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Halidou Ouédraogo se remet à à la clinique Mirabeau

Publié le lundi 17 avril 2006 à 09h52min

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Halidou Ouédraogo

Arrivé dans le coma total et avec une motricité zéro, à l’hôpital américain de Neuilly, dans la prestigieuse de Zarkosy, Halidou Ouédraogo, après des soins intensifs, se remet depuis le 27 mars dernier dans une petite Clinique, au nom ô combien symbolique, Mirabeau, dans la banlieue de Paris. Nous lui avons rendu visite !

Dans la clinique où il est en rééducation depuis le 27 mars, le programme est très chargé. Il y est normalement pour deux mois. Il faut tout faire pour récupérer ses facultés perdues, par cette brusque attaque cardiovasculaire (AVC), la terrible silencieuse, qui guette plus d’un aujourd’hui. Le programme à Mirabeau, c’est la rééducation physique, mais aussi la rééducation tout court.

Halidou a eu la chance de n’avoir pas perdu la parole, contrairement à ce qui se passe dans nombre d’AVC. Mais selon le diagnostic des médecins de Neuilly, il avait eu une hémorragie légère au niveau du cerveau. Après examen, les médecins ont jugé qu’une opération de la tête n’était pas indispensable. L’hématome devait se résorber de lui-même. Et c’est ce qui s’est effectivement passé. En principe donc, les facultés mentales ne sont pas touchées. Mais ici, il ne faut rien laisser au hasard. Halidou est donc quotidiennement à l’ergométrie, où on lui apprend, disons on teste sa capacité à prononcer des mots et à faire des associations de mots et d’objets.

Un peu comme à la maternelle. Le vendredi de notre arrivée, on venait juste de lui demander de prononcer une phrase en " ch " qui lui a rappelé certains souvenirs de ses années de l’école primaire quand un de ses camarades, dont il n’a pas oublié le nom, que nous ne nommerons pas ici par pudeur, éprouvait toutes les difficultés du monde à prononcer les phrases en " ch ".

Pour Halidou dont les facultés sont intactes, c’est un moment qui l’amuse bien. Après l’érgo, c’est le temps de la kiné et le repos de 11 à 14 heures. Ce vendredi, au déjeuner, c’est " pommes vapeurs et poisson pané " et l’agent hospitalier qui lui apporte son plateau l’aide volontiers à découper son poisson. Halidou ne peut toujours pas se servir de son bras gauche. Par contre, sa jambe commence à répondre. Il nous le montre en la pliant.

Retour sur l’accident !

C’est à l’issue d’une audience que la maladie le prend. Il raconte qu’il a voulu sortir un document de sa serviette pour le remettre au juge. Et puis, tout d’un coup, il n’a plus senti son bras. Ses documents sont tombés. Il s’est senti partir et a demandé à la juge s’il pouvait s’asseoir.

Il a su après qu’on l’a transporté sur le banc réservé aux avocats et puis sont arrivés les premiers responsables du tribunal dont le procureur général qu’il dit avoir clairement identifié et puis après, c’est l’arrivée des sapeurs pompiers et plus tard l’hôpital Yalgado où il était encore suffisamment conscient pour reconnaître le ministre Alain Yoda, qu’il dit avoir remercié, pour l’attention dont le personnel de l’hôpital a fait montre à son égard.

Mais il ne se souvient plus comment il est rentré dans l’avion médicalisé et comment il est arrivé à l’hôpital américain de Neuilly. Quand il a repris conscience, c’était pour constater les soins intensifs dont il était l’objet et des douleurs atroces que cela lui causait. " Mais ils m’ont bien soigné ", reconnaîtra-t-il.

Les soins et les prises
en charge !

Justement à mon arrivée, sa belle sœur Madame Kambou, historienne bien connue et spécialiste du pays lobi, avait imprimé à son intention, le dernier écrit de notre confrère Zoodnoma Kafando, de L’Observateur paalga. Dans l’article, rien de bien méchant. C’est même tout le contraire. Mais une phrase retient son attention et semble l’avoir assez chagriné : " ...Ils paient, qui, après avoir fait de son ONG sa vache à lait ou sa mine d’or secrète, qui, après avoir profité de ses avantages dus ou des privilèges indus.

