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Abattage de la volaille : On compte et on recompte les poussins

Publié le mardi 11 avril 2006 à 08h03min

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Après le mouvement d’humeur qui a conduit à l’échec de la première journée d’abattage, le jeudi 6 avril 2006, les Services vétérinaires ont eu accès aux concessions des villages de Barogo et de Gampèla à la recherche des gallinacés, le vendredi 7 avril. Nous avons suivi une équipe sur le terrain.

Le calmivet, produit utilisé pour endormir les pigeons du camping "Le Pharaon" a finalement eu l’effet escompté même s’il est intervenu plus tard que prévu. En effet, une quarantaine de volatiles ont été ramassés, qui endormis qui morts, aux environs de 10 heures quand nous sommes arrivés sur les lieux.

L’essentiel de la basse-cour avait été ainsi abattu. Un résultat qui valait son pesant d’or d’autant plus qu’il était une condition préalable pour que les populations adhèrent à l’opération d’abattage de leur volaille.

Particulièrement remonté la veille, c’est un président de la Commission villageoise des gestions des terroirs, Ouédraogo Moussa Sylvain, un peu souriant que nous avons trouvé sur le site :

"Hier, nous étions en colère parce qu’on a voulu aller vite en besogne ; le camping ayant été vidé de sa volaille et fermé, nous n’avons aucune autre raison de nous opposer à l’opération d’abattage même si nous croyons que cette affaire a été montée de toutes pièces par un individu de mauvaise foi".

Le président de la Commission du village de Gampèla, Yanogo Emile, s’est voulu aussi conciliant : "Nous avions simplement refusé de trahir les populations dont nous sommes les représentants. Mais aujourd’hui nos cœurs se sont apaisés parce que les autorités ont rempli nos conditions".

La pierre d’achoppement étant levée, nous avons trouvé deux équipes d’abattage en activité. La première était chargée de faire le travail au "Pharaon" et dans le village de Barogo.

La deuxième que nous avons suivie avait pour cible Gampèla. Celle-ci était dirigée par le vétérinaire Gninè Coulibaly et le responsable départemental de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, Konditamdé Jérémie ; la volaille est très importante dans les concessions qui comptent chacune en moyenne une cinquantaine de têtes. Selon lui, l’opération se déroule dans une certaine lenteur parce que tous les oiseaux ne sont pas en cage.

En effet, une population de pintades a dû être épargnée dès la deuxième maison après qu’on eut tenté vainement de les capturer. Mais selon Gninè Coulibaly, le calmivet fera le travail après.

On ergote dans la basse-cour

Dans le ménage où Nassa Marcel réside depuis 24 ans, l’opération a été vite pleine d’anecdotes. Sous le regard inquiet de son épouse Pengdwendé et de son fils Benjamin, ce père de famille comptait avec insistance doublée d’une vigilance légendaire les pigeonnaux et autres poussins qui venaient d’éclore, il y a quelques jours. A chaque fois qu’il y avait une petite différence de chiffres entre lui et les membres de l’équipe il exigeait qu’on recomptât.

L’acte en valait la chandelle quand on sait qu’un oisillon coûte 1 500 FCFA au même titre qu’un coq à la crête arrogante. Pour transporter les 64 poulets, 30 pigeons et 14 œufs de cette famille, une chaude discussion éclata :

"En plus des sacs que je vous ai remis, je ne vous prêterai pas ma brouette pour le transport ; on nous a dit que vous avez tout le matériel nécessaire", fulmine Marcel Nassa en poussant sa brouette au fond de sa cour. L’équipe se tourna alors vers un Peulh venu observer l’opération : "Je ne vous prête pas mon vélo ; le propriétaire de cette cour en a jusqu’à deux", fait-il remarquer.

Avec l’insistance des "démineurs" de la grippe aviaire, il accepta finalement de prêter le sien. A 100 mètres de là, une voix se fit entendre : "Attendez-moi, je viens de trouver un poussin". Puis, à grandes enjambées, il remit son précieux colis à l’équipe qui se vit obligée de changer de fiche, ce qui n’a pas plu à Nassa Marcel ; en effet, il pense qu’une nouvelle fiche pourrait trahir le chiffre initial indiqué plus haut ; il voulait une petite modification. Il a fallu user de diplomatie et de pédagogie pour l’amener à accepter la nouvelle fiche.

Comme on le voit, on ergote pour ainsi dire, et ces anecdotes illustrent bien les difficultés du terrain. Il y a un manque de moyen pour mener rapidement l’opération, et peut-être que le don de matériel fait par Taïwan, le dimanche 9 avril, résoudra ce problème.

L’hivernage avance à pas de géant ; la période de soudure aussi. La lourdeur administrative doit donc être évitée pour que les paysans soient, dans un bref délai, dédommagés. Nassa Marcel ne dira pas le contraire, lui qui attend 121 500 FCFA dans cette affaire même s’il ne connaît plus ce bonheur d’être réveillé aux aurores par le coq le plus viril de sa basse-cour, et d’écouter ses pigeons roucouler.

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur

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