’UMP que toute l’opposition, personne n’entend que M. Dominique de Villepin réussisse à juguler le chômage surtout des jeunes.

S. : On a quand même vu une grande mobilisation des premiers bénéficiaires que sont les jeunes contre le CPE auxquels les partenaires sociaux se sont joints ?

O. N. : Laissez-moi finir (Rires elle a coupé la parole). Vous mettez de l’eau à mon moulin. Généralement les jeunes sont par principe des contestataires, estimant que les anciens n’en font pas assez ou ne comprennent pas toujours ce qu’il faut aux jeunes. Même si c’est pour leur bien, ils auront eu le temps de réagir négativement parce qu’ils veulent tout, ici et maintenant.

Les plus grands théoriciens politiques sont issus des gauchisants ; il est plus facile de critiquer que d’agir. Vous n’avez pas plus grand dictateur qu’un gauchisant qui vient au pouvoir. Parce qu’il connaît toutes les astuces et donc vous fermera toutes les portes, même les petits trous pour empêcher tout mouvement de contestation puisqu’il s’en servait. (grands rires). C’est le spectateur qui parle et n’entend pas se laisser compter.

Je suis persuadée que tous ceux qui se disent politiciens n’ont pas intérêt à ce que De Villepin qu’on dit ne pas provenir du sérail politique habituel, parvienne à la place de M. Chirac. A moins d’une année de l’élection présidentielle, on ne peut pas se permettre de donner à M. De Villepin la possibilité d’être présidentiable en ayant les jeunes à sa cause. En tout cas ce n’est pas M. Sarkozy qui les a pourchassés dans la rue, qui avait mis sa police à ratisser, en disant qu’il va nettoyer les banlieues, qui dira le contraire. Il faut expliquer et comprendre l’opposition contre le CPE au second degré en politique qui fait qu’on ne parle pas au hasard. C’est-à-dire voir M. De Villepin arriver aux premières loges en 2007 pour se mettre sur la même ligne qu’un Sarkozy, ou une Ségolène Royale ou encore un Jack Lang.

S. : Quand vous dites que la gauche est démagogue, pensez-vous à Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire ?

O. N. : C’est vous qui me dites qu’il est de gauche. (Grands rires). C’est lui qui se réclame de gauche, est-ce que moi je le mets là-bas ?

S. : En tant que président de l’université qui forme les jeunes diplômés parfois sans débouchés, quel est votre remède, une sorte de CPE pour juguler le chômage des jeunes au Burkina Faso ?

O. N. : Je ne suis pas président du Faso, ni Premier ministre pour proposer un CPE au Burkina Faso. Autre lieu, autre temps, autres mœurs. Chaque pays a ses réalités. Cela m’étonnerait qu’ici on puisse édicter un CPE.

S. : A la place du CPE, que proposez-vous ?

O.N. : Je n’ai aucune idée. Je ne vois pas ce que je peux vous proposer. Je n’y ai pas encore pensé. Dites-vous que ma feuille de route est de fabriquer des diplômés les plus utiles possibles. De plus en plus, nous sommes en train de les professionnaliser. Le chômage des jeunes est un problème sur lequel, je ne me suis pas beaucoup appesanti, et je souhaiterais ne pas tellement m’y appesantir. Ce sont des problèmes dont on a confié la résolution à des personnes plus qualifiées que moi, particulièrement dans ce gouvernement actuel qui a prévu un ministère « Jeunesse et Emploi ». Cela veut dire qu’il a une feuille de route, et le nouveau ministre aura le temps de nous dire ce qu’il entend faire pour juguler le chômage des jeunes.

D’ailleurs, le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi qui est un collègue que je connais bien a promis qu’il allait travailler avec l’usine de fabrication des diplômés qu’est l’université. Mais nous n’avons pas encore mis en commun nos petites cogitations, nos idées. Pour le moment, je ne souhaiterai pas le désorienter en parlant toute seule de ces aspects.

S. : Votre bref passage au gouvernement en 1983 sous la bannière du CSP2 vous a tout de même donné une expérience politique. Que retenez-vous de cette période ?

