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Mme Isabelle Tapsoba, coordonnatrice du Programme national plate-forme multifonctionnelle : « Sans services énergétiques, il n’y a pas de développement »

Publié le jeudi 13 avril 2006 à 08h13min

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Isabelle Tapsoba

Grâce à ses multiples fonctions permettant de développer des activités à la fois productives et génératrices de revenus, la plate-forme multifonctionnelle apparaît comme un formidable outil de développement du monde rural.

Mme Isabelle Tapsoba, la coordonnatrice du Programme national plate-forme multifonctionnnelle, donne à travers cet entretien, des détails sur les avantages liés à l’utilisation de cette infrastructure énergétique et parle entre autres aussi, du fonctionnement de la structure qu’elle dirige.

Sidwaya (S) : Qu’est-ce qu’une plate-forme multifonctionnelle et quel est son intérêt pour les populations ?

Isabelle Tapsoba (IT) : La plate-forme est un ensemble d’équipements qui fournit du service énergétique aux populations, pour leur permettre d’utiliser la force motrice pour transformer les produits agricoles : mouture de céréales, broyage de karité, décorticage du riz, etc ; cet équipement est composé d’un moteur et de modules.

Avec la plate-forme, on peut également mettre en place des mini-réseaux d’éclairage pour éclairer les services sociaux dans les villages. Elle permet aussi à des initiatives privées de se développer grâce à l’électricité à travers l’éclairage de marchés, de boutiques, d’activités nocturnes, etc. Et cela, en plus de pouvoir fournir de l’eau chaude aux maternités. En dehors des mini-réseaux d’éclairage, la plate-forme permet la mise en place de mini-réseaux d’adduction d’eau potable, avec un château-d’eau et des bornes-fontaines. Ce qui permet aux populations d’avoir accès à l’eau potable et aux femmes d’alléger leurs charges.

Avec ce moteur, on peut aussi annexer un poste de soudure, ce qui permet de développer l’artisanat villageois. Voilà autant de possibilités qu’offre la plate-forme et qui confèrent vraiment son caractère de multifonctionnalité et de moteur du développement.

S. : Et quelles sont les attributions du Programme national plate-formes multifonctionnelle dont vous assurez la coordination ?

IT : Le programme a pour rôle justement de travailler à disséminer les plates-formes dans les villages. Nous avons pour objectif d’installer à terme, 400 plates-formes.

Et les plates-formes devaient permettre à au moins 500 000 habitants d’avoir accès aux services énergétiques, de créer des emplois, de développer d’autres services sociaux tels que la santé et l’éducation. Parce que, dans les localités qui ont bénéficié des plates-formes, on a constaté déjà un changement dans l’accès et la réussite des filles à l’école. On y a noté aussi la possibilité pour les femmes de s’alphabétiser ainsi que le développement des activités génératrices de revenus aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Tout cela est rendu possible grâce à l’existence de la plate-forme.

Donc, notre rôle est de faire en sorte qu’au bout des cinq ans que dure le programme, le nombre de plates-formes prévues soient installées. Mais nous travaillons dans la perspective du transfert, des compétences, car nous travaillons pour le long terme.

C’est pour cela que nous avons signé des protocoles de collaboration avec des ONG, et nous travaillons de concert à renforcer les capacités opérationnelles et la méthodologie de l’approche plate-forme, pour que ces ONG assurent le relais du programme dans les villages.

A terme, lorsque le programme aura atteint sa mission (celui-ci est appelé à disparaître), les ONG pourront continuer dans la dissémination des plates-formes. L’essentiel étant que les populations puissent avoir accès aux services énergétiques. Parce qu’aujourd’hui, il est reconnu tant au plan national qu’international que sans services énergétiques, il n’y a pas de développement.

L’énergie c’est comme le sang qui irrigue tout l’organisme. Elle est un facteur multiplicateur de développement des secteurs sociaux et économiques.

D’où l’importance que le gouvernement accorde au Programme plate-forme. Cela se traduit par l’importance des fonds qu’il a mobilisés en faveur du programme à travers les Fonds PPTE. Le gouvernement finance pour près de 50% du coût du programme qui est à peu près de 11 millions de dollars. Le reste est financé par les partenaires : le PNUD, la Fondation Shell, Arius United, la coopération luxembourgeoise.

S. : Le 29 mars dernier, le comité de pilotage du Programme plate-forme multifonctionnelle tenait sa 2e session. Quelles sont les principales conclusions auxquelles il est parvenu ?

I.T. : Le comité de pilotage du Programme plate-forme multifonctionnelle est l’instance suprême du programme qui se réunit de manière statutaire une fois l’an. Mais, il peut aussi se réunir en session extraordinaire et son rôle, c’est de donner des orientations au programme national.

Lors de sa dernière session dont vous parlez, il y avait à l’ordre du jour, l’examen du rapport d’activités et du rapport d’exécution budgétaire 2005, l’examen et l’adoption du programme et du budget 2006.

Nous avons également traité des questions diverses telles que des informations sur la stratégie et le plan de communication du programme, la présentation du livre blanc sur l’accès aux services énergétiques dans les pays membres de la CEDEAO.

Le comité de pilotage après avoir examiné tous les documents soumis à son approbation a donné quitus à l’équipe de coordination du programme pour mener le programme d’activités de 2006 et a aussi accepté le rapport d’activités et le rapport d’exécution budgétaire de 2005. Il a recommandé de prendre en compte les amendements et les observations qui ont été faites.

La rencontre a été très fructueuse, cependant elle n’a pas pu épuiser toutes les questions d’intérêt pour le programme et le comité de pilotage a décidé de convoquer dans les plus brefs délais, une session extraordinaire pour traiter des questions laissées en suspens.

S. : Et qui du programme d’activités 2006 ?

I.T. : On peut dire que le programme a véritablement commencé ses activités en 2005 et c’était pour l’équipe du programme une année d’apprentissage et de réglage des mécanismes. 2006 est l’année ou le programme devrait atteindre sa vitesse de croisière et nous comptons implanter au moins, 75 plates-formes dans les quatre régions du Burkina où le programme est présent.

Nous allons travailler aussi à rendre visible le programme, à nouer des partenariats parce que nous avons constaté que pour atteindre les résultats qui nous font fixés à l’horizon 2008, il faudrait que nous élargissions le partenariat et que nous essayions de travailler en synergie avec d’autres programmes.

Et cela, pour nous permettre d’amplifier le résultat que nous recherchons sur le terrain.

S. : Quelles sont les régions du Burkina où le programme est implanté ?

I.T. : Nous avons principalement quatre régions. Il y a la région de l’Est qui s’élargit à celle du Centre-Est pour former ce que nous appelons la zone de l’Est. Dans cette zone, c’est l’ONG Tin Tua qui est notre partenaire sur le terrain pour dissimiser les plates-formes.

Il y a ensuite, la région du Nord, composée des provinces du Yatenga, du Lorum, du Zondoma et du Passoré, avec la Fédération nationale des groupements Naam, comme agence locale de réalisation.

Nous avons la Boucle du Mouhoun, avec l’OCADES, qui est une ONG d’obédience catholique.

Il y a, enfin, la région du Centre-Ouest où nous avons comme partenaire un consortium d’ONG.

Pour le moment, ce sont ces régions qui sont concernées par le Programme national plate-forme multifonctionnelle.

Propos recueillis par Gabriel SAMA

Sidwaya

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