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Grippe aviaire à Gampèla : En attendant l’abattage de la volaille

Publié le jeudi 6 avril 2006 à 08h28min

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Mercredi 5 avril 2006 dans la matinée, nous avons été informés par le chargé de communication du ministère des Ressources animales, de l’abattage et de l’incinération de la volaille dans le village de Gampèla, où ont été détectés les premiers cas d’oiseaux infectés par la grippe aviaire au Burkina.

Arrivés sur les lieux, point d’abattage. Il s’agissait plutôt d’une mission dépêchée par le gouverneur de la région du Centre dans la zone infectée, et d’une rencontre entre les populations de Gampèla et de Barogo, les deux villages concernés pour le moment par l’abattage, et des agents des Ressources animales, afin de définir les modalités d’abattage de tous les oiseaux.

Accompagnée du préfet de Saaba, des directeurs régionaux des Ressources animales, de l’Environnement, de l’Agriculture, de la Santé, ainsi que d’agents de sécurité, la secrétaire générale du gouvernorat du Centre, Marie-Thérèse Ouédraogo a effectué ce mercredi 5 avril en fin de matinée, une visite au campement « Le Pharaon », premier foyer de cas avérés de grippe aviaire dans notre pays.

« Le gouverneur m’a demandé de venir voir le site infecté, et écouter la population, ses préoccupations, et savoir comment on va s’organiser davantage pour faire face au phénomène », nous a-t-elle déclaré.

La délégation attendait devant l’entrée principale du « Pharaon », l’arrivée du matériel de protection (masques, lunettes) avant d’entrer dans le campement. La visite elle-même ne prendra cependant que cinq petites minutes, car le propriétaire du site était absent et « il n’y avait pas grand-chose à voir » : six poulets, deux perroquets, deux aigles et quelques pigeons qui seront abattus, selon les agents des Ressources animales.

« Fermer le Pharaon avant tout abattage »

La rencontre entre le Directeur provincial des Ressources animales du Kadiogo (DPRA), M. Philippe Toé, le préfet de Saaba, M. Alexandre Maurice Ouédraogo et les populations était très attendue par ces derniers, car elle mettait en jeu, le destin de leurs volailles, donc de leur richesse, comme l’a reconnu M. Toé : « je sais que la volaille en Afrique constitue le bœuf du pauvre ».

La réunion a consisté d’une part, à expliquer aux villageois, comment la grippe aviaire est arrivée au Burkina et pourquoi il était nécessaire d’abattre au plus vite, tous les oiseaux des deux villages, Gampèla et Barogo, situés dans la « zone de séquestration » ; d’autre part, il s’est agi pour les populations, de poser des questions et leurs conditions, avant tout abattage de volailles. Ainsi en est-il de la fermeture du campement « Le Pharaon » que les villageois n’ont cessé de réclamer tout au long de la rencontre. Pour eux en effet, le propriétaire du « Pharaon » est le principal responsable de leur « malheur ».

« Il ne peut pas continuer de s’enrichir, tandis que nous, nous perdons toute notre volaille », lance dans la foule un habitant, sur un ton furieux. « Il doit s’expliquer devant la justice », lâche un autre.

En réponse à cette préoccupation, le DPRA a tenu à rassurer les populations : « Nous avons désormais l’œil sur ce site-là ; ne craignez rien, il ne va pas aller ramener d’autres maladies demain. Nous allons le surveiller et poser des conditions qu’il va respecter ».

Les habitants de Gampèla et de Barogo ont voulu aussi savoir si on ne pouvait pas vacciner leurs volailles, au lieu de les abattre.

A ce propos, le DPRA a rétorqué, en disant que cela allait revenir très cher et inutile : « vos oiseaux ne sont pas enfermés comme ceux de l’élevage moderne », a-t-il laissé entendre. La question de l’indemnisation a été également une des préoccupations majeures des populations. Selon eux, les indemnisations devraient se faire sur place, juste après les abattages. « Nous n’avons pas confiance en l’Etat », ont-ils martelé. Pour M. Philippe Toé, « les paiements ne peuvent pas être immédiats, mais l’Etat va respecter ses engagements :

« Par rapport à la peste porcine africaine qui a touché l’Est du pays il y a quelque temps, vous pouvez vous renseigner voir s’il y a eu défaillance à ce niveau », a-t-il lancé, soulignant que le montant d’une indemnisation demeure pour le moment fixé à 1500 francs CFA, pour tous types d’oiseaux.

« Qu’adviendra-t-il donc de nos rites et coutumes, au cours desquels nous devons impérativement sacrifier de la volaille ? » ont demandé les habitants des deux villages.

Pour le directeur provincial des Ressources animales du Kadiogo, « ils doivent tout simplement demander l’autorisation aux services vétérinaires, avant de faire entrer toute volaille dans les villages ».

Les concertations se poursuivaient jusqu’à ce que nous quittions les lieux aux environs de 13 heures. Ces concertations avaient pour but de trouver un terrain d’entente entre les populations des deux villages et les agents du ministère des Ressources animales.

Ces agents tiennent obligatoirement à commencer l’abattage dès le jeudi 6 avril.

Moustapha SYLLA (moussy_2020@yahoo.fr)

Sidwaya

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