O. N. : Tout est politique comme je vous l’ai dit. En choisissant sciemment d’aller au gouvernement du CSP2, c’est un choix que j’ai assumé et que j’assume toujours. Je croyais vraiment que, je pouvais apporter ma contribution en tant qu’intellectuelle à la construction de ce pays ; parce que ce pays sera ce que nous en ferons. Il n’y a pas des gens pour travailler, faire avancer le pays et d’autres qui vont être là, en spectateurs en train de critiquer. C’est facile de critiquer, mais il faut apporter sa contribution. Je me suis dit que si on m’a proposé de faire partie de ce gouvernement, c’est que quelque part, on pensait que j’avais ma contribution à apporter, que je pouvais participer au développement de ce pays.

Peut-être que c’était naïf de ma part, mais j’y croyais. Malheureusement, ça s’est terminé autrement ; c’est normal, ça fait partie du jeu et de l’enjeu. Aujourd’hui, c’est untel, demain c’est un autre. Quel que soit l’endroit où je suis, j’ai toujours pensé que je posais des actes politiques. Ce n’est pas parce que je ne m’appellerais pas le « ministre untel » que je ne fais pas de la politique. On fait de la politique pour tous les actes que nous posons. Je pense que c’est cela qui me vaut aujourd’hui d’être devant vous, et tout ceci est politique.

Encore une fois, aujourd’hui en acceptant d’être président de l’université de Ouagadougou, je pose encore un acte politique.

S. : Le CSP était l’antichambre de la révolution, est-ce à dire que Mme Nacoulma était révolutionnaire ?

O. N. : Je vous laisse l’entière responsabilité des mots que vous utilisez. « L’antichambre, la chambre révolutionnaire, réactionnaire », je ne sais pas. Tout est relatif. Vous dites aujourd’hui que peut-être j’étais révolutionnaire, mais en son temps, j’étais classée parmi les réactionnaires.

S. : Comment avez-vous vécu cette situation, d’être taxée de réactionnaire ?

O. N. : Je me disais en moi-même que ceux qui me taxaient de révolutionnaire n’ont rien prouvé pour se dire révolutionnaires. Il est facile de s’asseoir quelque part et de décider qu’untel est révolutionnaire ou réactionnaire. Personnellement je suis prête à être interpellée partout où on voudra. Si on me demande ce que j’ai fait de mon diplôme de biochimiste, pour le Burkina, je suis prête à répondre. J’interdis que quelqu’un qui n’a rien prouvé de plus que moi vienne dire un jour que je suis réactionnaire. C’était des termes qu’on utilisait en ce temps pour ceux qui étaient faibles pour pouvoir mieux les démanteler et saper ainsi leur moral.

Ceux-là qui s’arrogeaient et qui disaient « nous sommes le peuple », de quel peuple s’agit-il ? Une révolution qu’on fait avec une poignée de personnes, pour moi, n’est pas une révolution. Une révolution par définition, concerne tout un peuple. Et quand on vient juste avec ses préoccupations, pour qu’ils deviennent les préoccupations de tout un peuple, vous pouvez voir où ça peut nous mener.

S. : Mais la révolution bolchevique s’est passée avec une poignée de personnes.

O. N. : C’est vous qui parlez de révolution. Au moment où elle s’est passée, où cette poignée de personnes existait, on ne parlait pas de révolution. Si vous lisez bien Lénine, vous verrez que ce n’est pas au moment où ils ont commencé qu’on parlait de révolution, c’est au soir de sa vie. Il a eu le temps de travailler à la base et d’amener beaucoup de personnes à adhérer à sa vision des choses.

Je suis désolée, mais j’ai été une étudiante militante, qui a fait beaucoup de syndicalisme estudiantin. Toutes ces choses là, nous les avons apprises ; mais nous ne les appliquons pas sur le terrain, parce que ça ne représente rien du tout. Il faut appliquer selon nos réalités et non pas transporter, des idéologies, des notions qui ne sont pas les nôtres sinon on risque de déraper. Mais ici, à un moment donné, les pauvres fonctionnaire.

