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Dansa Bitchibali, SP de la Semaine nationale de la Culture : "70% des spectacles arrivent pour la première fois..."

Publié le jeudi 16 mars 2006 à 07h52min

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Dansa Bitchibali

"Culture et intégration des peuples", c’est sous ce thème que brillera de mille feux la 13e édition de la Semaine nationale de la culture (SNC), qui se déroulera du 25 mars au 1er avril dans la ville de Sya, à Bobo-Dioulasso.

A moins d’une dizaine de jours de ce grand rendez-vous culturel du donner et du recevoir, le Secrétaire permanent de la SNC, Dansa Bitchibali se prononce sur l’état des préparatifs. Selon lui, cette édition sera celle de la découverte de nouveaux spectacles et d’une totale communion entre les peuples.

Comment vont les préparatifs de la SNC 2006 ?

• Nous sommes à l’étape de la mise en route des dispositions pour le dernier tournant avant la Semaine nationale de la culture. Les commissions, mises sur pied, sont en train de travailler pour remplir leur mission afin d’assurer les milliers d’artistes et festivaliers qui viendront, d’un séjour des plus agréables.

Quels seront les éléments phares en termes d’innovations qui vont constituer le plateau artistique de cette édition ?

• La 13e édition de la SNC va renforcer les acquis des précédentes, singulièrement celle de 2004, qui était la 12e, et apporter des éléments nouveaux, parce que qui dit activité dit aussi possibilités de mettre en exergue les originalités tant du point de vue national que international.

Au niveau du GPNAL, pour la première fois, nous avons des artistes qui viennent de 42 provinces sur 45, ce qui est quand même assez novateur. 70% des spectacles de la SNC arrivent pour la première fois.

C’est vrai que nous avons introduit des disciplines nouvelles comme les vedettes de la chanson traditionnelle, les chœurs populaires, le théâtre, mais dans l’ensemble, les spectacles de cette édition 2006 sont assez originaux et assez bien élaborés en termes de conception chorégraphique et musicale.

En dehors de cela, il faut noter également que nous prenons en compte les spécificités artistiques découvertes lors des Semaines régionales de la culture qui se sont déroulées du 17 novembre dernier au 7 janvier dans les 13 régions.

A ce titre, nous avons près d’une vingtaine de groupes originaux qui vont participer à l’animation des différents plateaux, dans le volet festival.

Cela fait partie des missions de la SNC, qui sont de faire découvrir également aux millions de Burkinabè les multiples facettes de nos expressions. En dehors de cela, il faut noter une bonne participation des groupes étrangers.

Le thème de l’édition, c’est "Culture et intégration des peuples", et il est normal que les artistes créateurs des pays amis de la sous-région puissent s’associer à cette célébration de la rencontre des peuples, du génie des différents peuples qui ont, depuis la nuit des temps, vécu souvent dans une très grande symbiose.

Pour ce qui est de l’organisation pratique de l’événement, nous aurons les compétitions, au Théâtre de l’amitié, pour les arts du spectacle du 26 au 31, avec comme élément phare la Nuit des lauréats prévue pour le 1er avril dans la nuit.

Le Centre culturel Henri Matisse accueillera les compétitions de théâtre, qui signent leur retour après une suspension qui date de Koudougou-Réo 1988.

Il y aura également les compétitions en art plastique avec comme élément nouveau les arts composites, qui sont une forme d’expression prenant en compte les différents types de créations du domaine des arts plastiques. C’est un type de création qui est une forme de synthèse.

Vous avez, par exemple, des créations qui intègrent le batik, la sculpture et la peinture. Cette forme d’expression fait école aujourd’hui au Burkina Faso et vaut à nos artistes des lauriers au plan international.

Il est normal que le plus grand moment de célébration de la vie artistique nationale prenne cette donne en compte. Nous aurons également, au-delà de ces aspects de compétition, une très grande originalité dans les sports traditionnels, particulièrement la lutte qui, pour la première fois, verra la participation de toutes les sensibilités en lutte traditionnelle au plan national ; en témoigne la participation des lutteurs dogon de la région de Djibo, ceux de la région de l’Est, du Gulmu, des participants de l’espace gourounsi, notamment les Lélé, les Nuni, les Nuni kô, les Ouiné, les Bobo, les San. Nous aurons aussi des lutteurs de la zone Toussiana et Péni.

C’est donc à peu près 105 lutteurs qui seront présents, et nous avons introduit pour cette édition le pool jeune, à travers cinq catégories.

La SNC, c’est également l’art culinaire, et nous enregistrons un record jamais égalé au cours de cette édition.

En effet, 65 participantes ont été sélectionnées sur tout le territoire national dans quatre (4) rubriques. Il s’agit des plats lourds, légers, boissons et dessert.

Dans le volet festival, l’élément phare pour cette édition sera le village des communautés, élaboré à la lumière du thème, c’est-à-dire "Culture et intégration des peuples".

