LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Etat de la nation : En attendant un Burkina meilleur

Publié le samedi 25 mars 2006 à 08h26min

PARTAGER :                          

« L’étoile du Burkina brille ». Tel est le constat du Premier ministre Paramanga Ernest Yonli, en ce qui concerne l’état de santé économique de la nation. En dépit de la baisse de production de la campagne agricole 2004/2005 et la hausse du prix des hydrocarbures, le Burkina se porte bien selon le chef du gouvernement.

Son diagnostic, il le fonde sur la croissance du Produit intérieur brut (PUB) qui est passé selon lui de 4,8% en 2004 à 7,5% en 2005. Cela laisse entendre une réduction de la pauvreté au pays des Hommes intègres. Une déclaration qui sera sans doute difficile à avaler du côté des syndicats et du citoyen lambda dans la mesure où jusqu’à présent, les performances économiques annoncées ne sont pas ressenties dans le panier de la ménagère.

L’augmentation de salaire (25%) tant réclamée par les travailleurs n’est pas encore à l’ordre du jour. En tout état de cause, il est bien difficile de partager l’enthousiasme de Paramanga Yonli, eu égard à la surenchère des prix des produits de premières nécessités, à la baisse constante du pouvoir d’achat des populations et surtout à la situation toujours déficitaire de la balance commerciale que lui-même reconnaît d’ailleurs avec modestie.

En effet si comme l’a dit le du gouvernement le soleil du Burkina brille, tous les Burkinabè ne semblent pas voir le jours ; à moins n’y ait deux Burkina. Ce ne sont pas les chômeurs, ni les enfants de la rue encore moins les mendiants dont les rangs grossissent de jours en jours qui diront le contraire.

Toutefois, l’on conviendrait avec le chef du gouvernement qu’il y a des efforts considérables qui ont été faits par les dirigeants au cours de l’année 2005. Dans le cas contraire, les Burkinabé, n’auraient pas renouvelés leur confiance aux dirigeants de la IVe République, en portant à nouveau Blaise Compaoré à la tête de ce pays avec plus de 80% des voix.

Leurs attentes seront sans doute prises en compte au regard des grands chantiers entamés en annoncés pour ce quinquennat en ce qui concerne le volet économique. Dans le secteur industriel, des efforts considérables sont à noter. Il s’agit surtout du démarrage au cours de l’année 2005, des activités d’une dizaine d’unités industrielles avec un montant d’investissement qui s’élève à plus de 14 milliards de nos francs.

La réhabilitation de l’ex- Faso Fani, sous le nom de Fasotex témoigne de cette volonté des autorités à donner un élan nouveau au secteur industriel. Il en est de même de la reprise des activités des Grands moulins du Burkina, annoncée pour le premier semestre de cette année. Au delà de l’ouverture ou de la réouverture d’unités industrielles, un accent devrait être mis sur leur maintien en vie, étant donné que la fraude et la contrefaçon semblent trouver au Burkina, une terre de prédilection. Le secteur hydraulique connaît également un grand essor. Dans le cadre du programme de la biennale eau, près de 2000 points d’eau ont été réalisés au profit des populations rurales, tandis qu’une quarantaine de barrages sont en chantier.

Le domaine de l’agriculture connaît aussi des résultats assez satisfaisants, malgré les caprices de la nature. Ainsi, la campagne agricole 2005-2006 enregistre un excédent céréalier prévisionnel de 43%, soit environ 4 millions de tonnes. La production cotonnière est estimée à 750 000 tonnes. Une performance qui place le Burkina au rang de premier producteur en Afrique et de 5e producteur mondial. Le secteur minier se porte de mieux en mieux, le nombre de titres miniers et d’autorisations d’exploitation étant passé de 100 à 133 en 2005.

Les travaux de construction des mines de Taparko, Kalsaka et Youga sont déjà lancés. Elles devront produire plus de huit tonnes d’or par an et créer plus de 800 emplois. Dans le domaine de l’énergie de grands projets sont en cours , dont le projet de développement du secteur de l’électricité lancé par le premier ministre lui même le 14 mars dernier. Des avancées significatives ont également été signalées par M. Yonli aussi bien dans les secteurs de l’élevage, des transports que des télécommunications.

Mais dans le secteur de l’habitat et de l’urbanisme, même si le Premier ministre peine à l’admettre, beaucoup de choses restent à faire. D’ailleurs, cela a été reconnu par le chef de l’État au cours de la campagne présidentielle dernière. D’où la création d’un ministère plein qui devra sans doute se consacrer à répondre aux aspirations légitimes des populations en matière de logement.

Aussi, la question de la réhabilitation du marché central Rood Woko, incombe désormais à la commune de Ouagadougou qui a reçu une enveloppe financière de 500 millions de franc CFA. Peut-être que les travaux de démolition prévus pour septembre 2006 permettront de rassurer les commerçants dont les sueurs froides et chaudes n’ont cessé de couler depuis la fameuse incendie.

En matière de lutte contre la corruption, les grands changements annoncés par le Premier ministre lors de son dernier passage à l’Assemblée nationale ne sont pas visibles. Même si cela n’a pas été clairement relevé par le chef du gouvernement, sa manière d’aborder la question de façon expéditive à la fin du discours, le laisse croire. Pourtant, la volonté affichée par le chef du gouvernement en 2004 et 2005, à engager une lutte implacable contre le phénomène, avait suscité beaucoup d’espoirs pour les unités industrielles. Mais celles-ci ont vite déchanté car entre la parole et l’acte il y a un hiatus.

Un phénomène qui, de l’avis des associations de lutte contre la corruption, gangrène tous les secteurs socio-économiques du Burkina. De la capacité du gouvernement à lutter efficacement contre la corruption et la fraude, dépendra l’épanouissement de l’économie burkinabè.

Espérons que pour cette fois les actes suivront la parole afin que la majorité de la population n’ait plus de la peine à admettre que le pays décrit par le Premier ministre est effectivement le leur.

Fatouma Sophie OUATTARA

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique