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Godeffroy Thiombiano : « Nous attendons l’électricité en provenance de Bobo-Dioulasso d’ici au premier semestre 2008 »

Publié le samedi 1er avril 2006 à 09h26min

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Godeffroy Thiombiano

Le Burkina Faso, en collaboration avec ses partenaires techniques et financiers, a mis en place, un projet de développement du secteur de l’énergie. D’un coût global de 80 milliards de FCFA, ce projet contribuera-t-il à résoudre les problèmes énergétiques ? Le directeur dudit projet, Godeffroy Thiombiano répond.

Sidwaya (S.) : Comment se présente le Projet de développement du secteur de l’énergie (PDSE) que vous dirigez ?

Godeffroy Thiombiano (G.T.) : C’est un projet qui est une partie intégrante d’un processus de réforme du secteur de l’énergie.

Compte tenu de l’urgence, il a été retenu de faire ce projet. La première phase a consisté en la construction d’une centrale électrique de 14 MW et qui a été inaugurée par le Premier ministre, le 16 mars dernier. Une deuxième phase est prévue et verra la construction d’une autre centrale de 18 MW.

S. : Comment cela va se passer concrètement sur le terrain ? Le consommateur peut-il espérer maintenant la fin des délestages ?

G.T. : Ce sont des réalisations physiques, des investissements de près de 80 milliards de FCFA réalisables en cinq ans et qui constitueront en la construction de centrales comme celle de 14 MW que le Premier ministre a visitée le 16 mars dernier. Ainsi une autre de 18 MW sera construite. Il y aura également l’interconnexion Bobo-Dioulasso - Ouagadougou via la Côte d’Ivoire. Cette interconnexion ne se fera pas de façon directe. Il faut commencer à électrifier les villes qui se trouvent tout au long de la ligne.

Cinq localités (Koumbia, Pâ, Bagassi, Sabou, Kokologho) bénéficieront en premier, de cette interconnexion. Certaines qui sont déjà électrifiées seront raccordées au nouveau réseau. En plus de ce projet d’interconnexion, nous comptons électrifier tous les quartiers périphériques de Ouagadougou.

C’est ce que nous appelons la Boucle de Ouagadougou. La ville ne connaîtra plus de problèmes d’électricité car nous allons renforcer la distribution de sorte à ce qu’il y ait une plus grande disponibilité et une plus grande fiabilité du service. Dans le court terme, le problème des délestages sera résolu. A moyen et long terme, nous attendons l’électricité en provenance de Bobo dans le courant du premier semestre 2008.

S. : Pourquoi un tel projet ? Cela veut-il signifier que la SONABEL n’a plus les possibilités de satisfaire les populations ?

G.T. : La SONABEL a, certes, un plan-directeur d’électrification qu’elle exécute. Mais le problème est qu’elle est obligée de rechercher les fonds ailleurs pour pouvoir investir. Ce qui n’est pas du tout facile. Cependant, si l’Etat se porte garant pour demander les fonds, cela se passe sans problème parce que l’on se dit que l’Etat est toujours solvable. C’est pourquoi nous avons initié ce projet afin d’avoir le matériel à un prix bas. Ce projet sera financé par un consortium de bailleurs de fonds qui contribuera soit sous forme de dons, soit sous forme de prêts.

Ainsi, la Banque mondiale intervient en don d’un montant de 33 milliards de FCFA, l’Agence française de développement, la Banque européenne d’investissement doivent chacune injecter 10 milliards de FCFA sous forme de prêt fait à la SONABEL. A celles-ci s’ajoute DANIDA, une agence de développement danoise qui intervient en dons et les crédits mixtes danois qui octroient des crédits à travers une banque. Il y a également les Fonds nordiques qui participent au financement de ce projet à hauteur de 7 milliards de FCFA. Tout ceci donc, cumulé donne les 80 milliards. Chaque bailleur de fonds a sa façon d’intervenir. Chacun a des procédures qui lui sont propres. Avec ce consortium de bailleurs de fonds, plusieurs moyens d’injection de l’aide sont utilisés. Les besoins d’investissement sont énormes. Ceci pour dire que depuis 2002, on devait émettre, chaque année, 14 mégawatts à Ouagadougou parce que la demande croît au moins de 10 %. C’est ce qu’on appelle le centre de charge de consommation de Ouagadougou.

