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Le REN-LAC à propos de la lutte anticorruption : "La nouvelle promesse de Yonli est une dette"

Publié le mercredi 5 avril 2006 à 07h25min

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Remise du rapport de la Haute autorité de lutte contre la corruption

Le Réseau national de lutte anti-corruption espère que suite à sa déclaration de politique générale, le Premier ministre prendra à bras-le-corps la croisade anti-corruption.

La corruption s’est, une fois encore, invitée devant la représentation nationale à l’occasion du traditionnel discours de politique générale prononcé le jeudi 30 mars dernier par le Premier ministre Paramanga Ernest Yonli. C’est la preuve que non seulement la lutte contre ce fléau a fini par s’imposer comme une préoccupation sociale, mais qu’elle mérite de figurer en bonne place dans les multiples « travaux d’Hercule » que se propose de réaliser le chef du gouvernement au cours de l’année 2006. A l’occasion, celui-ci a fait une promesse qui sonne aux yeux du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) comme une dette dont il faut s’acquitter au même titre que les autres.

Ainsi, dans son programme de politique générale, Paramanga Ernest Yonli promet d’« enclencher une dynamique plus forte dans la lutte contre la corruption ». Devant la représentation nationale et le peuple, qui a pu le suivre en direct à la radio et à la télévision nationale le jeudi 30 mars dernier, cette déclaration vaut pour les acteurs de la lutte anticorruption (étatiques et de la société civile) son pesant d’engagement solennel.

En tant qu’organisation faîtière des structures de la société civile en croisade contre la corruption depuis 1997, le REN-LAC ne peut que saluer ce serment public qui vient conforter sa conviction selon laquelle avec un peu plus de volonté politique le Burkina peut réduire significativement les effets néfastes de la corruption. Il est également heureux de savoir que le Premier ministre ne s’arrête pas seulement en si bonne promesse, mais prend date pour la mise en oeuvre de la politique nationale de lutte anticorruption.

C’est, en effet, le 1er juillet 2006 qu’il a fixé comme date butoir pour l’adoption d’un cadre de référence qui devra servir de boussole à la Haute autorité de coordination de lutte contre la corruption et à toutes les structures étatiques impliquées. Mieux, le Premier ministre donne un avant-goût du combat que son gouvernement entend mener en projetant déjà une combinaison d’« actions énergiques ponctuelles et des mesures structurelles ». En d’autres termes, on devrait assister, après le 1er juillet 2006, à plus de diligence et d’actes concrets visant à combattre le virus de la corruption dans tous les secteurs où il a réussi à s’introduire, et à lui barrer la route pour qu’il n’aille pas plus loin.

Le jeu en vaut la chandelle et ce n’est pas du pain qui manque sur la table de la Haute autorité de lutte contre la corruption (HALCC). On se rappelle d’ailleurs que lors de la remise de son rapport de l’année 2005 au Premier ministre, le 10 mars dernier, le président de cette institution publique n’avait pas manqué de signaler que la non-adoption du document de politique nationale constituait un obstacle à la mise en oeuvre de ses activités. Cette doléance a été donc entendue par le gouvernement, et la levée de l’entrave n’est qu’une question de mois. Ce n’est pas rien. Même s’il est vrai que le miracle tant attendu ne viendra pas seulement d’un document, fût-il consacré par le gouvernement.

Pour une loi anticorruption

S’il ne s’agissait d’ailleurs que de dispositif, le Burkina pourrait se targuer d’avoir, contrairement à plusieurs autres pays d’Afrique et du monde, ratifié la convention des Nations unies et la convention de l’Union africaine sur la lutte anti-corruption. Notre pays vient de battre les records en ratifiant, le vendredi 31 mars, le Protocole de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) relatif à la corruption.

Mais cet arsenal juridique international ne saurait remplacer les actions concrètes d’investigation, de sanction et de dissuasion qui, seules, peuvent convaincre les populations de la volonté du gouvernement de combattre réellement le fléau de la corruption.

Le REN-LAC, qui appelle de tous ses voeux l’adoption d’une loi anticorruption au Burkina, prend néanmoins acte de la promesse du Premier ministre comme une dette morale que le gouvernement doit tout mettre en oeuvre pour régler. Après plusieurs années de tergiversations et de promesses non tenues en la matière, il est temps que notre pays passe maintenant aux actes.

Car, si l’on peut concéder à Paramanga Ernest Yonli que « le phénomène (de la corruption) est loin d’avoir atteint le degré de gravité que certaines personnes voudraient présenter », il serait suicidaire de continuer à remettre à demain le pansement adéquat pour cette plaie béante dont les effets néfastes ne souffrent plus de débat. C’est plutôt à force de reporter la médication nécessaire que l’on finira par se retrouver dans une situation alambiquée « de degré de gravité que certaines personnes voudraient présenter », et on se mordra le doigt pour n’avoir rien fait pendant qu’il était encore temps.

Le REN-LAC salue le gouvernement et l’Assemblée nationale pour la ratification du Protocole de la CEDEAO relatif à la lutte contre la corruption, qu’il considère comme la manifestation d’une volonté politique relative. Il souhaite que la promulgation de ce texte, comme celui des Nations unies, se fasse rapidement et que les instruments de ratification soient déposés où de droit. Cette étape franchie, le gouvernement devra montrer sa détermination en mettant la

législation nationale en conformité avec les textes internationaux qu’il a signés et ratifiés.

Avec la promesse solennelle du Premier ministre, nous ne doutons pas qu’il puisse en être autrement.


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Pour toutes informations et suggestions, contactez-nous à l’adresse suivante : Réseau National de Lutte Anti-Corruption (REN-LAC) 01 BP : 2056 Ouagadougou 01, Tél. : 50 -33- 04- 73, Email : info@renlac.org, site : http: //www.renlac.org Tél. vert : 80-00-11-22 (numéro gratuit).

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