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Drissa Salou, directeur régional des Ressources animales de l’Est : « Nous allons travailler à la sécurisation des activités pastorales »

Publié le samedi 11 mars 2006 à 07h13min

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Drissa Salou

Géotechnicien de formation, marié et père de cinq enfants, Drissa Salou tire, de cet entretien accordé à Sidwaya, les grandes conclusions de la tournée que le ministre des Ressources animales a effectuée à l’Est du Burkina, du 02 au 05 février dernier. Il fait l’inventaire du cheptel dans la région qu’il dirige et dit ce qu’il faut pour mieux valoriser les ressources animales.

Sidwaya Plus (S.P.) : Le ministre des Ressources animales a effectué une tournée dans la région de l’Est dont vous avez la charge du 2 au 05 février 2006, quels sont les enseignements que vous en tirez ?

Drissa Salou (D.S.) : Je suis très ravi de cette sortie du ministre des Ressources animales qui est une première dans la région de l’Est. Le choix de cette région repose sur l’importance de son cheptel. Je crois que le premier responsable du département l’a compris, voilà pourquoi il a commencé par l’Est. Car cette région peut contribuer à l’atteinte des missions assignées à notre département. Il faut reconnaître que cette sortie du ministre a permis de baliser le terrain et de poser, à travers des débats francs et directs, les problèmes des ressources animales à l’Est. Les uns et les autres ont ainsi pu échanger et partager leur compréhension des difficultés auxquelles les producteurs de l’Est sont confrontés.

Ils ont par ailleurs évoqué leurs préoccupations et leurs attentes pour la valorisation des ressources animales. Nous, acteurs à la base, avons reçu des orientations étant donné que nous sommes au début d’un quinquennat, avec des missions clairement définies pour développer la filière élevage.

S.P. : Quels vont être les principaux axes de votre action pour les cinq années à venir ?

D.S. : Nous devons travailler pour la sécurisation des activités pastorales. Dans le cadre de la Xe édition de la Journée nationale du paysan, le thème se référait à la sécurité foncière et comme la terre est un substrat pour le développement des activités pastorales, nous allons nous appliquer à la sensibilisation des différents utilisateurs.

Etant donné que la question foncière ne relève pas uniquement du domaine des ressources animales, il y aura un forum en avril prochain sur la sécurisation foncière qui donnera des orientations afin que les différents acteurs puissent travailler dans la quiétude. Le ministre des Ressources animales a exhorté les éleveurs à mener des réflexions afin de mieux participer à ce forum national.

Nous, nous allons réfléchir sur tous ce que nous avions entrepris comme activités de sécurisation pastorales, c’est-à-dire l’aménagement des zones pastorales, leur identification, les pistes à bétail, les zones de pâture pour mieux les adapter au contexte actuel en vue de mieux responsabiliser les acteurs.

S.P. : Quel lien faut-il établir entre la sécurisation foncière, la responsabilisation des éleveurs et la décentralisation en cours ?

D.S. : Il faut que les acteurs puissent d’abord être représentés dans les instances de décision. A ce niveau, nous, service technique, nous pouvons les accompagner pour leur donner les différentes possibilités de la sécurisation foncière. Nous ne pouvons que les aider à s’insérer dans les systèmes de concertation, de représentation et ensuite les aider à mieux pratiquer leurs activités.

Comme le disait le premier responsable, nous sommes conscients que notre système d’élevage actuel n’est plus adapté aux réalités et nous devons travailler à faire en sorte qu’il soit mieux adapté. C’est avec la décentralisation et la responsabilisation totale des acteurs que nous pourrons le faire.

S.P. : La région de l’Est compte combien de têtes de bovins, d’ovins, de caprins...?

D.S. : Région d’élevage par excellence, l’Est compte environ 800 mille têtes de bovins, près d’un million 200 mille têtes d’ovins et plus de 600 mille têtes de caprins. C’est un effectif très important qui place la région de l’Est au 3e rang national en terme d’effectif du cheptel.

S.P. : Dans l’Est du Burkina, les conflits agriculteurs/éleveurs sont récurrents. Comment gérez-vous cette situation en tant que service technique ?

D.S. : Effectivement, notre région a une pluviométrie assez bonne, ce qui fait que sur le plan alimentaire, nous sommes mieux lotis par rapport à d’autres régions. Ainsi, à certaines époques, il y a un déplacement très important des animaux vers la région, surtout ceux transhumant vers les pays frontaliers, d’où les conflits entre agriculteurs et éleveurs. Quand il y a conflit, la première décision est de voir si les différents acteurs peuvent se concilier. S’il n’y a pas de conciliation, l’affaire est soumise aux autorités administratives qui tentent de réconcilier les deux parties. Aussi, avec la loi d’orientation relative au pastoralisme qui a un contenu clairement défini, nous essayerons d’informer les différents acteurs sur son contenu dans le but d’expliquer à chacun le comportement recommandé dans l’utilisation des ressources naturelles, car c’est l’exploitation des ressources et le déplacement des animaux qui causent les conflits.

De plus, nous travaillons à identifier des zones de pâture, des pistes à bétail pour éviter les conflits entre les éleveurs et les agriculteurs.

S.P. : En dehors des conflits agriculteurs/ éleveurs, quelles sont les autres difficultés auxquelles l’élevage est confronté dans la région de l’Est ?

D.S. : En dehors de ces conflits liés au foncier, nous assistons à une recrudescence de produits prohibés sur le marché.

Ce sont des produits vétérinaires (des déparasitants, des tripanocides) qui envahissent les marchés. Ces produits coûtent moins cher, donc les éleveurs se rabattent là- dessus, ce qui provoque des maladies émergentes que nous commençons à constater. Une autre difficulté est le nombre réduit d’encadreurs des éleveurs, des techniciens vétérinaires. Nous n’avons que trois vétérinaires privés, deux à Fada et un à Bogandé, ce qui est insignifiant, vu les potentialités de la région.

S.P. : Face à l’étroitesse du marché, que faut-il pour faciliter la commercialisation des produits animaliers par les éléveurs ?

D.S. : Dans ce domaine, l’entretien avec le ministre a permis de baliser des solutions qui, si elles sont mises en œuvre, vont permettre aux acteurs de l’élevage d’accéder plus aisément au marché. Car, jusque-là l’inorganisation des éleveurs a été l’une des difficultés qui freinent l’écoulement, voire la commercialisation des produits animaliers. Pour lever ces barrières, le ministère des ressources animales va travailler avec les différents partenaires pour asseoir des unités marchandes telles que les marchés à bétail dans la région.

Donc l’accès des producteurs aux marchés est un souci de notre ministère. Nous sommes en train d’organiser les éleveurs pour qu’ils puissent aller à la recherche de marché parce qu’il faut reconnaître que ce n’est pas l’Etat qui va chercher les marchés pour eux.

Nous leur donnons, de ce fait toutes les informations pour qu’ils puissent le faire.

S. Nadoun COULIBALY (coulibalynadounzoo@yahoo.fr)
Sidwaya

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