" Cette insinuation, en ce qui le concerne, semble totalement injuste. Et puis de nous expliquer les circonstances de son évacuation en France. En effet, ce n’est ni le MBDHP, ni l’UIDH, dont il est le premier responsable, qui ont permis son évacuation. Son heureuse fortune vient du fait qu’il est membre du Conseil d’administration de l’OSIWA, une organisation internationale dont le siège est à Dakar.

C’est cette organisation qui a trouvé l’avion médicalisé et qui a payé les frais d’hôpital à Neuilly. Une fois les soins intensifs terminés, sans doute pour minimiser les frais, OSIWA propose de rapatrier Halidou à Dakar, pour y poursuivre les soins de rééducation. Mme Ouédraogo propose dans ce cas de retourner à Ouagadougou. Devant la réticence de la famille, d’autres partenaires promettent de faire un geste, pour que Halidou continue ses soins en France.

On décide alors de trouver une clinique adaptée. Une première est contactée à Lyon. Mais les coûts sont au-dessus de la bourse de la famille. 1500 euros par jour. C’est finalement la clinique Mirabeau, à Eaubonne, qui est retenue. Les coûts sont relativement abordables. 6000 euros par mois. Mais à ce prix, Halidou doit partager sa chambre avec un autre malade.

Ensuite, il fallait payer à l’avance avant d’être admis à la clinique. Même si 6000 euros, ce n’est pas excessif, encore fallait-il les avoir. Halidou ne les avait pas. Les promesses de prise en charge ne suffisaient pas. Il fallait casquer maintenant.

Sur ces entrefaites, El Hadji Oumarou Kanazoé téléphone, pour prendre des nouvelles du malade. En discutant avec Mme Ouédraogo, il apprend qu’il y a des problèmes de prise en charge. Kanazoé décide, sur place, de tout prendre en charge. Il demande les références de la clinique Mirabeau et fait virer l’argent demandé. Halidou peut alors rejoindre. Nous étions le 27 mars.

Solidarité tout azimut !

Les Burkinabè, sans distinction, se sont mobilisés pour la maladie de Halidou. Tous les ministres du gouvernement, ou presque, ont défilé à son chevet. Salif Diallo, le ministre d’Etat, de retour de Mexico, a fait une escale pour lui rendre visite. Simon Compaoré, le maire de Ouagadougou est venu le voir. Ceux qui n’ont pu se déplacer ont téléphoné à son épouse. Les autorités coutumières et religieuses du pays ont pris attache avec lui ou avec sa famille. Naaba Baongo en personne, les imams de Ouagadougou, l’archevêque, les pasteurs, tous se sont manifestés. Des prières ont été organisées.

Tous ces gestes de sympathie laissent Halidou sans voix. Quand nous lui demandons si le président du Faso s’est lui aussi signalé, il répond non ! Puis ajoute. " Lui et moi, nous n’avons pas de relations particulières. Peut-être, c’est pour ça... ". Peut-être, mais pour ceux qui savent, les deux hommes se sont connus bien avant qu’ils ne deviennent des protagonistes de la vie nationale. Ne serait-ce que pour ça...

Toujours informé !

Sur son lit de malade, il n’y a pas de journaux. Il est interdit de lecture. Sauf quelques dépêches que sa belle sœur lui tire sur Internet. Cependant, il peut écouter et regarder la télé. Justement sur son lit de malade, il y a un poste radio. Et au moment de notre visite, c’était l’affaire Charles Taylor qui tenait la vedette de l’actualité.

Justement, nous en parlions. Taylor et les diamants de la Sierra Léone ont été un des sujets phares des revendications du Collectif de la lutte contre l’impunité. Notamment en raison des connexions probablement avec le régime de Blaise Compaoré, l’ex grand ami et principal soutien de l’ancien patron des NPFL.

Avec l’arrestation de Taylor et son transfert, après sa brève cabale, devant le Tribunal pénal international, c’est une victoire quelque part du mouvement. Halidou en a un commentaire philosophique, comme s’il ne fallait pas crier très tôt victoire. Mais pour les droits de l’homme, c’est incontestablement un grand pas en avant.

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