Nous allons encore mettre en exergue les rapports multiséculaires qui lient nos communautés au plan national. C’est le cas de la parenté à plaisanterie. Les communautés étrangères résidant chez nous, ici, vivront également en symbiose la fête de la culture burkinabè par une mise en évidence de la grande diversité culturelle de leur pays d’origine.

Quant aux plateaux off, ils ont une vocation d’aller vers le grand public. Nous disposerons de deux podiums équipés et gérés par des professionnels du son et de la lumière.

Ces plateaux seront animés de 16 heures à 18 heures, puis de 22 heures à 02 heures du matin du côté du rond-point de Dafra, et de la Place Tiéfo Amoro, c’est-à-dire la place de la gare de Bobo-Dioulasso.

Sur ces plateaux, les groupes en compétition, vedettes comme troupes traditionnelles, vedettes nationales émergentes ou confirmés, se produiront. La SNC a donc comme philosophie de permettre à l’ensemble des créateurs de se retrouver pour créer un moment d’échanges et d’expressions de talents.

Des artistes des pays amis sont attendus. Il s’agit du groupe Babanga de Cocody, dernier lauréat du Triangle du Balafon, qui s’est tenu en Juin 2005 à Sikasso au Mali ; de l’orchestre Kanaga de Mopti, trois fois lauréat de la Biennale artistique et culturelle du Mali, une manifestation quasi similaire à la SNC.

Nous ferons appel également au groupe de Pape Fall du Sénégal, qui est un excellent ensemble de musique, aux masques Tiéblengué du Mali dans la région du Wassoulou, ainsi qu’aux masques Koumpo de Gambie.

Toujours parmi les invités, il y a les jongleurs Yacouba de la région de Man en Côte d’Ivoire, les Peulhs Bororo du Niger et une troupe de Taïwan.

Ces différents groupes prendront part d’abord au grand carnaval, prévu en prélude à l’ouverture de la SNC, qui sera animé par plus de 3 000 artistes et groupes.

L’inédit, je ne vais pas vous le révéler pour l’instant, il s’agit d’un magicien mondialement connu pour ses talents, qui viendra de France. Cela constituera une toute première en Afrique.

Lors de cette édition, la Foire commerciale, qui grandit d’édition en édition, se verra renforcer. En effet, nous allons intégrer dans le volet gastronomie une galerie de la gastronomie burkinabè ; une façon d’établir la jonction entre la compétition et la disponibilité des mets traditionnels pour les milliers de festivaliers.

Ce sont, entre autres, les éléments qui vont constituer l’essentiel de la SNC sans oublier les activités prévues pour les enfants à l’espace Rencontre jeunesse Dafra.

Depuis un moment, un spot publicitaire convie le public à l’édition 2006 de la SNC ; Bobo dispose-t-elle de cadre adéquat pour faire face à une marée humaine ?

• Bien sûr. Bobo a cette habitude des grands événements de ce type. Il appartient à Bobo, comme il a l’habitude de le faire, d’ouvrir son cœur aux milliers d’artistes et festivaliers qui viennent, parce que nous estimons que la SNC est une grande école, et que chacun doit aller à la source pour en tirer les instructions et les leçons qui pourront lui permettre d’orienter son avenir.

A combien peut-on chiffrer le budget de cette SNC ?

• Vous m’offrez l’opportunité de remercier le gouvernement burkinabè, qui consent des efforts très louables pour soutenir la SNC. Pour cette édition, il a encore apporté sa contribution.

Et quel est le taux de la participation de l’Etat ?

• La participation de l’Etat est à hauteur de près de 90% du budget réel de la SNC. Nous travaillons à trouver des partenaires qui pourront nous permettre d’aller vraiment à la hauteur de nos ambitions.

A combien monte le budget prévisionnel ?

• Les budgets sont toujours fluctuants. Je ne peux pas vous donner la hauteur du budget pour le moment.

Y a-t-il une formule pour la promotion des lauréats entre deux éditions ?

• Le département en charge de la Culture a une grille d’activités qui vise à assurer la découverte des talents au plan national et la promotion d’artistes consacrés ou révélés à l’occasion de grandes rencontres telle que la SNC.

C’est ainsi que depuis un certain temps, le ministère de la Culture est initiateur de plusieurs activités, dont, par exemple, la caravane du Sahel, qui a permis de rendre visible la production artistique du Burkina Faso en Côte d’Ivoire, au Mali et au Ghana.

Il y a également des opérations comme « Burkina y a laafi » en Belgique, où beaucoup de lauréats de la SNC ont eu à prendre part. Il y a eu des invitations, à l’extérieur, de la part du Festival des danses et musiques traditionnelles de Taiwan, auquel un des lauréats de la SNC a participé ; du Festival Bouka, en Martinique et en Guadeloupe, où le lauréat en création chorégraphique de la SNC était.

La dernière édition de la Biennale artistique et culturelle du Mali, qui s’est tenue au mois de septembre dernier, a enregistré la participation du lauréat en danse traditionnelle de l’édition 2004 de la SNC, le groupe Niketa de Dédougou. Voici une série d’actions qui mérite d’être soutenue par des initiatives privées.

