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Dudh’N J : “Les gens n’ont pas encore compris que la musique est un métier”

Publié le samedi 25 mars 2006 à 08h06min

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Dudh’N J

Démarche alerte, élocution impeccable, il n’a rien, à première vue, de tous ces jeunes “yô yô” que l’on rencontre dans les rues de Ouaga. Et pourtant, c’est l’un des plus talentueux rappeurs burkinabè de sa génération. Membre fondateur du groupe de rap “Clepto Gang”, Dudh’N J (puisque c’est de lui qu’il s’agit) est aussi un homme du 7e art.

De son vrai nom Niogo Guingri Doris, Dudh’ N J (lire duden ji) a été révélé aux mélomanes et au public avec le groupe Clepto-Gang alors que le rap prenait son envol au Burkina. Né d’une famille chrétienne catholique, rien ne prédestinait le jeune Doris à l’arène musicale encore moins dans le genre qu’il pratique aujourd’hui : le rap. Parce que d’abord son aîné de frère est prêtre, toute la famille aurait souhaité voir le garçon de Bingerville (il est né dans cette ville de l’Ouest de la Côte d’Ivoire il y a maintenant 25 ans) amorcer une carrière classique. Mais la musique coulait dans les veines du jeune choriste à qui on a refusé l’intégration de l’orchestre musical de la ville “Trop jeune pour chanter”, lui avait-on répondu. “Je ne pouvais rien faire d’autre que la musique. A un certain moment je n’avais dans ma tête que d’être musicien et seulement musicien”.

C’est à Ouagadougou, et au lycée Philippe-Zinda-Kaboré que ses camarades découvrent les talents de Doris. Adulé, il forme en classe de terminale un duo puis quelques mois plus tard un quintet avec l’arrivée de trois amis d’un autre lycée de la ville. “On va appeler notre groupe le Clepto-Gang”. Quand on lui demande pourquoi avoir choisi un nom qui rappelle la violence dans les rues (gang), Dudh’N J est sans ambages. “On a fait exprès pour choquer les gens”. Avec Clepto-Gang, un premier album “Chronique noir” sort en 2000, suivi d’un second “Ici et maintenant” en 2002 et d’un troisième “6-k-Trices” en 2004.

Même si les albums sont de très belle facture, la promo elle, fait défaut. Le showbiz ici comme ailleurs est une jungle où managers, producteurs veulent se rouler et rouler les artistes. Dudh’N J et ses camarades du Clepto-Gang l’apprendront à leurs dépens. Les concerts et tournées à l’intérieur du pays se multiplient sans qu’aucun membre du groupe ne perçoive un kopeck. Le premier manager est alors viré. Cette “rébellion” contre la norme du milieu va occasionner un boycott actif du second album “Ici et maintenant” par la plupart des promoteurs.

Le groupe ne s’en offusque pas, au contraire, peu avant le départ de deux de ses membres partis poursuivre leurs études aux Etats-Unis, un troisième album est mis sur le marché. Entre temps, Doris, resté au pays, a lui aussi ajouté plusieurs cordes à son arc. En février 2006, il sort en feat avec Gwen (une Française) un album de six titres baptisé “France au Faso”. Disponible uniquement en CD (compact disc), l’album coûte 2 500 F CFA.

Pour couper cours aux mauvaises langues qui disent qu’en sortant un album en solo, Doris veut faire éclater Clepto-Gang, Dudh’N J est catégorique. “C’est vrai que je suis l’auteur compositeur et arrangeur de cet album, mais la coproduction a été assurée par Clepto-Gang. Si Clepto-Gang a accepté mettre de l’argent dedans c’est qu’il sait que c’est pour lui et ça peut lui rapporter un peu d’argent pour la suite de la carrière du groupe”.

Auparavant, Doris s’est mis avec “Le Gouvernement” puis “La Censure”, Smockey et “Ouaga all starz” avec qui il a réalisé plusieurs albums.

Par ailleurs à Fantôme Prod, Dudh’N J est un homme du septième art. Il rencontre de nombreux producteurs et réalisateurs de films. Il a réussi la musique de plusieurs spots publiciatires (projet Ziga, telmob, ENAF, PROMACO, farine misola, ect.) et de films documentaires. Le réalisateur Berni Goldblat reconnaîtra tout de suite les talents du jeune Doris à qui il a confié le mixage de la musique de ses trois films. “Fiston du ghetto” “La trilogie” (guerre des sexes) et un long métrage “Mokili”.

