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Roger ZAMI, le commissaire de Tampy, Le “Plubo” du Faso à cœur ouvert

Publié le mardi 25 avril 2006 à 08h07min

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Roger ZAMI

Joyeux luron, il est. Touche à tout, il est aussi. Roger ZAMI de son vrai nom, Roger GUEBRE est un « Monsieur people ». On ne sait pas grand chose de lui mais on pense tout connaître de l’homme tant il aime croquer la vie à belles dents.

De la comptabilité au journalisme, Roger ZAMI dit le « Plus beau du Faso » est aujourd’hui le commissaire du téléfilm « Commissariat de Tampy ». Nous l’avons rencontré et comme à son habitude Roger ZAMI a laissé parler son cœur afin de mieux se faire connaître.

Des fois, on vous appelle le « Plus beau du Faso », d’autrefois Roger ZAMI et puis Monsieur le commissaire de Tampy ; peut-on savoir qui vous êtes en fait ?

Roger ZAMI : Franchement, c’est une question que je me pose moi-même depuis que j’exerce dans le monde de la presse et du cinéma. Mais pour me résumer, je suis un bout en train. J’aime vivre positivement. A vrai dire je suis un touche-à-tout ; je reconnais n’avoir jamais été très excellent mais je n’ai jamais été mauvais dans ce que je fais.

On dit 12 métiers, 11 malheurs, que répond le touche-à-tout que vous êtes ?

Je préfère dire 12 métiers, 12 bonheurs. Je suis issu de l’enseignement technique et, après mes études, je me suis retrouvé à la croisée des chemins ; c’est-à-dire choisir entre être chef comptable adjoint de Blohorn à Abidjan en Côte d’Ivoire et être journaliste. La passion du journalisme l’a remporté. Je me suis jeté dedans en 1971, animé seulement de ma bonne volonté car je n’ai pas fait d’études de journalisme.

Racontez-nous vos premiers pas de journalisme de bonne volonté ?

C’est au cours d’un match de football opposant l’ASEC à l’Africa sport d’Abidjan. J’ai acheté un cassetophone et je me suis rendu au stade, comme un vrai journaliste. J’ai retransmis le match en n’oubliant pas d’appuyer le bouton « Record » pour m’enregistrer. A la fin du match, j’ai écouté mon travail et je l’ai fait écouter par des amis, des frères, qui l’ont trouvé excellent.

Alors ma fierté était bien fouettée et ma conviction était faite, il faut que je devienne un journaliste. Ainsi, muni de l’enregistrement, je me suis rendu au ministère de l’Information de Côte d’Ivoire. Un conseiller technique m’a reçu et n’a pas manqué d’apprécier positivement mon travail et on m’a dirigé vers Laurent Dona FOLOGO qui m’a orienté vers Fraternité-matin alors que mon souhait était la radio. Qu’à cela ne tienne, j’ai accepté la presse-écrite.

Quatre ans après, j’étais admis au concours du CESTI de Dakar. Je suis revenu au bercail pour faire valoir mes droits et bénéficier d’une bourse. On m’a fait savoir que mon pays n’était pas au courant de ma candidature, donc pas de bourse pour moi. Je suis reparti tout fâché et découragé en Côte d’Ivoire pour retrouver Fraternité-matin.

L’autre corde à notre arc est le cinéma, dites-nous comment vous y êtes entré ?

Je pense que chaque homme a une lettre de mission ici-bas. Ma lettre de mission consiste à ne pas mettre de virgule dans ma vie. Je m’adapte à tout et à tous les milieux. Mes meilleurs copains à Ouaga ou bien ailleurs se sont ceux qu’on appelle les « petits vagabonds de rue ». Ainsi, le cinéma est venu en moi au moment où je ne m’y attendais pas. Un beau jour j’ai été contacté par Gaston KABORE qui voulait faire un film sur l’administration publique intitulé « Roger le fonctionnaire ».

C’est un cameraman de la TNB qui lui a suggéré de me prendre comme acteur, donc mon premier film fut “Roger le fonctionnaire”.

Et de fil en aiguille on me faisait appel pour des spots par-ci, par-là. C’est tout cela qui a été mon école de cinéma à laquelle il faut ajouter mon caractère d’homme ouvert qui ose. Cela m’a permis de rencontrer des réalisateurs comme Kolo SANOU, ROUAMBA Pierre, Guy Désiré YAMEOGO. “The Last hit not the least”, j’ai rencontré Missa HEBIE.

D’où vient votre surnom Roger ZAMI puisqu’à l’Etat civil vous êtes Roger GUEBRE ?

C’est une fabuleuse histoire. Quand j’aspirais à des responsabilités de chef comptable adjoint de Blohorn Côte d’Ivoire, il y avait en France un boxeur catégorie welter du nom de Roger ZAMI, c’était un Martiniquais.
A cette époque, la boxe en France était au top niveau, et Roger ZAMI échouait toujours en finale. Il a persisté et à la 4e tentative, il fut champion de France. Il a postulé pour le championnat d’Europe qu’il a gagné après deux essais infructueux. Cela m’a inspiré et forgé ma volonté à être journaliste.