Malheureusement, l’une des faiblesses de notre action de promotion, c’est que le secteur privé et associatif n’arrive pas à accompagner à hauteur souhaitée l’effort de promotion que l’Etat déploie pour une plus grande visibilité de nos créations artistiques, mais surtout pour une carrière beaucoup plus brillante de nos créateurs.

Et ce qui est surprenant, c’est que dans certaines disciplines, les lauréats sont beaucoup plus connus au plan international. Je veux parler des arts plastiques, où les lauréats sont, aujourd’hui, mondialement connus. Ils ont initié des actions qui sont très bien approuvées et appréciées au plan international.

On sait que la foire commerciale fait l’objet de grande attraction par les festivaliers, mais également par les populations de la ville ; qu’est-ce qui est fait pour éviter des drames comme les incendies ?

• La seule édition où nous avons vu des incendies à la foire, c’était en 2002. Nous avons résolu ce problème tant du point de vue financier que juridique.

Cela nous sert quand même de leçon pour envisager la gestion de la foire, qui est un espace de très grande affluence, avec beaucoup plus de professionnalisme dans la conception des plans, dans la conduite de l’installation des tentes, et dans le suivi quotidien, en amont, pour éviter toute surprise désagréable.

Cela permet d’amoindrir les dégâts au cas où il y aurait des problèmes de ce genre, voire les éviter. La leçon de 2002 nous a permis d’améliorer nos performances en matière de sécurité d’une manière générale, et spécifiquement sur l’aire dont vous parlez.

Quelles sont les dispositions prises pour une meilleure couverture médiatique de l’événement ?

• Nous sommes sur un terrain de très grande fraternité avec les médias nationaux. En attendant que des voix plus autorisées se prononcent par rapport à cet aspect des choses, j’aimerais profiter de votre tribune pour féliciter les médias nationaux pour les efforts qu’ils ont consentis jusqu’à présent, et dire que nous n’aurons jamais suffisamment de moyens pour permettre à la presse de travailler à la hauteur souhaitée.

Nous nous mettrons, dit en dioula, "en be ka", c’est-à-dire à l’étroit, pour vivre ce très grand moment de chaleur humaine avec les amis des médias. C’est vrai, les conditions ne sont pas toujours excellentes, mais avec un peu de compréhension et d’échanges, nous arrivons généralement à assurer à chacun le minimum nécessaire pour le séjour et la couverture médiatique de l’événement.

Qu’est-ce qui empêche, aujourd’hui, Bitchibali de dormir ?

• L’organisation de la SNC est très prenante en amont. Nous avons commencé, il y a 5 mois maintenant, avec les phases préliminaires. Présentement, l’accent est mis sur la coordination des actions au niveau du comité national.

Nous sommes surtout dans une attente avec exaltation de l’ événement, car il est une école pour nous tous. En fait, ce n’est pas de l’angoisse, mais c’est avec un enthousiasme redoublé que nous essayons de travailler pour que les artistes et les festivaliers se trouvent dans un milieu très accueillant pour la pleine expression de leurs talents.

C’est aussi leur permettre de vivre pleinement la fête sans entraves. Nous ne sommes pas sous pression telle que vous le pensez.

Ne craignez-vous pas que les élections locales en vue ne jouent sur une participation massive à la SNC 2006 ?

• Je ne pense pas. La SNC est un espace de chaleur. Ce sera une édition de grande mobilisation de la population, pour ceux qui connaissent l’intérêt de la culture dans tout processus de prise en compte des communautés de leur propre destin, et la place de la culture dans tout processus de développement. La SNC 2006 sera un excellent ferment. Je m’attends à une très grande affluence lors de cette édition.

Un message ?

• A l’adresse des partenaires, singulièrement les premiers responsables de la région, je dirais que la SNC est une tribune incroyable qui permet d’une part à la ville de Bobo d’avoir un avantage que rare de villes de la sous-région peuvent bénéficier. Il serait intéressant que Bobo, comme à l’accoutumée, puisse se mobiliser autour de l’événement.

Que chacun, en ce qui le concerne, puisse ouvrir son cœur, être disponible, prêt à se sacrifier pour tous ces étrangers qui vont se déplacer. Pour la solidarité, c’est à Bobo que ce défi est lancé. J’ose donc croire que toutes les compétences se mobiliseront autour de l’événement.

Ensuite, j’ai une reconnaissance pour tous ces gens de l’ombre qui sont en train de travailler dans l’anonymat pour permettre à la manifestation de connaître l’éclat souhaité.

J’ai une pensée également pour tous les décideurs, les autorités de ce pays, qui acceptent de nous accompagner de façon constante afin de permettre à la SNC de grandir dans les cœurs et de conquérir d’autres espaces en termes de promotion de la grande diversité culturelle burkinabè.

Enfin, une pensée pour les responsables des régions et des provinces, qui se battent pour entretenir la flamme de la culture au plan provincial.

Entretien réalisé par Cyr Payim Ouédraogo
L’Observateur Paalga

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