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Opposition Burkinabé : Le vrai problème et le faux débat

Publié le lundi 9 février 2004 à 06h12min

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Depuis un certain temps les leaders de l’opposition et leurs alliés ont trouvé un sujet à mettre sous la dent pour donner l’impression non seulement d’exister mais aussi pour faire croire à un semblant de consensus autour d’un même sujet.

Même s’il est vrai que le sujet intéresse plus d’un Burkinabé, avouons que la manière dont elle s’en est saisi laisse à désirer et traduit par la même occasion une fuite en avant qui ne surprend guère. Vous l’aurez certainement deviné, il s’agit bien évidemment du faux débat sur la candidature du Président du Faso à la présidentielle de 2005.

Me Hermann Yaméogo, président de l’UNDD, cherche à créer son collectif.

La littérature sur le sujet a été vraiment abondante. Chacun allant de ses démonstrations politico-juridiques pour finalement aboutir à une conclusion non moins politique :"Blaise Compaoré doit s’abstenir de se présenter en 2005". Ceux qui ont perdu le sommeil à l’idée de voir Blaise Compaoré se présenter sont plus "violents" dans leur conclusion : "Si Blaise se présente ce sera le chaos". On a l’impression qu’ils se sont tous donné un mot de passe qui ne se résume qu’à la candidature du Président du Faso. Quelle analyse peut-on faire de cette levée de boucliers autour de cette candidature ?

En réalité, ce n’est pas la candidature de Blaise Compaoré en elle-même qui inquiète l’opposition. Parce qu’à ce niveau ,les textes sont clairs comme l’eau de roche. Même le dernier de la faculté de droit n’aurait eu aucun problème intellectuel pour comprendre et bien interpréter ces textes. C’est dire que le problème qui se pose à l’opposition est plus profond que l’interprétation d’un article de notre constitution. Et s’attarder sur la question n’est rien d’autre qu’une perte de temps inutile, voire un manque de lucidité politique qui, à terme aura des conséquences certaines.

Ce qui inquiète alors et fait peur à l’opposition c’est d’abord la réalité du terrain politique. Ensuite l’aura et la personnalité même de l’adversaire. Enfin, l’idée d’aller une fois de plus en rangs dispersés taraude plus d’un opposant et lui fait perdre le nord et la lucidité politique qui sied en de pareilles circonstances.

Que dire de la réalité du terrain ? La réalité du terrain politique est si défavorable qu’il serait fastidieux de vouloir la décrire en intégralité.

Néanmoins, on peut noter que sur le terrain, l’opposition burkinabé reste ce qu’elle est. C’est-à-dire incapable d’être une force alternative, parce que minée par des querelles de leadership où le "moi ou rien" prend toujours le pas sur l’intérêt général. Pour vous en convaincre, essayez de peser ce que vaut aujourd’hui des regroupements comme le G14 et la COB.

Au sein de l’opposition ce ne sont pas les initiatives et les idées qui manquent. Ce sont plutôt les hommes chargés de matérialiser ces idées et ces initiatives. C’est un simple constat. Que n’a-t-on pas entendu à la naissance du G14 ou de la COB ? Que n’a-t-on pas entendu lorsqu’ après les législatives les textes conferaient à Me Hermann Yaméogo le titre de chef de file de l’opposition ?

Pourquoi le chef de file tarde à se concrétiser ?

Autant de questions dont les réponses ne se résument qu’à la démission, aux mésententes, aux peaux de bananes et au manque de vision politique d’une opposition qui, manifestement ne sait pas ce qu’elle veut. Dans un tel contexte et face à un adversaire politique qui se "signale" par sa maturité, son organisation, son savoir et son savoir-faire, l’opposition ne peut que chercher des poux sur un crâne rasé.

En vérité, elle est convaincue que la réalité du terrain lui est défavorable. D’où les fuites en avant en ayant comme seul bouclier l’article 37 de la constitution. De Me Hermann Yaméogo à Me Benewendé Sankara en passant par le professeur Ki Zerbo et autres Emile Paré, tous sont conscients du mal qui ronge l’opposition. Mais, malheureusement ils n’ont aucun remède.

Le mal ne date pas d’aujourd’hui et ce n’est certainement pas à l’orée de 2005 qu’ils trouveront le remède. C’est ce qui inquiète, fait perdre le sommeil et fait peur. Et c’est pourquoi, ils ne peuvent que "s’ériger" contre la candidature du Président du Faso avec des arguments tirés aux chevaux qui laissent "pantois" le plus "incrédule" des juristes en galvanisant plus le camp d’en face.

C’est d’ailleurs pourquoi et comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, même en politique, l’opposition gagnerait à trouver autre chose à mettre sous la dent que l’article 37. Car si "leur" précampagne devait se limiter à la candidature d’un adversaire, il est certain qu’elle échouera le moment venu. Et les récriminations du genre, "il y a eu fraude", "la CENI n’est pas indépendante", n’auront plus de place et ne pourront convaincre personne.

Idrissa Kaboré
L’Hebdomadaire

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