Malgré son jeune âge, Dudh’N J est déjà imbu des responsabilités qu’il a vis-à-vis de la société burkinabè. Il appelle ses autres frères à ne point baisser les bras. “Je vois souvent des jeunes assis en train de prendre du thé affirmant qu’il n’y a rien à faire. Moi je pense que chacun doit se battre pour que demain, nos petits frères et nos enfants puissent avoir quelque chose”. C’est avec une grande fierté que Dudh’N J parle de la “révolution” de la musique burkinabè.

Pour lui, les artistes font du grand boulot même s’il déplore l’inorganisation du secteur. “S’il faut qu’on paie le studio nous-mêmes, nos jackets, nos affiches, qu’on loue les salles pour les spectacles nous-mêmes et qu’on se distribue, on ne pourra pas tenir”. Malgré ce sentiment Dudh’N J est un homme plein d’optimisme et d’avenir.

Romaric Ollo HIEN (romaric_hien@yahoo.fr)
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 25 mars 2006 à 11:31 En réponse à : > Dudh’N J : “Les gens n’ont pas encore compris que la musique est un métier”

    Romaric je te rappel ke Clepto n a ke 2 album. Chroniks noirs est une compil mon frere. Et Clepto n a k un son dessus. Faut pas dire k ils ont 3album. Tu connais pas ou koi ?

    • Le 26 mars 2006 à 01:43, par Aris-k En réponse à : > Dudh’N J : “Les gens n’ont pas encore compris que la musique est un métier”

      Un Big Up a Dundh n J.j ai apprecie et j apprecie toujours son talent depuis le Zinda jusqu au Groupe Clepto Gang.
      Aristide Freiburg, Allemagne.

      • Le 29 mars 2006 à 17:38, par Didier En réponse à : Dudh’N J :"Les gens n’ont pas encore compris que la musique est un métier"

        s8 dsolé de savoir que de tels propos tiennent encore la route parceque ce qui se passe de nos jours au faso prouve le contraire.les gens ont bel et bien compri que la musique est un metier et mem + un biznees et une industrie.Demandez à dudh’n j pourquoi le 2è album a été boycotté:parce que tu peux pas pisser sur le biz(réfrain d’un de leurs titres)et le pratiquer pcq tous les animateurs font du show-biz et non de l’humanisme.Alors romaric stp la prochaine fois approfondi ton réportage pcq ici o faso on a l’oeil ouvert et le bon. Didier.

        • Le 4 mai 2006 à 21:47, par dhudn j En réponse à : > Dudh’N J :"Les gens n’ont pas encore compris que la musique est un métier"

          Didier, on peut pas pisser sur le biz et le pratiquer com tu l a dit mais la chanson ne se limite pas au refrain. il a été dit ke si le showbiz est synonyme d vols, de mensonges, d exploitations, de guerres (querelles)... clepto gang PISSE SUR LE BIZ.
          Ce n est pas parce qu on parle de showbiz qu il faut accepter toutes sortes de combines.Dans le biz, la musique ou ailleurs, ON PEUT TOUJOURS REUSSIR HONNETEMENT

  • Le 25 mars 2006 à 16:37, par djibril En réponse à : > Dudh’N J : “Les gens n’ont pas encore compris que la musique est un métier”

    boff romaric toi tu es jaloux ! et mm sil s’est trompe ca fai koi ? cest vs comme ca ki faite la honte du burkina ! tjs a l’affut pour decourager les gens !! cherche pluto ta voix o lieu de critiker aveuglement !
    pluriste vas !!

  • Le 22 novembre 2006 à 12:08, par Niodgo Fabrice Donald En réponse à : > Dudh’N J : “Les gens n’ont pas encore compris que la musique est un métier”

    salut grand frère c fabi c juste pour t’exprimer mon soutien. Ici en C-I ya un groupe qui cartonne fort "garba 50" , et ils ont l’habitude de dire ke ça va aller. Je veux te repéter simplement cette phrase : çaa aller ; on te soutien

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