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 8 mai 2006 à 19:14 En réponse à : > Mme Odile Nacoulma, président de l’Université de Ouagadougou

    Avec plus de 2 heures d’échanges, je m’attendais à m’enrichir en culture générale à la lecture du texte de Sidwaya.
    La diversité des intéressantes questions auxquelles Mme Nacoulma a répondu tantôt judicieusement, tantôt de manière ennuyeuse voire « fausse » suscite en moi des interrogations. Je me permets donc de réagir par rapport à quelques points de son intervention. (Non, non et non ; ce n’est pas une invitation à la pagaille et/ou au manque de respect.)

    - En parlant des présidents de la Russie et des Etats-Unis d’Amérique, elle dit « Poutine,... » et « Bush,... » En parlant du président actuel du Burkina, elle dit : candidat « Blaise Compaoré » et s’excuse immédiatement après. Que signifient ces excuses Madame la présidente de l’UO ? En dépit du respect que je vous dois, je suis tenté de dire qu’il y a là une attitude de « sous-développée » en plusieurs genres.
    [Mais que dire par ailleurs, lorsque parlant de Blaise Compaoré, Jean-Baptiste Ouédraogo, Saye Zerbo, Sangoulé Lamizana,... la presse locale chant(ai)ent stupidement Son Excellence... ; Son Excellence Monsieur... ; Honorable... ; Votre Honneur... ; ... » Autant de titres emphatiques qui, tout en sclérosant le Groupe, témoignent de l’infantilisme civique de la majorité des Africains.]

    En avril 2006, Marie Drucker de la télévision française France3 disait Bonsoir Monsieur en s’adressant au chef d’état Sassou N’guesso du Congo. Ce dernier était si surpris et choqué qu’on lui dise Monsieur sans ajouter les titres ronflants du genre Excellence, Honorable,... » qu’il a faillit quitter le plateau de télévision. (A en juger par sa réaction et son regard devenu subitement sévère.) Enfin,... revenons à nos moutons...

    - En parlant du CPE, je dirai simplement que ses objectifs réels vous échappent totalement. Ce CPE est fondamentalement Mauvais. Vous parlez d’une chose que vous croyez connaître, même étant loin. Pensez-vous vraiment que 81% des français ne savent pas ce qu’ils veulent en rejetant ce CPE ?
    Ou que, c’est l’expression oripeau Egalité des Chances qui y est mentionnée qui vous trompe ?

    - Pêle-mêle, vous dites que Sarkozy ne pourchassait pas, ne ratissait pas, ne parlait pas de nettoyer les banlieues,... (Bien entendu vous faites indirectement et vicieusement allusion au soulèvement des banlieues françaises en automne 2005.) Sans détour, je dis que vous mentez.
    Si tout était vraiment manichéen comme vous voulez nous le faire croire, la France et surtout les Pays Francophones du Monde se porteraient mieux. Ne réduisez pas la misère sociale française provoquée essentiellement par la Droite, à la simple équation politique Gauche - Droite.)

    - Je vous informe d’une chose : Lorsque Sarkozy a été nommé ministre de l’Intérieur pour la première fois, il a viré le commandant de la Police de Proximité (de Gauche) et annoncé les couleurs en disant : la police avec moi, c’est l’investigation et la répression.... Pour devenir policier en France, il n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme. (Vous le saviez peut-être mieux que moi.) D’autre part, des policiers racistes et xénophobes en France, c’est comme la viande de porc dans les supermarchés ; il y en a à la pelle. Vous avez la rigueur scientifique utile, et vous n’êtes pas à mesure d’établir des relations aussi simples pour tirer des conclusions justes ?
    A cause de la compromission devenue comme génétique de nos dirigeants face à la sycophante flagornerie réccurente des occidentaux, à cause des stupides contorsions sémantiques de type langue de bois et l’irresponsabilité permanente de nos politiques,... nos frères et soeurs se font encore assassiner gratuitement en Russie, en Allemagne,... par des néo-nazis.
    Monsieur Sarkozy, ce multi et pseudo super-ministre, aux bilans calamiteux et épouvantables, est un raciste de la pire espère. Mais, contrairement à Le Pen Jean-Marie, Maigret Bruno, De Villiers Philippe,... il est tellement lâche qu’il n’ose même pas se l’avouer à lui-même.

