LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Riposte à la grippe aviaire : Un pétard mouillé ?

Publié le lundi 17 avril 2006 à 09h14min

PARTAGER :                          

Le plan de riposte à la grippe aviaire préparé de longue date par les autorités du Burkina aurait-il du plomb dans... l’aile, du moins pour le moment, avec les tâtonnements qui ont entouré le traitement du premier site à Gampéla ?

Pourtant, avant l’arrivée ou la découverte du virus de l’Influenza aviaire hautement pathogène sur le territoire national, le ministère en charge des Ressources animales se voulait particulièrement rassurant. La grippe aviaire est bien présente, mais les populations semblent en retard par rapport aux bonnes pratiques.

Les autorités du pays des Hommes intègres qui dépensent légitimement de l’énergie à collecter des fonds ne doivent pas perdre de vue l’essentiel : une bonne sensibilisation des populations sur les enjeux réels de la grippe aviaire. Sinon, toutes les actions entreprises pourraient apparaître comme un montage pour rassurer les bailleurs de fonds afin qu’ils continuent à mettre la main à la poche. La réalité indique qu’en dépit du danger qui les guette, certains habitants de la zone de Gampéla étaient réticents à la campagne d’abattage de leur volaille.

Il ressort, en effet, que les équipes d’abattage qui se sont déplacées à Gampéla et à Barogo, dans le voisinage du camping le ’’Pharaon’’, ont eu maille à partir avec les populations des deux villages. Celles-ci ont opposé de la résistance aux actions visant à abattre leur volaille, c’est-à-dire en réalité à les mettre à l’abri de la maladie. Cela a eu pour conséquence de ne voir l’opération n’évoluer que timidement dans le bon sens, alors qu’il y avait urgence.

Sans qu’on ne sache trop pourquoi, les habitants des deux villages cités ci-dessus se sont fait une conviction que la grippe aviaire est liée à l’existence du camping le ’’Pharaon’’. Certains de ces habitants n’ont donc pas hésité à faire des amalgames entre ce camping et le foyer de grippe aviaire qui constitue un gros risque et pour eux-mêmes, et pour le Burkina Faso tout entier.

Pour tout dire, le ’’Pharaon’’ est devenu maladroitement un bouc émissaire. L’existence ou non de ce lieu est un débat qui n’a pas sa place au moment où la case brûle. Le plus important est plutôt d’éteindre d’abord le feu, quitte à évoquer les autres sujets par la suite.

A quoi servira-t-il, en effet, de mener des querelles byzantines au moment où il faut plutôt réunir toutes les énergies de la nation pour se sortir de cette mauvaise passe ? Il n’y a pas de doute que le camping ’’le Pharaon’’, de par son statut, peut créer çà et là des désagréments aux populations « riveraines ». Cependant, de là à en faire le principal problème en ces temps de grippe aviaire, ce n’est pas opportun. Visiblement, les habitants de la zone du foyer du virus de la grippe aviaire ont négligé, voire oublié, l’essentiel.

Le manque de diligence dans cette première opération de riposte à la grippe aviaire interpelle au plus haut point les autorités burkinabè. Celles-ci doivent prendre à bras le corps le problème pour que les mauvais exemples de Gampéla et de Barogo ne fassent pas tache d’huile. Il y va de la crédibilité du pays vis-à-vis de ses partenaires au développement mais aussi surtout de la santé des Burkinabè des villes et des campagnes.

Une lenteur dans l’action pourrait être assimilée à une incapacité des politiques à aller au-delà des discours dans d’aussi graves situations. Les appréhensions exprimées çà et là par les résidents de la zone contaminée sont peut-être compréhensibles, mais rien ne peut être plus important que la santé et le bien-être de la nation toute entière.

Il faut surtout éviter que ce jeu de ping-pong entre les populations, le propriétaire du ’’Pharaon’’ et les autorités en charge de la lutte contre la grippe aviaire ne conduise à faire des victimes humaines, car là, ce serait vraiment regrettable.

Adam Igor

JOurnal du jeudi

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)