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Le groupe d’amitié France-Burkina Faso à l’Assemblée nationale française (1)

Publié le jeudi 4 mai 2006 à 07h01min

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Gérard Hamel

De 1997 à 2002, c’est Jean-Michel Marchand, député Vert de la 4ème circonscription (Saumur Sud) du Maine-et-Loire, qui avait présidé le groupe d’amitié France-Burkina Faso. Ce groupe, semble-t-il, n’avait guère été actif.

Il est vrai que Marchand avait multiplié les engagements. Il était, par ailleurs, vice-président des groupes d’amitié avec le Canada, la Roumanie et le Viêt Nam, il présidait également le groupe d’étude sur l’illettrisme, était vice-président du groupe d’études sur les handicapés, membre des groupes d’étude sur le cheval, la francophonie et la culture française, les fruits et légumes, le Kosovo, le Tibet.

Au printemps 2002, c’est l’UMP-UDF Michel Piron qui a été élu député du Maine-et-Loire. Exit Marchand. Et la présidence du groupe d’amitié France-Burkina Faso est tombée dans l’escarcelle de Gérard Hamel, député d’Eure-et-Loir, maire de Dreux. Hamel n’est pas un homme qui recherche les projecteurs. Sa fiche signalétique dans le Who’s Who tient en huit lignes.

Chef d’entreprise, Homme politique, né le 20 février 1945 à Sourdun, dans le département de Seine-et-Marne, Premier vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Eure-et-Loir, élu député d’Eure-et-Loir en 1993, réélu en 1997 et en 2002, inscrit au groupe RPR puis UMP, maire de Dreux (1995-1996 et depuis 1996).

Dreux ? Cela n’évoque Hamel que par contre coup. Quand on parle de cette ville de moins de 30.000 habitants à environ 80 km de Paris, on pense encore à Marie-France Stirbois, l’égérie du FN qui en avait fait (elle en était le député et non pas le maire) le symbole de l’ancrage électoral des idées de Le Pen. La page est tournée depuis près de dix ans. Le "souvenir" demeure. Et une donnée "historique" : c’est Hamel qui a été le tombeur du FN et de Stirbois !

Il n’avait pas vocation à cela. Sourdun, où il est né, est un petit village rural de Seine-et-Marne, non loin de Provins. Hamel y décrochera un bac technique. En 1968, le couple Hamel (il a 23 ans ; il est jeune marié et débute dans la vie active) décide de passer "de la Plaine de Brie à la Plaine de Beauce". Ce sera Dreux. Ce sera, surtout, à Dreux, une entreprise du bâtiment où il va faire ses premières armes. Hamel complète sa formation grâce aux cours par correspondance. Il obtient un brevet de technicien supérieur en génie climatique.

Son patron, Pierre Jeunet, lui proposera de reprendre son entreprise. Hamel est un technicien, pas un manager. Il trouve au sein de la jeune Chambre économique les soutiens nécessaires. Son parcours est alors celui d’un petit patron membre de la Fédération du bâtiment d’Eure-et-Loir.

Une première rencontre va décider de son avenir. C’est Bertrand Hieaux. Hiaux est banquier. Il est surtout le dernier rejeton (né en 1950 ; sa soeur cadette Catherine est décédée prématurément) d’une dynastie qui règne sur Dreux et l’Eure-et-Loir. Son grand-père, Roger Hiaux, était banquier. Son père, Jean Hiaux, était également banquier : à 28 ans, en 1952, il présidait la banque Hieaux ; il la présidera jusqu’en 1984 cédant alors la place à son fils cadet, Bertrand (son fils aîné, Jean-Michel Hieaux, a choisi la voie de la communication et de la publicité : il est depuis 1998 le vice-président exécutif d’Euro RSCG Corporate). Jean Hiaux était président de banque et homme politique. Elu conseiller municipal de Dreux en 1947 il en sera le maire de 1983 à 1995 ; il sera également conseiller régional.

Bertrand Hiaux a mené toute sa carrière au sein de la banque Hiaux : employé, secrétaire général, administrateur-directeur général, président-directeur général. En 1983, il est nommé trésorier de la Chambre de commerce et d’indutrie d’Eure-et-Loir ; en 1986, Bertrand Hiaux en prend la présidence. Gérard Hamel en sera, en 1987, le premier vice-président.

Gérard Hamel est devenu un notable du monde professionnel en Eure-et-Loir. Une autre rencontre va le précipiter dans le monde politique. Les Hamel habitent Tremblay-les-Villages (ex-Tremblay-le-Vicomte), une petite commune de l’agglomération de Dreux. Leur voisin est Martial Taugourdeau. Ce médecin généraliste est un notable régional. Depuis 1971, ce père de huit enfants est le maire de la petite bourgade d’Eure-et-Loir ; il est, également, conseiller général ; en 1978-1981, il a été le député RPR de la 2ème circonscription d’Eure-et-Loir.