J’ai admiré en Roger ZAMI le vrai, cette volonté farouche de ne jamais se décourager, de toujours foncer pour obtenir ce qu’on recherche. Ainsi, mon premier article, dans Fraternité-matin, était un avant-papier sur le match ASEC-Hafia de Conakry en éliminatoire de la coupe d’Afrique des clubs champions. J’ai intitulé mon article « ASEC voici ton adversaire » et signé Roger ZAMI. Le jour de la parution, j’ai reçu au moins 32 coups de fil et à l’époque il n’y avait pas de portable et le téléphone fixe n’était pas à la portée de tout le monde.

J’ai pris le surnom Roger ZAMI en souvenir du courage, de la ténacité et de la pugnacité du boxeur Roger ZAMI. Je ne serais pas journaliste aujourd’hui si je n’avais pas la volonté et la détermination inébranlable à tout découragement.

N’y a-t-il pas un hiatus entre votre personnage le Commissaire de Tampy et votre personnalité quelque peu loufoque pour un rôle aussi sérieux ?

L’homme a trois caractères, celui qu’il croit avoir, celui qu’il montre et celui qu’il a. Je suis capable de me mettre dans tous les états ; je suis capable d’un très grand sérieux et d’une grande concentration.

Le rôle de Commissaire me va très bien, je me suis mis dans la peau de mon personnage ; n’est-ce pas un discours franc. Nous sommes dans une situation de « dêmê-dêmê », (débrouillardise). J’aurais aimé avoir un contrat signé en bonne et due forme, mais la réalité nous impose le soutien mutuel. Un jour ou l’autre, l’informel va prendre fin.

Quel message fort doit-on retenir du “Commissariat de Tampy” ?

Sans vouloir parler à la place du réalisateur, je puis dire que le film s’adresse à la société avec un produit de sa consommation. Ce sont des faits de société qui sont traités afin que les uns et les autres puissent se voir comme dans un miroir et se corriger. Pour moi le message fort est que chacun de nous doit revoir sa copie.

Ce film a-t-il changé quelque chose dans votre vie ?

Je n’étais pas un illustre inconnu et avec le « Commissariat de Tampy », j’avoue que ma popularité est encore en hausse. Je ne peux plus passer inaperçu, ce qui m’oblige à un devoir de responsabilité dans mon savoir-être et dans ma conduite, pas ce qu’on demande aux acteurs.

Comment se passe le tournage ?

Ça va très bien, notre réalisateur est un mec cool et c’est comme au cinéma, c’est-à-dire on rigole, on se fâche, mais l’essentiel reste à savoir faire un bon film.

Peut-on avoir une idée sur votre cachet ?

Il faut tout d’abord souligner que les réalisateurs africains ont de plus en plus de problèmes pour boucler leur budget. Cela signifie alors que nous, les acteurs, ne pouvons pas rouler sur l’or.

Missa HEBIE m’a parlé en frère et je l’ai écouté en frère, ce qui fait que le problème du cachet est minime entre nous. Je lui ai dit donne moi ce que tu as prévu pour moi, il n’y a pas de discussion au sujet argent entre un grand frère et un petit frère, c’est la famille.

Cela ressemble à de l’informel Monsieur le commissaire ?

Appelez cela comme vous voulez, seulement ils ne sont pas nombreux les réalisateurs qui vous tiennent.

Avez-vous alors changé l’habitude de distribuer les bisous à tous vents aux femmes ?

On ne change pas quand on a mon âge, je vais continuer toujours à honorer les joues de toutes belles femmes de ce pays et Dieu sait qu’elles sont toutes belles.

Quels sont vos rapports ave les policiers depuis que vous êtes le “Commissaire de Tampy” ?

Tous les hommes en tenue sans exception m’inspirent un respect sacré. Ce sont les symboles du Faso et les garants de notre sécurité. Je ne prétends pas être un vrai commissaire parce que j’incarne ce rôle dans un film. On m’appelle partout « commissaire », mais je ne suis qu’un policier fictif.

J’ai peur qu’à force de m’appeler commissaire certains y croient vraiment et pensent que je peux intervenir dans telle ou telle affaire. Je ne suis qu’un comédien de cinéma, demain je peux jouer le rôle d’un gangster ou du président du Faso.

On vous connaît côté cour, mais le côté jardin est suffisamment caché, êtes-vous un bon père de famille ?

Je suis marié et père de 5 enfants. Je suis un père de famille comme beaucoup d’autres et je ne pense pas que je déçoive mes enfants. Si on a les moyens et l’occasion, on sort en famille pour aller au resto et aux spectacles. A la maison, je suis totalement différent de ce que je montre au dehors. A force de plaisanter et semer la joie un peu partout, je suis parfois incompris.

Un jour, j’ai surpris une conversation de femmes d’une compagnie aérienne. Elles affirmaient que mon chat n’attrape pas de souris car on ne me voit pas avec ma femme et mes enfants. Mais je les rassure comme l’a dit Michel POLNAREFF, “je suis un homme...”.
Toute la joie qui m’anime provient de ma famille, ma femme en tête. C’est elle qui me permet d’être heureux dans la vie et de partager cette joie.

Par Issa SANOGO

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