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Visite de Blaise Compaoré en Mauritanie : Le second souffle

Publié le jeudi 16 mars 2006 à 08h25min

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B. Compaoré et Ely Ould Mohamed Vall

Sur invitation de son homologue mauritanien, Ely Mohammed Ould Val, le président du Faso, Blaise Compaoré, effectue une visite d’amitié et de travail en Mauritanie du 16 au 17 mars 2006.

La politique entre Etats est très souvent marquée par des hauts et des bas. Entre le Burkina Faso et la Mauritanie, les malentendus (pour la plupart entretenus par Nouckchott) se sont multipliés au cours des années 2000 au point qu’entre les deux pays, les rapports n’existaient que de nom. Objet de la discorde, cette prétendue implication du Burkina Faso dans les affaires intérieures mauritaniennes du fait de la présence d’opposants au régime Ould Taya à Ouagadougou. Une présence qui s’expliquait par l’option prise par le Burkina Faso depuis une décennie, de favoriser le dialogue pour la résorption des crises intra-étatiques. Avec la multiplication des conflits dans la région ouest-africaine, le Burkina Faso s’est impliqué dans leur résolution avec un son de cloche différent : la nécessité de considérer chaque partie, ce qui n’a pas rencontré l’assentiment de Nouakchott.

Pour Ould Taya, le Burkina Faso n’était rien d’autre que la « base - arrière » des « déstabilisateurs » de tout acabit en association avec d’autres pays africains. C’est ainsi que l’on a suivi avec effarement, le scénario de la dernière tentative du « putsch » contre Ould Taya dans laquelle le Burkina Faso et la Libye devaient tenir un rôle principal, eux qui avaient « stipendié et armé » les cavaliers du changement pour accomplir ledit putsch.

Blaise Compaoré et Ely Ould Val. Une concordance de vues sur nombre de points, toute chose qui augure d’un voyage fructueux.

Une fable à laquelle Nouakchott croyait si bien qu’après avoir délégué un émissaire porteur d’un « message de guerre » à Blaise Compaoré, les autorités de Nouakchott n’avaient pas hésité, par le biais d’une radio étrangère, à vilipender gratuitement notre pays. En retour, Ouagadougou fidèle à son habitude, a opposé la sérénité de ceux qui ne se reprochent rien face à cette cabale. Une cabale dans laquelle, malheureusement, des opposants en quête de subsides ont participé, en « renseignant » (vous avez dit intox ?) sur les mouvements des opposants mauritaniens au Burkina Faso.

Plutôt que d’instaurer le débat démocratique pour résoudre le mal mauritanien dont chacun sait qu’il résulte d’un déficit en matière de droits humains, héritage d’un passé obsolète, Nouakchott choisissait l’option belliciste alors que celle-ci n’en a jamais été une, son issue étant obligatoirement incertaine. Et l’on sait ce qu’il advint, Ould Taya ayant été balayé du pouvoir par ses frères d’armes alors qu’il était en déplacement hors de son pays.

Lui qui se prétendait revêtu de la légalité et de la légitimité populaires, n’aura guère été pleuré par ses compatriotes qui ont perçu dans son départ, une opportunité de résorber la fracture sociale et politique. Ce, d’autant que son tombeur, le colonel Ould Val avait fixé un « dead line » à la transition (deux ans) avec un échéancier politique clair. Dans cette occurrence, l’opposition radicale composée pour l’essentiel de Négro - mauritaniens, longtemps opprimés ainsi que de certains maures éclairés, ne pouvait que prêter une oreille attentive à ce discours qui, à terme, vise à faire de la Mauritanie un pays réellement démocratique.

Certaines personnes jusque-là indésirables dans leurs pays, se promènent tranquillement dans les rues de Nouakchott et l’équipe au pouvoir a déjà entamé le premier round des négociations. Mieux, Ould Val a renié les errements de son prédécesseur en effectuant une longue visite à Ouagadougou à l’occasion de l’investiture du président Compaoré. Il y a juste une décade, il dépêchait un émissaire à Ouagadougou pour inviter Blaise Compaoré à se rendre en visite en Mauritanie.

Lequel Compaoré ne pouvait rester de marbre devant tous ces gages de bonne volonté et a donc répondu favorablement à cette invitation. Une invitation dont les bénéfices seront réciproques, en raison de nombreuses opportunités de coopération qui peuvent exister entre les deux pays.

Agriculture, élevage, hydrocarbures, autant de domaines à fructifier pour deux pays que la lutte contre la pauvreté doit rapprocher.

Et puis, Blaise Compaoré a une connaissance vaste et pointue du dossier mauritanien et son expertise en matière de résolution des conflits (Tchad, RD Congo, rébellions touarègues, Soudan, Liberia, Togo...) pourra être d’un grand secours pour son ami et frère Ould Val.

Un voyage utile, en définitive, qui va redonner vie à des relations moribondes et ouvrir peut-être la voie à un retour de la Mauritanie dans le giron ouest-africain. Pour tout dire, la pluie d’hier est partie avec son froid.

Boubacar SY


La Mauritanie en chiffres

- Date d’indépendance : 28 - 11 - 1960
- Superficie : 1 026 000 km2
- Population : 2 600 000 habitants en 1999 dont 70% de Maures parmi lesquels des Noirs (Haratines) 40% et des Blancs (Béidanes) 30%. 30% de Négro-africains (Peulhs, Ouolofs et Soninkés).
- Principales villes : Nouakchott, Nouadhibou, Kaêdi, Rosso.
- Economie : PNB (en 1998) : 430 par habitant. Taux de croissance (en 1997) : 4,7%. Dette extérieure (en milliards de $) 1999 : 1,4.
- Agriculture : Terres (en milliers d’ha 1981) : arables : 205, cultivées en permanence : 3, pâturages : 39 250 ; forêts : 15 134 ; eau : 30.
- Pêche : (en 1996) : 523 000 tonnes.
- Elevage : (en milliers de têtes, 1997) : Ovins : 6 200, caprins : 4 133, camélins : 1 182 ;
- Mines : Fer, or, cuivre, diamant, gypse, sel gemure, phosphates.
- Commerce : Rang dans le monde : 4e, camélins, 11e, fer.

NB. : La Mauritanie rentrera bientôt dans le cercle des pays producteurs de pétrole avec la découverte d’importants gisements.
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Communiqué de presse

Le président du Faso en visite en Mauritanie

A l’invitation du président de la République de Mauritanie, M. Mohamed Ely Ould Val, le président Blaise Compaoré effectuera une visite d’amitié et de travail à Nouackchott, les 16 et 17 mars 2006.

Cette visite confirmera la volonté des deux hommes d’Etat de renforcer les relations entre le Burkina et la Mauritanie. Cette option s’était déjà manifestée en décembre 2005, lors de la visite du chef de l’Etat mauritanien au Burkina. Venu assister à l’investiture de M. Blaise Compaoré à la magistrature suprême, M. Mohamed Ely Ould Val avait souhaité que toutes les opportunités de coopération soient exploitées.

Sidwaya

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