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Zénabou Tapsoba, la tradipraticienne qui guérit à moindre coût

Publié le lundi 15 mai 2006 à 08h22min

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Zenabou Tapsoba

Zénabou Tapsoba est tradipraticienne. Au secteur n°16 de Ouagadougou où elle exerce, le local qui lui sert de cabinet de travail ne désemplit pas. Une équipe de Sidwaya a passé une journée avec cette sexagénaire qui « gagne bien sa vie » dans une pratique qui suscite de plus en plus d’intérêts pour bon nombre de citoyens.

Il est dix heures lorsque nous pénétrons chez Zénabou Tapsoba. Au moins une vingtaine de patients, toutes des femmes, avec leurs enfants, étaient sagement assises sur des bancs sous le hangar qui tient lieu de salle d’attente. A l’intérieur d’un bâtiment d’environ 15 m2 couvert d’un toit de chaume sont entassés des feuilles, des écorces, des racines d’arbres.

Des canaris, des calebasses et bien d’autres objets hétéroclites sont également entreposés dans un des coins de la pièce. Seul un petit espace, juste pour accueillir deux ou trois personnes reste libre dans cette pièce qui sert de salle de consultations à la tradipraticienne, âgée de 70 ans selon ses dires (elle parait pourtant plus jeune).

La maîtresse des lieux était d’ailleurs là, assise sur un tabouret, un bébé d’environ 4 mois sur les jambes. A côté d’elle, deux femmes dont l’une est la mère de l’enfant. Visiblement surprise par notre arrivée, elle nous accueille avec un sourire.

« L’enfant a mal au ventre. Il fait une forte diarrhée due au fait qu’il a une plaie dans le ventre qui se manifeste jusqu’à l’extérieur par le rectum », nous explique-t-elle en guise de réponse à notre question sur ce dont l’enfant souffrait.

Elle couche l’enfant à plat ventre sur ses jambes. Puis, enfilant un gant à sa main droite, elle introduit du beurre de karité enduit de poudre noire dans le rectum de l’enfant qui se met à crier de douleur. « La diarrhée va diminuer d’ici le soir. La guérison est rapide car le produit va cicatriser la plaie dans le ventre et arrêter définitivement la diarrhée... », souligne-t-elle. Après cette opération, Zénabou Tapsoba remet des feuilles, des écorces, des racines et quelques sachets contenant la poudre noire et une calebasse à la plus âgée des deux femmes et lui explique la posologie.

Zénabou Tapsoba exerce depuis plus d’une vingtaine d’années. Elle a hérité cette pratique de sa mère. Ses malades sont surtout les tout-petits. Mais il lui arrive de soigner aussi les grandes personnes. La plupart des enfants souffrent généralement des maladies diarrhéiques, de la frontanelle, la coqueluche. Elle en rencontre également qui souffrent de maux d’yeux, d’oreille, de rougeole, de la varicelle et de bien d’autres maladies infantiles.

La consultation est gratuite. Seuls les produits sont payants. « Le prix des produits constitués d’écorces, de feuilles,, de racines d’arbres est fonction de la gravité du mal. Pour un enfant qui a une forte diarrhée, il faut beaucoup plus la poudre noire pour le soigner. Sinon, les prix vont de 300 à 500 francs CFA... », soutient la tradipraticienne.

Les grandes personnes viennent à elle pour soigner les maux de ventre, d’oreille, d’yeux, de reins, du paludisme... Elles déboursent entre 600 et 700 francs CFA. Elle soignerait, selon ses dires, la tuberculose. Zénabou Tapsoba avoue qu’il y a des maladies qu’elle ne peut pas soigner.

« Dès que je prends l’enfant dans mes bras, je le sais. En ce moment, je dis à la mère d’aller voir quelqu’un d’autre... Il y a des maladies qui ne sont pas naturelles... », fait-elle remarquer.

La tradipraticienne recevrait chaque jour, selon elle, en moyenne une soixantaine de mères venant des différents secteurs de la ville, avec leurs enfants malades. Ainsi, nous y avons trouvé Aminata Ouédraogo qui attendait d’être reçue. « Depuis quatre jours, mon enfant ne fait que pleurer seulement. Il doit avoir mal au ventre. C’est la première fois que je viens ici et c’est quelqu’un qui m’a indiqué l’endroit... », souligne-t-elle.

Sakiatou Dermé est mère de deux enfants. Elle a déjà soigné son premier enfant chez la vieille Zénabou Tapsoba. « Je suis déjà allée dans un service de santé. Mais je veux associer les soins traditionnels, avec l’accord de mon mari bien sûr, parce que cela réussit le plus souvent. J’ai déjà soigné mon premier enfant ici et je pense qu’elle arrivera à soigner ma fille aussi... », soutient-elle. Mamounata Traoré est venue pour elle-même. « J’ai mal à un de mes seins. J’ai entendu parler de la vieille. C’est la première fois que je viens la voir... », dit-elle.

Zénabou Tapsoba, à l’en croire, gagne bien sa vie dans la pratique. « Je paie plus de 150 000 francs CFA de taxes par an. J’ai également environ une dizaine de filles qui m’aident. Je donne à certaines d’entre elles 500 francs CFA par jour et aux autres 250 francs CFA. J’assure aussi leur repas de la mi-journée... Mais je m’en sors assez bien tout de même... ».

Etienne NASSA (paratena@yahoo.fr)

Sidwaya

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