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Communalisation intégrale au Burkina : Eviter les tâtonnements

Publié le jeudi 20 avril 2006 à 07h58min

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En principe, c’est demain que s’achève la campagne en vue des élections municipales du 23 avril 2006. Après trois semaines passées à l’écoute des candidats des différentes formations politiques, l’heure est donc venue pour les électeurs de choisir ceux qu’ils estiment être en mesure de diriger leur commune et d’impulser son développement.

Mais, en attendant la tenue effective du scrutin, l’on peut relever un certain nombre de faits tout au long de la campagne. D’abord, la plupart des candidats n’ont pas une claire vision du concept même de la communalisation intégrale. Nombreux sont, en effet, ceux qui sont passés à côté de la plaque, lorsqu’il s’est agi de l’expliciter. Ensuite, comme ils ne maîtrisent pas le concept, de nombreux prétendants aux postes de conseillers municipaux ont du mal à situer les enjeux. Conséquence, discours et programmes sont le plus souvent en déphasage avec les attentes des populations.

Les élections municipales ne sont pas comparables aux législatives et à la présidentielle. Scrutin de proximité, ses enjeux sont essentiellement locaux. Chaque localité ayant ses spécificités, l’on attendait, au moins, de la part des candidats, différentes approches selon les situations. Malheureusement, comme si toutes les communes du pays étaient confrontées aux mêmes réalités, les questions de parcelles et de corruption semblent, pendant cette campagne, avoir polarisé le débat dans de nombreuses circonscriptions électorales, reléguant au second plan les préoccupations locales comme les problèmes d’accès aux services sociaux de base (santé, eau, éducation, électricité, téléphone, logement, emploi, etc.).

Autre fait important, rares sont les aspirants aux fonctions de conseillers municipaux qui ont abordé véritablement la question des moyens qu’ils entendent mettre en oeuvre pour assurer le décollage socioéconomique de leur commune pour les cinq ans à venir. Ceux qui s’y sont hasardés sont restés vagues. Or, c’est là même que devrait se jouer la conquête de l’électorat.C’était vraiment le lieu pour les différents candidats de rivaliser d’idées originales de développement pour leur zone.

L’on a plutôt, pour ce qui est des communes urbaines existantes, focalisé les débats sur les agissements des maires et conseillers sortants. Oubliant qu’en pareille circonstance, le plus important n’est pas de fustiger la gestion passée, mais de convaincre sur sa capacité à faire mieux. Sans projets véritables, il ne reste, pour les futurs conseillers, une fois élus, qu’à compter sur l’application stricte de l’article 115 de la loi portant code général des collectivités territoriales.

Celui-ci dispose : "Les recettes ordinaires des collectivités territoriales proviennent du produit de recettes fiscales, de l’exploitation du domaine foncier et des services locaux, des subventions, des ristournes accordées par l’Etat ou d’autres collectivités publiques sur le montant des impôts et taxes recouvrés à leur profit, des recettes temporaires ou accidentelles et de la répartition annuelle des fonds de dotation des collectivités territoriales".

Mais, au regard du contexte général de pauvreté du pays, il y a lieu de s’inquiéter pour l’avenir de nos communes rurales. Les ressources nécessaires à leur réel fonctionnement risquent, en effet, de faire défaut. Il serait très difficile pour l’Etat, compte tenu de ses moyens limités, de respecter normalement ses engagements vis-à-vis des collectivités.

Engluées dans leur misère, les populations des campagnes ne pourraient pas supporter les taxes et impôts ou autres mesures requérant leur participation financière, surtout qu’elles n’ont pas confiance aux acteurs politiques. C’est pourquoi, il faut craindre que la communalisation ne débouche sur une impasse. Visiblement, l’on n’a pas tiré toutes les leçons des 11 ans de gestion des communes urbaines. Au point que l’on s’achemine inexorablement , dans la mise en oeuvre de cette communalisation intégrale, si on n’y prend garde, vers les mêmes tâtonnements.

Le Pays

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