Les candidats et leurs représentants ne cessent de faire mouvement là où ils peuvent engranger des voix. Pour le moment, tout se passe bien sur le terrain ; chacun étant convaincu que les choses lui sont favorables dans son secteur. Mais on ne sent pas l’effervescence comme lors de la présidentielle.

A l’heure actuelle, à Tenkodogo, si la population est sollicitée par les 10 partis politiques en compétition (PDP/PS, RDR, CDP, UPD, PAREN, UPR, PNP, PAI, ADF/RDA et RDF), force est de reconnaître que l’une de ses préoccupations majeures, c’est le problème d’eau. En effet, depuis que la canicule s’est installée en force en ce mois d’avril, on se bouscule à longueur de journée voire même la nuit autour des fontaines pour avoir l’élément humide.

Dans la plupart des secteurs, l’eau vient au compte-gouttes et on attend patiemment d’être servi. Des charretiers et même des ménagères sont souvent obligés de faire des kilomètres pour chercher le précieux liquide. On préfère d’abord lutter contre la soif avant de penser à aller écouter les blablablas des politiciens de tous poils. Pour paraphraser le dicton, on pourrait dire que gorge asséchée n’a point d’oreille.

C’est dans ce contexte particulier que se déroule la campagne qui, il faut le dire, n’attire pas grand monde sur les lieux de meeting. Mais cela n’empêche pas les candidats d’aller vers les électeurs pour leur dire ce qu’ils comptent faire pour eux lorsqu’ils seront élus conseillers.

"Boureima Ghana", le protégé de Salif

A Tenkodogo, les différents candidats se connaissent très bien et chacun s’organise pour faire le plein des voix dans le secteur qui l’a vu naître. Parmi ceux qui ont conservé des attaches avec la localité, il y a Boureima Balima et Eric Zabsonré. Le premier cité est du CDP et il est au secteur 4 où il est tête de liste.

Il a été attaché d’ambassade du Burkina Faso à Accra, au Ghana. Rentré au pays, il est aujourd’hui chef du service du protocole du ministre d’Etat Salif Diallo, qui serait donc son mentor. Boureima Balima, pour ceux qui ne le savent pas, est un ancien international de football qui a fait ses preuves à l’Etoile filante de Ouagadougou (EFO) et au Kadiogo.

Ici, il est plus connu sous le surnom de "Boureima Ghana". Quand vous le demandez à quelqu’un en prononçant le nom Balima Boureima, on vous dit tout simplement qu’on ne le connaît pas. "Boureim Ghana" est un nom célèbre qui sied à l’intéressé, surtout dans un certain milieu.

Au secteur 4, il est connu comme le loup blanc. Selon lui, ce sont les jeunes, les vieux et les vieilles qui lui ont demandé d’être candidat au poste de conseiller et il ne pouvait pas se dérober. Il mène une campagne de proximité comme les autres et il affirme que dans son secteur, il n’y aura pas match.

On lui a dit de dormir tranquille et que le travail a été déjà fait pour lui avant même qu’il ne commence sa campagne. Malgré cette assurance, Balima est sur le terrain, où il a tenu, il y a quelques jours, une rencontre avec ses partisans. Il dit avoir un programme réaliste pour la commune. Son soutien lui est venu de ses amis à Ouaga et de ses proches, pour qu’il réussisse sa mission. Le CDP, a-t-il déclaré, a des problèmes après l’établissement de sa liste.

Les structures de base n’ayant pas été impliquées totalement, beaucoup d’illettrés se sont retrouvés sur les listes. Or, fait-il remarquer, s’ils peuvent apporter quelque chose au développement d’une commune comme Tenkodogo, leur analphabétisme est souvent un gros handicap. "Sur 183 candidats au niveau du CDP, il n’y a que 16 intellectuels. Les autres ne savent ni lire ni écrire et ils donnent l’impression de tout connaître. Or, ce milieu demande la conception, la créativité et la compréhension pour le développement de la province", a-t-il précisé.

Balima est presque sûr de lui au secteur 4 où il veut d’abord résoudre le problème crucial d’eau et faire tous ses efforts pour que l’électricité parvienne à tous. "Boureim Ghana", maire de Tenkodogo à l’issue du scrutin du 23 avril ? L’ex-gardien de but se garde pour le moment de dévoiler ses batteries et attend de passer dans son secteur pour voir s’il peut se confiner dans un rôle. Quid du maire sortant, Alassane Zakané, qui ne serait pas mécontent de rebelotter nonobstant les coups de boutoir dont il est souvent la cible ? On en saura peut-être plus dans l’interview que nous vous proposerons dans nos prochaines éditions.

L’UPR, principal adversaire du CDP ?

Des 9 autres partis qui veulent faire tomber le CDP de Blaise Compaoré dans les 13 communes urbaines et rurales que comptent la province du Boulgou, l’Union pour la République (UPR) de Saïdou Gouem semble avoir les dents longues. Ce parti, depuis le lancement officiel de la campagne, est présent sur le terrain, surtout dans les villages, où il ne passe pas inaperçu.

Le premier meeting de l’UPR a eu lieu à Bagré où ses militants sont sortis nombreux pour écouter les premiers responsables. Avec la démission d’Inoussa Yelbi du CDP, qui a rejoint l’UPR, ce dernier veut relever le défi et prouver au ministre Alain Yoda, le commissaire régional du Centre-Est du parti majoritaire, que personne ne peut l’empêcher d’être conseiller.

L’UPR, qui est sûre de ses forces, a lancé un appel à ses ouailles pour qu’elles restent vigilantes jusqu’au soir du 23 avril. A côté de l’UPR, deux partis, à savoir le PAREN et le PDP/PS, ont sonné la mobilisation en organisant chacun un meeting.

Le message a été presque le même : de l’eau courante dans tous les villages, donner à la commune un nouveau rayonnement et développer les potentialités de la province. L’autre parti, qui n’est pas en reste à Tenkodogo, c’est l’Union des patriotes pour le développement (UPD) du député Boniface Zango.

Celui qui coordonne les activités ici, c’est Eric Zabsonré (il est enseignant de formation), qui fait ses premiers pas sur la scène politique. Depuis 99, il se signale par ses déclarations dans la presse contre des choses, selon lui, injustes.

Le dimanche 9 avril dernier, il a réuni ses hommes venus des quatre coins de la province pour arrêter son plan de bataille. Dans la salle de ciné provincial, il est revenu sur la question des parcelles, du transport routier et du marché. Son parti, qui est de la mouvance présidentielle, prône pourtant le changement à Tenkodogo. Son programme de gestion de la mairie est axé sur 26 points.

Candidat au secteur 2, Eric Zabsonré a invité la population de Tenkodogo, des 6 secteurs et des 83 villages à voter UPD, dont ils peuvent reconnaître le bulletin, qui représente un arbre (le néré) avec ses fruits et des feuilles.

Considéré comme un activiste, on verra bien s’il pourra, avec son parti, bousculer la hiérarchie. C’est bien de répandre ses idées dans les journaux, mais encore faut-il sur le terrain avoir des arguments pour que le changement soit réel.

Justin Daboné

L’Observateur