    - A propos de la « Discrimination Positive » votre position est simplement indigne d’une Noire. (Etes-vous une africaine béni-oui-oui ou une africaine engagée ?)
    Je vous mets au défi de me trouver un seul blanc en France qui vous dise franchement « Oui » à la Discrimination Positive. Pourquoi alors la Discrimination Négative qui a actuellement cours ?) Là aussi, on voit clairement que vous êtes limitée.

    - Lorsque vous reconnaissez par exemple votre incapacité à établir les Liaisons Fondamentales entre Formations Universitaires et Monde Professionnel, vecteurs principaux du processus de Développement de nos Pays, n’est-ce pas un sérieux problème ?

    - Mes inquiétudes sont nombreuses, mais je m’arrête là pour céder la parole aux autres.

    Momo

    • Le 9 mai 2006 à 08:56 En réponse à : > Interview de Mme Odile Nacoulma : un beau gâchis !

      Bonjour,

      J’ai été comme Momo déçu par cette interview de Mme Nacoulma même si ce n’est pas pour des raisons identiques. La rédaction de Sidwaya s’est évertué à ne lui poser que des questions de politique tantôt nationale tantôt étrangère somme toute soporifiques.
      De part sa qualité de présidente de l’UO, il me semblait important de lui poser des questions sur la structure qu’elle dirige, les différentes reformes et projets à court terme qu’elle entend y mener. Il n’aurait non plus pas été superflu de lui demander son avis et surtout ses intentions sur des problèmes récurrents comme celui des maîtrises de sociologie qui est de notoriété publique.
      Bref, je suis resté sur ma fin et espère lire un jour ou l’autre des éléments sur les sujets évoqués plus haut.

      Voici ma contribution...
      Cordialement

      Jean-Florentin Babatundé

      • Le 10 mai 2006 à 15:41 En réponse à : > Interview de Mme Odile Nacoulma : un beau gâchis !

        Les deux internautes ont tout dit sur cette intervention.
        Cependant, même si j’accepte vos critiques qui sont positives, je dois vous dire qu’il n’est pas donné à tout le monde d’assurer une interview avec brio. Je vous demande donc de bien vouloir excuser Mme La Présidente avec les mots qui ont été les siennes.
        Ange

        • Le 11 mai 2006 à 13:48, par Mc macos En réponse à : > Interview de Mme Odile Nacoulma : un beau gâchis !

          Oui Ange mais .... et ben ya certaines erreurs qui sont trop "gros" quoi. Sinon qu’on comprend mais un président de l’UO, la sagesse était de décliner l’offre de Sidwaya. Oop pas de pétard quoi çava ! çava !

          Mc Macos

          • Le 12 mai 2006 à 19:49 En réponse à : > Interview de Mme Odile Nacoulma : un beau gâchis !

            Quelques observations : 1) J’ai des doutes sur les competences du charge de communication de l’UO qui a envoye sa patronne dans cette pagaille. 2) Meme un tour de l’actualite se realise sur des points precis, mais ici on sautait du coq a l’ane. 3) Sidwaya semble satisfait de l’interview : je me demande concretement ce qu’il y a de concret dans ce verbiage. 4) En Afrique en general, on ne dit jamais au chef qu’il a rate sa sortie, c’est toujours le "c’etait bon." C’est ainsi que Madame Nacoulma ne saura jamais dans son entourage qu’elle ne doit plus se preter a ce genre d’exercice.

  • Le 12 mai 2006 à 19:46 En réponse à : > Mme Odile Nacoulma, président de l’Université de Ouagadougou

    Je réagis assez tardivement à cet article. Avant de lire l’interview, j’ai commencé par lire les commentaires des lecteurs qui m’ont précédé. Contrairement à certains de ces lecteurs, je trouve que c’est un bon article, il y a beaucoup de franchise dans ce que dit Mme la présidente de l’Université de Ouagadougou que je ne connaissais pas avant. Bien que je ne partage pas certains de ses points de vue, je trouve que c’est une femme courageuse, qui dit haut ce qu’elle pense. Elle a une vision large des problèmes (politiques, sociaux, etc.). Ce n’est pas une carriériste (ce qui est surprenant pour une scientifique de formation comme elle). Elle ne se contente pas seulement de sa biochimie, elle s’interesse aussi à d’autres aspects de la vie. Je ne comprends vraiment pas les attaques lancées par certains lecteurs contre elle.