On a donc pensé que pendant qu’on renforce la production thermique, on doit faire en sorte qu’on puisse investir dans le long terme à moindre coût. Et c’est ce que nous faisons actuellement avec la ligne Bobo-Dioulasso - Ouagadougou.

L’électricité va arriver à un coût beaucoup plus bas que ce qui est localement produit par les centrales.

Le Burkina n’est pas un producteur de pétrole, donc il faut produire l’électricité avec du pétrole, donc il faut importer le pétrole et cela est coûteux.

S : Maintenant en quoi ce projet va atténuer le coût de la production ?

G.T. : A court terme, je ne peux pas vous dire aujourd’hui que le coût de l’électricité va baisser. Mais le coût de la production va baisser. C’est-à-dire que le kilowatt-heure sorti va baisser avec la ligne avec l’interconnexion qui sera faite.

Mais maintenant, il faut rembourser les investissements. A long terme effectivement le prix va baisser mais dans l’immédiat ce n’est pas parce que la ligne Bobo-Ouaga qu’on va baisser le prix du kilowatt-heure. Il faut d’abord faire des calculs et montrer que la SONABEL est à mesure de rembourser ses dettes. En remboursant, à quelle échéance elle pourra peut-être prétendre à la baisse du coût. Il ne faut pas voir le projet seulement du côté consommateur.

Il faut aussi voir cela du côté macroéconomique. Côté macroéconomie, c’est un gain énorme pour l’Etat quand la ligne va arriver à Ouagadougou. Chaque mois, l’Etat va économiser 1 milliard de FCFA qu’il accorde comme subvention à la SONABEL.

Et ce milliard de FCFA, on peut peut-être l’utiliser à faire autre chose, dans le social, par exemple.

S. : Selon la représentation résidente de la Banque mondiale au Burkina, le Burkina a un taux de couverture énergétique nationale de 15 % et 2 % en milieu rural, est-ce que ce projet va apporter un plus du point de vue national et surtout du côté rural ? Puisque certains chefs-lieux de régions connaissent des délestages à partir de minuit ou 1 heure du matin, est-ce qu’il y aura un plus dans ce domaine ?

G.T. : Des régions où il y a délestage ? Ce ne sont pas des délestages, ce sont des endroits où la SONABEL a installé des groupes pour pouvoir produire l’électricité et servir ces villes. A partir de 1h du matin, les besoins en énergie de ces villes ne sont plus tellement importants. Donc, il n’y a pas lieu de faire lancer les groupes à ces moments-là. Donc, c’est le calcul économique que l’on fait. Si on doit faire marcher 24h sur 24, on doit établir une place de consommation, une place de production et c’est à partir de là, qu’on produit. Alors, par rapport à votre question pour savoir si cela va étendre le taux d’électrification, je me dis qu’aujourd’hui, le projet va s’occuper d’abord des centres urbains, notamment Ouagadougou et toutes les villes connectées à Ouagadougou (Tenkodogo, Kaya bientôt, Koudougou, Yako...). Donc, le taux de couverture électrique sera augmenté. Aujourd’hui, la SONABEL ne peut pas étendre ses services parce qu’elle n’a pas les finances. Elle n’a pas assez de moyens. Mais maintenant, elle aura les capacités à la fin de ce projet, d’avoir de l’énergie disponible à fournir. L’un dans l’autre, le taux d’électrification va croître.

Par rapport au milieu rural, le milieu rural sera vu dans une seconde phase que nous sommes en train de préparer. Nous discutons actuellement avec les partenaires techniques étrangers. L’objectif est l’accès du milieu rural à l’électrification. Et c’est dans ce projet maintenant qu’on mettra l’accent sur l’électrification du milieu rural. Aujourd’hui, nous nous occupons de l’urbain mais à la deuxième phase, nous aborderons le milieu rural. Ainsi, d’ici à 2010-2015, nous voulons atteindre un taux d’électrification acceptable. Et je pense qu’avec les efforts qui sont faits cela s’avère réalisable.

Entretien réalisé par A. Verlaine KABORE
Amandine KONDITAMDE
(Stagiaire)

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Vos commentaires

  • Le 3 avril 2006 à 07:45, par Kosben En réponse à : > Godeffroy Thiombiano : « Nous attendons l’électricité en provenance de Bobo-Dioulasso d’ici au premier semestre 2008 »

    Monsieur Godeffroy Thiombian,
    Le projet dite projet d’électrification urbaine dont vous pilotez qui a pour but une couverture totale des villes en électricité est très ambitieux et mérite le soutient de tous. Il entre également dans les objectifs du millénnaire que s’est fixé le gouvernement burkinabè pour l’horizon 2015, Objectifs resumés dans le CSLP. Le débat que je veus méner içi est relatif aux coûts de la matière prémière que la stagiaire Amandine a dû souléver lors de votre entretien. Quand on suit la manière dont le projet est structuré, c’est très existant et on se dit tout de suite que le problème d’électricité qui angoissait la population serait fin dans peu de temps. Mais il y a un côté que le projet ne maîtrise pas, il s’agit du prix de la matière prémière, le pétrole. Je pense que nous sommes entrain de nous enfoncer dans un trou. Puisque qu’à l’heur dont on parle, le projet est incapable de donner le prix de consommation au Kwh. Or tout ce qui intéresse la population c’est le prix. Que l’électricité soit disponible c’est bon mais à quel prix le Kwh sera vendu est plus important pour le consommateur. Je pense que les mêmes problèmes se répètent en tout temps car c’est aussi le cas dans l’agriculture où les structures étatiques motivent nos paysans à faire certianes cultures alors qu’elles sont incapables de fixer un prix aux producteurs.
    Bref pourquoi ne pas penser une autre forme d’énergie quand on sait que les prévisions mondiales montrent les tarissements des puits de pétrole dans les pays saoudiens d’içi 2030 à 2050 alors à combien coutera-t-elle une barile de pétrole ? Peut-être que beaucoup d’entre nous ne serait plus dans ce monde en ces dates mais pensons aux générations futures et mettons en place un édifice durable.
    Une solution pure et simple serait de s’orienter vers l’énergie solaire. Je dis bien une solution, car ma vision peut n’est pas être exate du point de vue macro. Mais nous possédons au moins cette ressource. L’ère est venue de rompre avec les sociétés monopolistiques et de créer la concurrence même si cette concurrence sera imparfaite.

    • Le 4 avril 2006 à 13:13, par ZOUNGRANA Mahama tel 70 22 15 36 En réponse à : > Godeffroy Thiombiano : « Nous attendons l’électricité en provenance de Bobo-Dioulasso d’ici au premier semestre 2008 »

      juste pour porter une crainte quant à la maitrise du sujet par celui qui tente de le traiter .existe-t-il un seul pays au monde ou la concurrence a fait baisser le cout de l’electricité ?NON(cf forum mondial sur l’energie 1999).concurrence à outrance ?savez -vous seulement que pour vous livrer ce courant que vous dites si cher l’Etat bloque les prix des hydrocarbures ? CONCURRENCE ?AVEC QUI ? savez -vous que la production dans ce secteur est ouverte a votre concurrence depuis bientot 7 ans ? qui s’est installé ?Hé...hé ,meme ceux qui nous y ont devancé s’en reviennent sans dents et avec un courant encore plus cher et moins de localités deservies(mali,rci,guinée..meme la californie hesite )PAUVRES GENS NE SOYONS PAS LES PREMIERS A RECLAMER NOTRE DISPARITION CERTAINE DE LA CARTE DE SONABEL. QUAND VOUS CITER CES ZONES OU IL N’Y A PAS DE COURANT A CERTAINES HEURES..COMMERCANT VOUDRIEZ-VOUS Y PRODUIRE ET VENDRE DU COURANT ? ENCORE DE ...ETAT......TOUJOURS.....DE l’ETAT

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