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La grippe aviaire au Faso : L’heure de la riposte a sonné

Publié le mardi 11 avril 2006 à 08h03min

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Ce n’est plus un secret pour personne, le Burkina a été officiellement déclaré 5e pays africain hôte de la grippe aviaire hautement pathogène à H5N1. Aussi, face à une telle situation, les autorités ont déballé, au cours d’une conférence de presse, le 7 avril 2006 à Ouagadougou, les mesures de riposte qui s’imposent.

La grippe aviaire a réussi à tromper la vigilance de nos sentinelles. En effet, depuis le 3 avril 2006, il a été déclaré qu’elle a élu domicile à Gampèla, précisément au campement « Le Pharaon », à la porte est, de notre capitale.

C’est cette situation qui a amené les autorités burkinabè à rencontrer, le 7 avril dernier, la presse pour dire aux populations les mesures prises pour la circonstance, conformément au plan de prévention et de riposte adopté le 15 février 2006. Etaient face à la presse les ministres Tiémoko Konaté des Ressources animales, Alain Yoda de la Santé et Joseph Kahoun de l’Information.

C’est le ministre Konaté, en sa qualité de président du comité national de gestion des épizooties (CNGE), qui a présidé cette conférence de presse.

Dans son propos introductif, il a d’emblée rappelé les diverses actions menées conformément au plan de prévention et de riposte contre la grippe aviaire le 15 février 2006, soit une semaine après la notification des foyers au Nigeria. Il s’agit entre autres de l’institution du Comité national de gestion des épizooties, du comité technique de prévention et de riposte contre l’influenza aviaire hautement pathogène.

Ce sont les efforts conjugués des différentes structures mises en place, à en croire le ministre Tiémoko, qui ont abouti à la notification du premier foyer de grippe aviaire le 3 avril 2006 à Gampèla.

Dès cette confirmation, diverses réunions se sont tenues, dont la première dite de crise a regroupé les ministres de la Santé, de l’Environnement, de l’information, de l’Administration territoriale, des Enseignements supérieurs et de la Recherche scientifique ainsi que des Ressources animales.

Ces concertations ont accouché d’un certain nombre de mesures : l’isolement du foyer dans l’enceinte du "Pharaon", la prise d’un arrêté provincial portant déclaration de foyer, la mise en place d’un comité chargé du recensement, de l’abattage et de la destruction des volailles, l’interdiction des déplacements de volailles et d’oeufs dans la zone précisée par l’arrêté provincial, la vaccination de toutes les volailles dans la zone précisée par l’arrêté provincial, l’abattage et la destruction de la volaille dans l’enceinte du motel « Le Pharaon ».

Dans le même temps, les enquêtes épidémiologiques se poursuivront dans les sites de vente des volailles à Ouagadougou et dans les élevages environnants.

Le ministre Konaté a, par ailleurs, indiqué qu’à ce jour, tous les sites de Ouagadougou sont couverts et que le diagnostic précoce n’y a décelé aucun virus influenza A.

A toutes ces précautions, il faut ajouter la surveillance accrue des points d’eau, la mise en place d’un dispositif pour la prise en charge de cas humains éventuels ainsi que la conduite des enquêtes épidémiologiques sur tout l’ensemble du territoire national.

Le président du comité national de gestion des épizooties a en outre déclaré que « La surveillance épidémiologique, qui a permis de détecter le foyer de Gampèla, va se poursuivre et se renforcer par une sérosurveillance ».

La population devrait garder son calme, a-t-il conclu, et signaler tous les cas suspects de maladie chez la volaille et chez les oiseaux sauvages aux services vétérinaires. Selon Tiémoko Konaté, sur 672 prélèvements qui ont été faits à ce jour, 65 ont été envoyés au laboratoire d’Italie.

Les journalistes ont par la suite exprimé un certain nombre de préoccupations aux animateurs de la présente conférence de presse. Chacun, selon les compétences de son département, a essayé de se défendre. Ainsi, à la question de savoir si notre pays est prêt à prendre en chargé d’éventuels cas humains, le ministre Alain Bedouma est affirmatif.

Son département, selon ses dires, a pris très tôt ses dispositions. Pour se justifier, il exhibe un document descriptif des signes cliniques de la grippe aviaire chez l’homme, daté du 9 février dernier, que son ministère a adressé à tout agent de santé (lire encadré 2).

En outre, dès la notification du premier foyer au Burkina, des vaccins (le tamiflu) pour le traitement gratuit de 200 personnes ont été commandés. C’est normalement le 8 avril dernier que ces produits (qui coûteraient 20 000 FCFA le traitement), selon Alain Yoda, devaient arriver à Ouagadougou.

Deux spécialistes de l’OMS/Afro viendront également en appui au ministère de la Santé. Le ministre Joseph Kahoun de l’Information, interpellé sur la stratégie de communication sur la grippe aviaire, répondra, lui aussi sans sourciller, qu’elle existe et fonctionne bel et bien, en exhibant un gros document y relatif.

Mais qu’en est-il de l’efficacité du plan de prévention et de riposte contre la grippe aviaire ?

Pour le chef du département des Ressources animales, Tiémoko Konaté, le dispositif général fonctionne bien. A la date du 7 avril 2006, sur 612 prélèvements faits dans les différentes régions du pays, 65 ont été envoyés au laboratoire de référence d’Italie.

Quant à l’interdiction d’importation de produits de la volaille, la vigilance des acteurs de la lutte contre la grippe aviaire aurait permis de détecter une tentative d’infiltration des œufs à travers la mayonnaise.

Hamidou Ouédraogo

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Vite un numéro vert

Le ministre Tiémoko Konaté a invité la population à signaler, aux services vétérinaires, tous les cas suspects de maladie chez la volaille et les oiseaux sauvages. Dans ce cas, ne faut-il pas mettre urgemment en place un numéro vert pour la circonstance ?

Car bien de citoyens voudraient bien y apporter leur contribution dans la lutte contre la grippe aviaire, mais ils ne savent à quel numéro téléphoner. C’est le cas de ce citoyen, répondant au nom d’Ali Ouédraogo, dont la cour ombragée reçoit permanemment la visite d’oiseaux sauvages.

Hier 10 avril, il a par exemple constaté la mort d’une tourterelle qui, apparemment, ne présentait aucun signe d’agression. Ne sachant à quel numéro téléphoner, il n’a eu d’autre choix que de nous signaler ce cas suspect. Joignable au 76 57 80 63, M. Ouédraogo dit être disponible à recevoir les services vétérinaires pour une éventuelle recherche.

L’Observateur

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