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Elimination des Etalons : L’heure du jugement

Publié le jeudi 5 février 2004 à 10h00min

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Après l’humiliation, la colère, place est faite peu à peu aux interrogations. Dirigeants, joueurs et entraîneurs... tout le monde se pose des questions. Que va-t-il arriver maintenant ?

L’orgueil du tout Burkina a été véritablement écorché (le mot est faible) dans cette CAN 2004. Mais la triste réalité est là implacablement affichée. Pour la énième fois, l’histoire s’est répétée pour le Burkina. Non seulement les Etalons ont loupé l’occasion d’épingler la première victoire dans une CAN à l’extérieur face au petit poucet de la poule, le Kenya, mais les ambassadeurs du Burkina ont donné l’impression d’avoir opté pour la démission. La colère des supporters mais surtout celle de ces citoyens qui ont mis la main à la poche pour offrir des conditions en or à l’équipe du Burkina à cette messe africaine est légitime. C’est peu dire que le football Burkinabè, comme cela est coutume au lendemain des 5 dernières CAN, est en proie à une crise. Et tout naturellement il faut un électrochoc pour dégripper un tant soit peu la machine. Là tout le monde va de sa conviction, souvent de sa colère.

"Restons à la maison !"

Nombre de Burkinabè n’arrivent pas à contenir leur ras-le-bol. "Y-a-en a marre de ces multiples déceptions. Restons à la maison le temps de grandir et avoir une bonne équipe avant de revenir sur la scène continentale," proposent d’aucuns. Ces gens d’avancer l’exemple du Sénégal et du Mali qui ont pris du recul entre temps et sautent mieux aujourd’hui. Effectif. Mais que personne ne se trompe. Les bons résultats de ces deux pays trouvent leurs explications ailleurs et non dans leur retrait que l’on veut stratégique. Le Mali et le Sénégal, à travers leurs anciennes stars basées en Europe ont développé une politique de placement de leurs joueurs dans les championnats français, anglais, italiens... qui constituent d’excellentes écoles de football sur la planète terre. Voilà pourquoi ces pays ont des "pros" à la pelle qui améliorent la qualité de leur football. Chez nous, une telle fenêtre n’existe pas. Sinon le "si beau produit" de Planète champion, la promotion des Soumaïla Tassembédo, Gaston Rouamba et autres n’allait pas rester là perdre leurs riches talents.

Les Etalons doivent rester sur la scène continentale car c’est là qu’ils apprendront même si le temps d’apprentissage est long.

Rabier, le premier fusible

Ce se serait étonnant pour personne que le sélectionneur national, Jean-Paul Rabier, soit le premier à faire les frais de la débâcle des Etalons. Dans ces toutes premières déclarations d’après match, il a essayé de tirer la couverture de son côté, indiquant qu’on ne peut pas trop s’en prendre à lui. Car "il n’avait pas des joueurs compétitifs" pour accomplir sa mission. Effectivement ce n’est un secret pour personne, que nos "pros" n’ont pas la confiance de leur coach dans leur club respectif. Mais Rabier qui a été voir chacun des joueurs burkinabè en situation dans son club ne peut pas dire qu’il a été surpris.

En clair, il savait dans son for intérieur que l’aventure des siens tournerait à la honte dans cette CAN. Pourquoi a-t-il conduit les Etalons dans une cause qu’il savait d’avance perdue ?

Le porte-parole des joueurs, Rahim Ouédraogo, a étonné plus d’un en révélant que Rabier leur avait annoncé pendant le stage de Toulon qu’il ne continuera pas avec les Etalons après la CAN. A quoi rime cela ? Pendant qu’il s’apprête à aller sur le champ de bataille, est-ce que c’était opportun d’annoncer sa prochaine défection ?

Mais il l’a fait. Il ne lui manquait plus qu’à faire sa valise à l’avance. Les choix techniques de l’entraîneur annonçaient une sortie ratée des nôtres. Figurez-vous qu’à un joueur près, l’équipe qui a joué contre le Kenya était celle que Rabier avait proposée pour affronter le Sénégal. Il a fallu que les membres fédéraux outre-passent leur rôle pour convaincre le technicien français de revoir sa copie. Et on a eu le nul. Pour le deuxième match, les membres fédéraux disent n’avoir pas cherché à modifier quoi que ce soit dans le classement de Rabier. Le choix du coach dans le 3e match a suscité selon les aveux des membres fédéraux présents à Tunis des inquiétudes.

Ils avouent avoir demandé au coach de revoir son classement. Rabier refusera. Et pour couper court aux débats et mettre tout le monde devant les faits accomplis, il convoqua séance tenante, ses joueurs pour leur communiquer le classement du jour. Dès lors, on ne pouvait plus rien faire. Ce fut le chaos. Mamadou Kéré transformé en défenseur, Ousmane Traoré titularisé, les Etalons étaient visiblement mal à l’aise. La gestion technique du match par Rabier a été une catastrophe. Soit le technicien français était décidé à faire du tort à ses employeurs, ou objectivement il est limité.

Jérémie NION (jery15@hotmail.com )
Sidwaya

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