    - En lisant le commentaire de Momo, j’ai l’impression que nous n’avons pas lu le même article ou que nous ne parlons pas le même français. Il fait un faux procès à la dame. Exemple :

    1) L’excuse qu’elle a avancée après avoir nommé le « candidat Blaise COMPAORE » ne signifie pas qu’elle regrette de n’avoir pas prononcé le mot « Excellence », ou « honorable ». C’est une expression qu’on utilise pour bien marquer une idée qu’on s’apprête à avancer. Que viennent chercher ici Sassou N’guesso et Marie DRUCKER.

    2) S’agissant du CPE, certes elle a fait une mauvaise appréciation du projet parce qu’elle a placé le problème uniquement sur le terrain politique. Elle a vu le problème seulement du côté du gouvernant et non du côté des jeunes. Mais ce n’est pas faux ce qu’elle a dit. Il y a beaucoup d’enjeux politiques derrière cette affaire du CPE, avec la campagne présidentielle en vue avec ses diverses rivalités.

    3) S’agissant de Nicolas SARKOZY, nulle part, l’interviewée n’a affirmé que « Sarkozy ne pourchassait pas, ne ratissait pas, ne parlait pas de nettoyer les banlieues » comme le prétend Momo. Voici ce qu’elle a dit : « En tout cas ce n’est pas M. Sarkozy qui les a pourchassés dans la rue, qui avait mis sa police à ratisser, en disant qu’il va nettoyer les banlieues, qui dira le contraire ». En lisant les propos de Momo, c’est comme si Mme la présidente de l’UO prenait la défense de M. SARKOZY. Moi j’ai compris plûtot qu’elle a tenté de justifier la position du 1er Ministre français, Dominique De Villepin.

    4) S’agissant de la « discrimination positive », je ne comprends vraiment pas Momo dans ses propos. Le journaliste nous rapporte qu’elle affirme ne pas être d’accord avec les tenants du discours sur « la discrimination positive ». Je signale au passage à Momo que Nicolas SARKOZY est un grand défenseur de cette thèse en France. Que reproche donc Momo à Mme la Présidente ? D’être contre ? Personnellement je suis contre la « discrimination positive » tout comme de nombreux africains, antillais défenseurs de la cause noire.

    5) Parlant des liens entre Formations Universitaires et Monde Professionnel, elle n’a pas dit qu’elle n’est pas capable. Voici sa réponse : Le chômage des jeunes est un problème sur lequel, je ne me suis pas beaucoup appesanti, et je souhaiterais ne pas tellement m’y appesantir. Ce sont des problèmes dont on a confié la résolution à des personnes plus qualifiées que moi, particulièrement dans ce gouvernement actuel qui a prévu un ministère « Jeunesse et Emploi ». Cela veut dire qu’il a une feuille de route, et le nouveau ministre aura le temps de nous dire ce qu’il entend faire pour juguler le chômage des jeunes.
    D’ailleurs, le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi qui est un collègue que je connais bien a promis qu’il allait travailler avec l’usine de fabrication des diplômés qu’est l’université. Mais nous n’avons pas encore mis en commun nos petites cogitations, nos idées. Pour le moment, je ne souhaiterai pas le désorienter en parlant toute seule de ces aspects.

    En d’autres termes, à chacun sa mission.

    En résumé, je ne comprends pas vraiment ce que Momo et les autres reprochent à Mme la Présidente de l’UO.

    Pascal TRAORE

    • Le 12 mai 2006 à 23:39 En réponse à : > Mme Odile Nacoulma, président de l’Université de Ouagadougou

      En fait quand on lit l’interview one ne sait pas pourquoi elle a accepte d’etre presidente de l’UO. On dirait qu’elle a accepte le poste avamt de reflechir a sa mission. C’est toujours ca en Afrique : on occupe un poste surtout pour le prestige et jamais pour relever des defis.

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