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Fin du projet TDHI/APA : « Pour une justice en faveur des mineurs au Burkina Faso »

Publié le lundi 10 avril 2006 à 06h14min

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Après trois années d’exercice, le Projet Terre des hommes Italie/Association pénitencière africaine (TDHI/APA) « Pour une justice en faveur des mineurs en conflit avec la loi au Burkina Faso », a pris fin le 31 mars dernier. Le bilan du travail fait durant cette période est jugé encourageant.

Du mois de juin 2004 à la date du 31 mars 2006, le Centre de Laye a accueilli 81 mineurs. En moins de deux ans d’activités, il est devenu avec la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), le lieu où l’on compte le plus grand nombre de placements de mineurs en conflit avec la loi. A certains moments, le Centre a même enregistré plus de mineurs en placement que le quartier des mineurs de la MACO.

Ces 81 mineurs sont ainsi répartis : 27 sont présents au Centre, 33 sont sortis du Centre pour commencer leur réinsertion sociale et continuent de faire l’objet d’un suivi par l’équipe de la direction du Centre ; 5 ont été remis à leur famille après un court séjour au centre, sans possibilité de mise en place de projets individuels de réinsertion ; il s’agissait de mineurs en fin de peine ; 7 mineurs se sont évadés du Centre.

Il s’agissait de mineurs qui venaient d’arriver pour la plupart, et qui avaient gardé les séquelles d’expériences individuelles traumatisantes ; 6 mineurs ont été réintégrés dans les Maisons d’arrêt et de correction pour des raisons de sécurité et ou pour non respect du règlement intérieur du Centre, 3 mineurs ont fugué à partir de leurs familles pour retourner dans la rue et peut-être, renouer avec la délinquance.

Le cas de ces trois mineurs est un échec. Parmi les 33 mineurs en voie de réinsertion et sortis du Centre, 14 ont rejoint leurs familles, et selon les rapports de suivi de la direction du Centre, ils sont bien réintégrés dans leur milieu social d’origine.

Ils pratiquent des activités traditionnelles de la famille, pour la plupart (agriculture, élevage, petit commerce, artisanat). Les 19 autres n’ont pu se retrouver en famille, parce que soit orphelins, ou parce que la famille se trouve à l’étranger ou autres. Mais ces mineurs sont toujours suivis par l’équipe du Centre, et parmi ces 19, il y en a 10 qui sont déjà employés et 9 en stage de perfectionnement professionnel dans des ateliers ou des entreprises. Ces 19 mineurs ont choisi de travailler ou de se former dans les divers volets offerts par les formations du Centre. Ces résultats qui doivent être consolidés font l’objet de suivis périodiques, mensuels, souvent hebdomadaires ou de fois journaliers. S’agissant des perspectives, dès le 1er avril 2006 s’ouvre pour le Centre de Laye une nouvelle phase.

L’Association pénitentiaire africaine deviendra seule responsable de la gestion du Centre de Laye, un nouveau protocole d’accord a été signé entre APA et Terre des Hommes Italie qui définit la nature et le cadre du partenariat entre ces deux organisations. Ce protocole prévoit de la part de Terre des Hommes Italie, la mise en place d’un appui financer de neuf mois, d’avril à décembre 2006 : un appui technique dans le volet de la formation professionnelle et dans la mise en place de projets individuels des mineurs en réinsertion sociale.

Les prochains mois et les prochaines années devront être ceux de la pérennisation du Centre et de son autogestion. Les deux organisations partenaires, Terre des Hommes Italie et l’Association Pénitentiaire africaine ont demandé à la Commission européenne de cofinancer un nouveau projet de renforcement d’extension du Centre aux mineures filles.
C’est un nouveau scénario de développement du Centre qui pourrait s’ouvrir, peut-être à partir de l’année prochaine. Ce bilan d’activités a été fait par les deux coordonnateurs du projet, M. Gian Andrea Rolla de TDHIT et Me Benjamin Kagambega de l’APA au Conseil des parrains réunis à Laye pour la circonstance.

Cette rencontre a connu la présence effective de M. Honoré Tougouri, président de l’APA, et de Mme Marie-Noëlle Grell, représentant la chef de la délégation de la Commission de l’Union européenne. Ce bilan a été hautement apprécié par le président du Conseil des parrains, M. Médar Voho, directeur de l’Administration pénitentiaire et de la réinsertion sociale au ministère de la Justice. Pour lui, le Centre d’accueil de Laye, s’il n’existait pas, il aurait fallu le créer.

Les nombreux invités, à savoir les représentants du PNUD, de l’UNICEF, du PEDAG, de Voix de Femmes, du Centre pour le bien-être de la femme, de AIDOS et d’autres associations partenaires du Centre, ont eu droit à une projection sur les activités du Centre, suivie d’une journée « portes ouvertes » qui leur ont permis de mesurer le chemin parcouru par Terre des Hommes Italie et l’Association pénitentiaire africaine en matière d’alphabétisation, de scolarisation, de formation et d’accompagnement en faveur des mineurs en conflit avec la loi au Burkina Faso. Un déjeuner offert aux invités a mis fin à cette rencontre de Laye.

Martin SEDGHO

Sidwaya

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