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Jeanine Jackson, ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique : "Nous soutenons toute structure démocratique en Afrique"

Publié le mercredi 26 avril 2006 à 08h18min

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Jeanine Jackson

Pour sa première sortie dans un organe de presse écrite, depuis son arrivée il y a un mois, Son Excellence Jeanine Jackson dit avoir choisi de visiter les Editions "Le Pays" parce qu’impressionnée par le travail abattu par celui-ci au quotidien.

Elle était accompagnée de ses collaborateurs, dont Todd Haskell, directeur du Centre culturel américain. Nous l’avons accueillie dans la matinée du lundi 24 avril 2006. A la fin de sa visite, elle s’est prêtée aux questions de la Rédaction. C’est sans détours qu’elle aborde, ici, des sujets d’actualité. En voilà pour l’essentiel, la substance de ses réponses.

"Le Pays" : Quel est le sens de votre visite aux Editions "Le Pays" ?

Il y a un mois que je suis au Burkina. Je m’impatientais de vous rendre visite. Je suis très impressionnée par la qualité de vos articles. Ainsi, votre organe a été choisi pour notre première sortie. Je sais que vous accordez un grand intérêt aux actions des Etats- Unis à travers le monde. J’ai pu lire des éditoriaux que vous avez rédigés. Je suis vraiment très contente de vous rencontrer. "Le Pays" fait des articles très critiques et équilibrés.

Quel est l’état des relations entre les Etats-Unis et le Burkina Faso ?

Nous entretenons de très bonnes relations, centrées notamment sur trois objectifs qui sont le soutien au processus démocratique, le développement économique et la stabilité dans la sous-région. Ces dernières années, nos relations ont connu une amélioration considérable. Je souhaite que durant mon séjour au Burkina Faso, elles se renforcent.

Il est de plus en plus question de programme de coopération militaire avec le Burkina. Quel est son contenu ?

Il y a de cela une année, nous avons entamé un programme qui concerne la formation des officiers, personnels militaires burkinabè aux Etats- Unis. Les axes de cette formation sont la santé, la logistique, etc. Des écoles spécialisées existent pour des formations multiples en matière militaire. J’entends apporter ma contribution dans ce sens.

Justement, parlant de questions militaires, les Etats-Unis auraient envoyé des éléments dans le nord du Burkina en vue d’assurer des missions précises. Confirmez-vous cela ?

J’ai lu des articles sur ce sujet, faisant notamment état de militaires déployés au nord du Burkina par les Etats-Unis. Nous n’avons pas de base militaire au Burkina. Je ne crois pas que cela soit même un projet à notre niveau. Il y a deux programmes aux Etats-Unis qui s’occupent de la formation de militaires dans certains pays. Il y a celui qui est essentiellement centré sur la lutte contre le terrorisme et qui a commencé au Mali, au Tchad, au Sénégal et au Nigeria.

L’autre programme concerne le maintien de la paix. Avec le Burkina Faso, nous sommes seulement au stade des discussions pour le second programme.

Quelles innovations comptez-vous apporter aux différents programmes de développement au Burkina Faso ?

Nous avons une nouvelle méthode de coopération pour le développement, portant notamment sur la bonne gouvernance, le développement économique. Le Burkina Faso, pour sa part, est jugé éligible pour des appuis financiers dans ses actions pour le développement. Nous apporterons, pour ce faire, notre soutien à l’économie du Burkina et à son gouvernement pour améliorer les conditions de vie des populations.

Quelles opportunités l’initiative AGOA peut-elle offrir à l’Afrique en général et au Burkina en particulier ?

L’AGOA offre des opportunités à certains Etats africains pour faire du commerce, sans payer des taxes spécifiques. Il y a plus de six mille quatre cents produits qui sont exportés aux Etats-Unis sans paiement de droits. A Ouagadougou et à Bobo Dioulasso, deux centres de recherche sur l’AGOA ont été établis par les Etats-Unis, pour tous besoins d’information. Le karité, les produits de l’art, par exemple, sont concernés par ces avantages de l’AGOA. J’ai été informée que des Burkinabè se rendront aux Etats-Unis pour mieux s’imprégner des avantages dont ils peuvent bénéficier de notre part. A Washington, j’ai rencontré une association de Burkinabè y vivant. Cela est une bonne chose.

