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Vallée du Sourou : 2000 tonnes pour la campagne 2005-2006

Publié le lundi 20 mars 2006 à 07h47min

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Le Premier ministre, Paramanga Ernest Yonli, a procédé, jeudi 16 mars dernier à Nianssan dans le département de Di, au lancement de la récolte de blé dans la vallée du Sourou. La production de cette phase pilote de 500 hectares est estimée à 2000 tonnes.

Le Burkina Faso produit officiellement du blé. La culture de cette céréale longtemps considérée comme reservée aux zones tempérées a repris dans la vallée du Sourou. Après un test concluant de 350 hectares l’année dernière avec cinq tonnes de blé à l’hectare, le ministère en charge de l’Agriculture a entamé le « Programme de relance de la production de blé dans la vallée du Sourou ».

Sous l’encadrement technique de l’Autorité de mise en valeur de la vallée du Sourou (AMVS), la phase pilote pour la campagne 2005-2006 a porté sur 500 hectares grâce à un appui matériel et financier du Royaume du Maroc. La production de cette première étape du Programme est estimée à 2000 tonnes. Le chef du gouvernement burkinabè, Paramanga Ernest Yonli, a procédé, jeudi 16 mars 2006 au lancement de la récolte à Nianssan dans le département de Di.

A l’occasion, la vallée du Sourou a accueilli ministres, autorités administratives et locales, producteurs et opérateurs économiques intéressés par la commercialisation et la transformation du blé au Burkina Faso. Ils ont salué à l’unanimité cette « prouesse agricole ».

Fort des acquis de la phase pilote la culture du blé va être engagée dans sa phase de consolidation (période 2007/2008) de 3500 hectares et celle extensive de 7000 hectares à l’horizon 2011. A terme, le Burkina Faso doit s’autosuffire en blé et devenir un exportateur de cette céréale. Ainsi le Premier ministre a donné, en marge de la cérémonie officielle de la récolte, le coup d’envoi des travaux d’aménagement de 2000 hectares. Le gouvernement a déjà consenti 1,5 milliard de FCFA sur le budget national pour le démarrage de l’extension des superficies. Le Génie militaire réalisera la première étape de 1000 hectares pour la campagne 2006-2007.

« La culture du blé résulte d’une bonne option du gouvernement à diversifier l’économie nationale en misant sur des secteurs porteurs comme l’agriculture. Elle va accroître des potentialités agricoles et développer les industries agro-alimentaires », a expliqué Paramanga Ernest Yonli. En effet, la reprise de la production du blé au Burkina Faso vise à réduire la dépendance extérieure d’une part et à offrir la matière première bon marché à tous les utilisateurs (meuniers, boulangers, pâtissiers, éleveurs) de la céréale d’autre part.

Un enjeu économique important

Le Burkina Faso importe annuellement 35 000 à 40 000 tonnes de blé et des sous-produits pour 10 à 15 milliards de FCFA. Outre cette sortie massive de devises, la question de l’approvisionnement en matières premières a été l’une des principales causes de l’arrêt des activités des Grands moulins du Burkina (GMB). Aussi, le blé du Sourou contribuera un tant soit peu à économiser de l’argent et à alimenter le moulin local. « La récolte du blé représente un grand espoir pour des milliers de producteurs et l’ensemble des meuniers du Burkina Faso », a indiqué Guy Naicash, directeur Exportation des Grands moulins de Strasbourg, partenaire de la Société nouvelle Grands moulins du Burkina (SN-GMB).

« La qualité du blé local n’a rien à envier à celle du blé importé, a-t-il souligné. Avec une capacité de broyage de 20 000 tonnes de blé par an, la société refondée, SN-GMB pourra acheter tout le blé produit au Sourou. C’est le même son de cloche du côté des professionnels de minoterie, boulangerie et pâtisserie.

Leur représentant, Rimon Hajjar s’est réjoui de la réduction des problèmes d’approvisionnement à travers la culture du blé dans la vallée du Sourou. Il a aussi donné l’assurance aux pourvoirs publics d’enlever la production à un prix rémunérateur pour les paysans. Le ministre d’Etat en charge de l’Agriculture, Salif Diallo a pour sa part, invité les acteurs de la filière à privilégier le dialogue pour aplanir leurs difficultés afin que le Programme blé améliore la sécurité alimentaire et réduise la pauvreté au Burkina Faso. « Le développement de la culture du blé dans la zone agro-écologique du Sourou participe à la consolidation des performances alimentaires et économiques du pays », a-t-il rappelé.

Le ministre de l’Agriculture a annoncé que des concertations entre les acteurs de la filière et la direction générale de l’AMVS ont permis d’arrêter le prix de vente du kilogramme (kg) de blé bord champ à 198 FCFA pour la présente campagne contre 250 FCFA pour le kg de blé importé et 350 FCFA celui de la farine sur le marché.

Les producteurs espèrent tirer un grand profit de cette culture. Ils demandent que des initiatives soient prises pour réduire le coût des facteurs de production (engrais, gasoil). « Avant la dévaluation, nous avons produit du blé et nous savons que cette culture est bien rentable », a soutenu Issa Daniel Kientega. Le test des 350 hectares a permis, l’année dernière, de créer 1 024 emplois pour les membres actifs de 130 familles.

Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr)


Des mesures pour réussir le programme blé

1 - Les structures de recherche, l’INERA notamment, ont l’obligation de poursuivre la mise en œuvre du programme de sélection de semences de blé adaptées à la zone agro-écologique du Sourou et de production de semences de base de bonne qualité possédant une valeur boulangère élevée. La multiplication des semences sera réalisée ici même par des producteurs semenciers spécialisés ;

2- Les opérateurs économiques privés exerçant dans le domaine de la transformation (Grands moulins du Burkina et autres transformateurs locaux) avec lesquels les producteurs passeront des contrats, devront leur donner l’assurance que la commercialisation du blé bord champ est garantie. De même l’engagement des boulangers et pâtissiers sera déterminant car l’objectif à terme est d’aboutir à la réduction du prix du pain et de tous les produits à base de froment. Les différents contacts établis à cet effet devront se poursuivre ;

3 - Les producteurs ont l’obligation de respecter leurs engagements de production de blé répondant aux normes de qualité et de satisfaire les besoins des meuniers et boulangers et partant des consommateurs.

(Extrait du discours
du ministre d’Etat, Salif Diallo)


La « résurrection » d’une ancienne culture

L’histoire du blé au Burkina Faso remonte à l’époque coloniale. Sa culture a été expérimentée en 1928. Les recherches agronomiques ont montré que celle-ci est possible en saison sèche froide sous irrigation et impossible en saison des pluies. Elles ont également prouvé que la vallée du Sourou répond aux conditions agro-climatiques pour produire cette céréale. Bien avant la dévaluation du FCFA, des agriculteurs produisaient déjà du blé pour les Grands moulins du Burkina (GMB).

La relance de la culture du blé sonne pour de nombreux paysans de la vallée comme un retour à une activité ancienne. La production de la céréale nécessite de grands moyens hors de la portée des paysans. L’irrigation, la plus adaptée à la culture du blé, est celle par aspersion. Les semailles et la récolte sont mécanisées. Elles nécessitent des machines spécialisées.

Les paysans n’interviennent que pour désherber les champs et mettre les grains en sac. Chaque ménage s’occupe de l’entretien d’environ trois (3) hectares. La production est estimée à 5 tonnes à l’hectare. Le ménage est noté de 1 à 10 selon la qualité de son travail et rémunéré au prorata de sa note.

J.E.

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Vos commentaires

  • Le 20 mars 2006 à 15:38, par Mièlé En réponse à : > Vallée du Sourou : 2000 tonnes pour la campagne 2005-2006

    C’est bien déjà de produire le blé ici mais ce serait mieux si l’Etat se chargeait lui même de la transformation. Laisser la transformation aux français (GMB c’est pesque pour les grands Moulins de Strasbourg) c’est faire toujours comme pendant la colonisation : on produit les matières premières pour alimenter les industries européennes. Aujourd’hui il y a plein d’initiatives qui sont louables mais le problème c’est qu’elles ne sont pas viables parceque l’on ne prend pas en compte toutes les facettes. Comment voulez vous par exemple que la petite irrigation villageoise puisse developper un pays quand on sait que les concurrents ont à la place de nos dabas des machines multi-fonctions ? Il faut cesser de se masturber ! Le developpement ça ne s’essaie pas ; ça se réalise et il faut faire des pas qui nous ne ferons pas revenir en arrière.

  • Le 13 juin 2009 à 09:53, par Eric Brunet En réponse à : Vallée du Sourou : 2000 tonnes pour la campagne 2005-2006

    La vie est un éternel recommencement !
    Durant deux ans j’ai pu travailler sur le projet du Sourou, les pivots,les moissonneuses batteuses, les essais ont fait partie de mon travail journalier.Aujourd’hui je découvre la renaissance d’un site et de son projet de devenir le grenier à grains de l’Afrique.Ayant vécu une sanglante révolution en 1983, ayant eu le plaisir de travailler avec un ingénieur Burkinabais qui avait fait ses études en URSS,j’ai compris que les hommes et les femmes intègres devaient apprendre à travailler comme sur les entreprises agricoles d’Europe.De grosses structures qui avaient l’avantage de palier aux difficultés climatiques de certaines années.Il n’est pas question de renier une agriculture familiale mais celle ci doit être épaulée par une "grosse machine" qui assure la continuité alimentaire de ce merveilleux pays,voire des voisins.C’est aux peuples d"Afrique de découvrir ce juste équilibre entre la technologie et des méthodes ancestrales.Laissons la connaissance européenne diriger l’objectif technique, même si certain croient en un retour de la colonisation, car dans tous les cas la bravoures des Burkinabés a démontrer sa capacité à se rebeller lorsque les "toubabous" dépassent les limites de l’intégrité.Disposant de quelques archives et restant à l’écoute du Sourou amitiés à ce peuple qui m’a énormément apporté et que j’ai beaucoup aimé. Merci...

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