Pour la petite histoire, Moah, orphelin de douze ans, du village de Kayo, rencontre sur un pont hanté un "étrange vieillard" qui lui dévoile son destin. Il perd soudainement la parole. Il ne communique plus avec son entourage. Sa famille plonge dans le désarroi. L’invisible vieillard l’enrôle à sa solde en lui imposant un jeûne initiatique de trois jours.

Dramane, son oncle, fait appel au marabout du quartier et au sorcier le plus réputé de la contrée pour conjurer le sort. Mais peine perdue, Moah reste réticent à toute tentative de délivrance. Il ne coopère point. Les tentatives de désenvoûtement se soldent par des échecs. En désespoir de cause, la famille de Moah, musulmane, sollicite les services d’un prêtre catholique, l’abbé Wendtoên, pour sa libération... le compte à rebours d’un combat implacable commence... C’est en substance cette aventure que les cinéphiles burkinabè vivront sous la forme de ce long métrage intitulé "Moah, le doigt de Dieu" et sous peu. C’est une fiction de 52 mn en français produit par le responsable de CREDO Média qui en est également l’auteur du scénario.

Sa réalisation incombe au réalisateur Dominique Zeida et à son équipe qui, par l’entremise du ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Aline Koala (c’est elle qui a donné le top de départ du tournage), ont commencé la mise en forme de cette aventure pleine de suspens en cette matinée du dimanche 5 mars sous le regard de quelques acteurs du monde du cinéma burkinabè et des habitants de Saaba.

D’ailleurs, après avoir assisté à la première scène du film dont le tournage durera dix jours, la ministre Aline Koala a salué l’initiative des géniteurs de la future œuvre qu’elle n’a pas manqué de féliciter et d’encourager ; montrant même par la suite sa générosité en leur donnant une petite enveloppe, histoire de soutenir leurs efforts. Un geste que les bénéficiaires ont salué à sa juste valeur, promettant de s’en servir à bon escient. Sur un ton d’ironie, Aline Koala dira en ce qui concerne la bonne marche du tournage, et en rapport avec le scénario, ceci : "Que Dieu vous bénisse et que le démon s’éloigne". Une boutade qui a fait marrer l’assistance.

S’agissant des acteurs qui vont jouer dans le film, des grands noms du 7e Art burkinabè apparaissent : Alassane Dakissage, Hyppolite Wangraoua, Blandine Yaméogo... L’acteur principal du film, Moah, est incarné par un novice, Auguste Bonkoungou, élève en classe de 4e au Juvenat garçons de St-Camille et qui, pour la toute première foi de sa vie, s’essaie au cinéma. Comment en est-il arrivé là ?

Il dit avoir participé à un casting qui a regroupé dix (10) élèves et à l’issue duquel, il s’est vu confié ce rôle. A la question de savoir pourquoi un tel film qui, par le truchement de l’exorcisme, pose le problème du mal souvent manifesté par la possession ou l’envoûtement et partant, l’apport de la foi révélée pour en venir à bout, son auteur-producteur, S. Bernard Yaméogo, est très clair.

Pour lui, "Moah, le doigt de Dieu" apporte une réponse à la préoccupation suivante : "Au nom de la religion, peut-on sacrifier les valeurs fondamentales de la coexistence pacifique ?" étant donné qu’il a constaté avec amertume qu’une certaine intolérance religieuse est stratégiquement entretenue ou instrumentalisée à des fins politiciennes et qu’elle sert parfois même de couverture pour justifier des prises de positions qui vont aux antipodes même des enseignements des grandes religions révélées.

Estimé à environ 15 millions de nos francs, "Moah, le doigt de Dieu" sera entièrement tourné à Saaba et mis sur support DVCAM PRO. Il sera disponible pour le public d’ici fin mars ou au début du mois d’avril 2006. Par ailleurs, CREDO Média est une structure qui existe depuis 2001. Elle a déjà produit une série pour enfants de 7 épisodes intitulée "Lili et Madou" et une autre de 3 épisodes intitulée "Madou, le petit berger". "La coépouse chinoise", un documentaire de 26 mn sur le textile chinois et les pagnes traditionnels burkinabè est à mettre aussi au compte des réalisations de cette structure.

Kader Patrick Karantao

Stagiaire

Observateur