Vous appuyez le développement des médias en Afrique. Comment avez-vous accueilli la création de la Société pour le développement des médias en Afrique (SODEMA) ?

Nous soutenons le développement de toute structure démocratique en Afrique. Dans chaque pays, toute organisation qui travaille pour le renforcement de la démocratie, peut bénéficier de notre appui. La création de la SODEMA est à saluer. Je ne saurais vous situer exactement sur nos actions futures, mais sachez que nous appuyons fortement le développement des médias. Je suis très impressionnée par la liberté de la presse au Burkina Faso, même s’il existe des problèmes à résoudre.

L’obtention d’un visa pour les Etats-Unis reste assez difficile. Envisagez-vous un assouplissement de vos conditions ?

Du fait du problème de sécurité consécutif aux attentats du 11 septembre 2001, nous devons être plus vigilants. J’espère que nous saurons donner des réponses appropriées aux différentes demandes de visa à notre niveau, dans les mois à venir. Nous avons une équipe à l’ambassade, chargée de l’accueil de tous les Burkinabè désireux de se rendre aux Etats-Unis. C’est vous dire combien nous sommes attentifs au problème d’obtention de visas.

Le terrorisme est l’arme du désespoir, dit-on. En coupant les vivres au Hamas, en Palestine, ne craignez-vous pas le pire ?

Les Etats-Unis pensent que la solution au conflit israélo-palestinien est la création de deux Etats voisins vivant en bonne entente, côte à côte, et surtout libérés du terrorisme. Le secrétaire d’Etat américain, Condoleeza Rice, a promis que l’aide à la Palestine serait doublée si les actions de violence prenaient fin. Nous soutenons la Palestine, non ceux qui pratiquent la violence et le terrorisme. Mais nous sommes disponibles pour le volet humanitaire. L’actuel gouvernement palestinien devra renoncer à la violence.

Avec l’Iran, ne serait-il pas sage de choisir la voie du dialogue plutôt que d’user de la force ? Pourquoi des Etats peuvent-ils disposer de l’arme nucléaire et pas d’autres ?

Dans les relations de coopération à travers le monde, l’Iran s’est engagé à ne pas fabriquer d’armes nucléaires. Le monde est inquiet devant cette situation qui prévaut en Iran. Nous nous sommes adressé au Conseil de sécurité de l’ONU. Des pays comme la Russie, l’Egypte ont voté contre l’Iran, qui devait tirer leçon de cela. Le président George Bush et tous les autres acteurs pensent à une solution diplomatique. Nous sommes contre une dictature en Iran. J’ai travaillé, par deux fois, en Irak et des progrès sont enregistrés dans ce pays débarrassé de la dictature et qui connaît une stabilité depuis trois années.

Quelle appréciation faites-vous du déroulement des municipales 2006 au Burkina Faso ?

Le dimanche 23 avril 2006, j’étais à Kaya pour suivre le déroulement du vote. J’ai pu visiter d’autres bureaux de vote sur le trajet conduisant à Kaya. J’ai beaucoup apprécié le déroulement du processus. A Koudougou et Ouahigouya, nous avons également apprécié l’accueil qui nous a été réservé et je pense que les Burkinabè ont effectué un pas important dans l’avancée de la démocratie.


Dans le livre d’or

Je suis impressionnée par le travail qu’effectue au quotidien l’équipe des Editions "Le Pays". Merci beaucoup de m’avoir permis de visiter votre organe de presse et d’échanger avec votre Rédaction. Merci de m’avoir donné l’opportunité de faire ma première interview dans la presse écrite au Burkina.

Jeanine Jackson,
ambassadeur des Etats- Unis

24 avril 2006

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