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Diplomatie burkinabè : Et si on parlait de fierté nationale ?

Publié le mercredi 3 décembre 2003 à 00h00min

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"Société civile et relations internationales". C’est autour de ce
rapport que les ambassadeurs et consuls généraux du Burkina
se sont retrouvés du 27 au 30 novembre dernier à
Ouagadougou. Pour leur 9e conférence annuelle, les
représentants de la diplomatie burkinabé ont choisi de s’ouvrir à
une dimension qui, en matière de politique extérieure, n’est pas
la problématique la mieux partagée par nos Etats.

En effet,
malgré la reconnaissance de la place et du rôle incontournables
de la société civile dans tout processus de développement
humain durable, celle-ci est encore marginalisée sinon laissée
à elle-même. Ainsi, il paraît utile et nécessaire aux
porte-drapeaux de la politique nationale de comprendre et de
saisir les enjeux des nouveaux rapports internationaux à travers
le prisme de l’émergence de plus en plus affichée de la société
civile.

Mais, les Etats africains en général et le Burkina en
particulier peuvent-ils raisonnablement se lancer dans ce
combat sans d’abord rassurer et convaincre leurs sociétés
civiles respectives ? Quelles images nos chancelleries
donnent-elles à nos compatriotes qui ont choisi de gré ou de
force de vivre à l’extérieur du pays ?

L’une des recommandations récurrentes de ces grand-messes
de la diplomatie burkinabè consiste à exhorter les
ambassadeurs et consuls généraux à ne ménager aucun effort
pour défendre l’image du pays à l’éxtérieur. Cependant, dans
plusieurs cas, la peur et la méfiance continuent de peser sur les
rapports entre les ambassadeurs et leurs compatriotes à
l’étranger.

Aussi, si en Occident, nos ressortissants n’ont
généralement recours à leurs chancelleries que pour résoudre
des problèmes de papiers, dans certains pays africains où ils
ne sont pas soumis au contrôle, ils ne voient pas souvent la
nécessité de se faire enregistrer. A la décharge du représentant
de l’Etat, beaucoup d’immigrés ne prennent pas toujours les
précautions qu’il faut pour prévenir les déboires. Mais en les
considérant systématiquement comme "des compatriotes à
problème", n’a-t-on pas renforcé cette méfiance par le manque
de fraternité et de solidarité, vertus les moins partagées à
l’étranger ?

Si l’on convient que le meilleur défenseur de "l’image du
Burkina" à l’éxtérieur est d’abord et avant tout le Burkinabè, il
apparaît alors impérieux pour nos ambassadeurs et consuls de
recycler la conception qu’ils ont de leur mission. Car, aussi
longtemps qu’ils ne prendront pas à bras le corps les difficultés
que rencontrent leurs compatriotes dans leur pays d’accueil, ils
ne pourront pas rallier ceux-ci à la cause nationale.

Il est
politiquement intéressant pour l’ambassadeur de manifester
une grande sollicitude pour la famille présidentielle ou pour les
opérateurs économiques nantis. Mais l’essentiel de leur rôle
n’est-il pas d’abord de donner soutien et réconfort à ces
compatriotes qui ne demandent le plus souvent qu’une simple
caution morale de leur Etat ?

Il est évident que dans notre contexte politique où
l’ambassadeur doit plus sa carrière à son militantisme qu’à sa
formation, sa mission première peut être noyée par des calculs
qui ne servent pas toujours les véritables intérêts de ses
compatriotes à l’étranger. Mais à l’heure où le réalisme politique
commande à nos Etats de gérer convenablement leurs
ressources humaines et financières, il est devenu incongru de
persister dans des schémas qui nous mènent dans le mur.

Après plusieurs décennies d’errements politico-économiques
préjudiciables à un développement devenu une arlésienne par
la force des discours creux, ce serait rendre justice aux citoyens
que de traduire dans la réalité l’impact des conférences et
autres grand-messes qui mettent les budgets de l’Etat à rude
épreuve.

Que les ambassadeurs et consuls se ressourcent cette année
autour de la problématique des rapports entre les relations
internationales et la société civile, cela contribuera sans doute à
coller la diplomatie burkinabè à l’air du temps. Quelle que soit la
satisfaction que le département en charge des Affaires
étrangères peut tirer de cette rencontre, il ne doit pas perdre de
vue les questions essentielles comme celles de la sécurité et la
fierté de nos compatriotes vivant à l’éxtérieur.

Privée jusque-là
du droit de vote, la multitude de nos compatriotes émigrés ont
besoin d’entendre beaucoup vibrer dans leur pays d’accueil
cette fibre patriotique qui les maintienne dans la République
quelle que soit la distance qui les sépare de leur terre natale.

Mais pour cela, il faut que les dirigeants, par leur réthorique et
leurs pratiques, installent et cultivent dans l’esprit du citoyen, la
mystique de la fierté nationale.

Le Pays

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