En 1983, il demandera à Gérard Hamel de bien vouloir occuper un poste de conseiller municipal. Taugourdeau va devenir, selon l’expression même de Hamel, son "père politique ". En 1992, Hamel va se présenter aux régionales sur la suggestion de Taugourdeau ; il est en sixième position sur la liste conduite par Maurice Dousset ; les cinq premiers seront élus ! Il prend conscience, dit-il, "que les grandes idées ne sont rien, seul notre poids sur la réalité a de l’importance ". Il a, surtout, pris goût à ce combat pour "l’intérêt général" lui qui s’était surtout engagé dans la défense du monde de l’entreprise.

Le 26 novembre 1989, à Dreux, à l’occasion du premier tour d’une élection législative partielle, Marie-France Stirbois, veuve du secrétaire général du FN, a a obtenu 42% des voix (un score deux fois supérieur à celui de Ke Pen à la présidentielle de 1988).

Le 3 décembre, Stirbois l’emporte malgé l’appel du PCF et du PS de voter pour le candidat de droite contre le FN. C’est, au plan national, un choc politique majeur ; Dreux devient le symbole de la victoire possible des idées du Front.

Martial Taugourdeau, pendant ce temps, a poursuivi sa carrière politique : en 1985, il a été élu président du Conseil général de l’Eure-et-Loir ; en 1986, il retrouve l’Assemblée nationale ; en 1989, il est élu sénateur (c’est à l’occasion de ce changement de mandat que Stirbois va conquérir son mandat de député).

Tout naturellement, il va demander à son poulain, le jeune Hamel, d’aller affronter Stirbois à l’occasion des législatives de 1993. Dreux est, plus que jamais, un symbole politique. Le Parti socialiste parachute sur le terrain un contre-symbole : le guadeloupéen Roger Bambuck, ancien champion d’Europe du 200 m et du 4 x 100 m à Budapest en 1966, secrétaire d’Etat chargé de la Jeunesse et des Sports en 1988-1991. Stirbois se veut médiatique ; Bambuck se veut idéologique. Hamel restera ce qu’il est : un candidat local, "fidèle, tenance, solide ".

Au premier tour, Marie-France Stirbois fera 40 % et Roger Bambuck sera laminé avec seulement 16 %. Hamel se qualifie pour le second tour avec 27 %. Il va l’emporter avec 106 voix d’avance et 50,1 % des suffrages. Il était élu ; il lui restait à devenir député. Pour l’heure, il n’était encore que celui qui avait battu Stirbois. Là où beaucoup attendaient un idéologue pour faire tomber le Front national, c’est un "chef d’entreprise, marié, père de deux enfants" qui l’avait emporté ! Belle leçon politique.

Mais Stirbois ne baissait pas les bras : elle allait s’imposer aux cantonales avec 55 % des voix et visait alors la mairie de Dreux où le FN était entré en 1983 sous le règne de Jean Hiaux sans pour autant conquérir le poste suprême.

Hamel allait repartir au front ; et l’emporter une deuxième fois face au FN. Il gagne la mairie en juin 1995. L’élection sera invalidée. Il faudra revenir devant les électeurs et l’emporter une troisième fois, avec quasiment le même score, sur le Front national et Stirbois. "J’étais plus étonné que fier" déclarera le député-maire de Dreux.

Le FN sera éradiqué à Dreux en 1997, à l’occasion des législatives consécutives à la dissolution : Hamel va l’emporter avec le concours des voix socialistes. C’était la quatrième confrontation entre Hamel et le FN ! Et la dernière. Au printemps 2002, face au PS au second tour, Hamel va l’emporter avec 62,5 % des suffrages exprimés. Entre temps, en 2001, il aura à nouveau gagné les municipales au premier tour avec 55,55 % des voix. Il cesse d’être chef d’entreprise pour être, pleinement, homme politique.

A suivre

Jean-Pierre Béjot
La Dépêche Diplomatique (Mars 2003)

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Vos commentaires

  • Le 4 mai 2006 à 12:02, par Olivier Pierre En réponse à : > Le groupe d’amitié France-Burkina Faso à l’Assemblée nationale française (1)

    Il est toujours intéressant de connaître le parcourt d’un homme politique, mais, quelles sont les actions concrètes menées par le groupe d’Amitié France Burkina Faso à l’Assemblée nationale française ? Actions en France et au Burkina Faso ?

    • Le 6 mai 2006 à 04:58, par Ange En réponse à : > Le groupe d’amitié France-Burkina Faso à l’Assemblée nationale française (1)

      Monsieur Olivier Pierre, quel pragmatisme ? Je partage votre avis car le plus important, ce n’est pas la biographie des acteurs de cette amitié France-Burkina mais les actions concrètes au quotidien.
      Je reste, comme vous, sur ma soif de voir étaler ces actions concrètes, tant en France qu’au Burkina car, pour recevoir, il faut savoir donner. Ange.

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