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Mme Sari Suomalainen : "Au Burkina la transition vers un Etat de droit et la démocratie se poursuit"

Publié le samedi 4 mars 2006 à 07h24min

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Sari Suomalainen

Calme, le ton mesuré, Mme Sari Suomalainen qui est le chef de la délégation de la Commission de l’Union européenne au Burkina Faso a bien voulu se prononcer sur l’actualité politique du Burkina. Tout en s’appesantissant sur la coopération entre son institution et le pays des Hommes intègres, Mme Sari est optimiste au sujet du Burkina qu’elle dit être sur les rails de la démocratie.

A la veille de la journée internationale de la femme qui sera célébrée le 8-Mars prochain, elle tire son chapeau aux femmes battantes qui s’illustrent au premier rang des décideurs politiques à travers le monde.

L’Hebdomadaire du Burkina (H.B) : Excellence, le Burkina Faso vient de sortir d’une élection présidentielle qui a vu la participation d’une dizaine de candidats. Comment avez-vous apprécié l’issue de cette campagne ?

Excellence Mme Sari Suomalainen (S.S) : Effectivement vous touchez les points qui sont au cœur des valeurs conjointes que les pays ACP et les pays de l’Union européenne se sont données en signant l’accord de Cotonou qui nous réunit autour des efforts d’appui au développement des pays ACP.

Quand vous parlez des élections présidentielles, si on regarde attentivement les éléments essentiels : l’Etat de droit, la démocratie... sont des valeurs qu’on partage.

Pour nous, on pense que les élections présidentielles au Burkina démontrent bien que la transition vers un Etat de droit et la démocratie est en cours et se poursuit.

Il y a les aspects des élections qui se font régulièrement, il y a des campagnes, il y a des éléments qui composent les objectifs que nous nous sommes fixés. Donc naturellement tous ces exercices un peu partout dans le monde même en Europe ont évolué avec un peu de fragilité.

H.B : L’aide de l’Union européenne est souvent conditionnée par la bonne gouvernance, le respect des principes démocratiques et des droits de l’Homme etc. Quelle analyse faites-vous de l’évolution de ces trois principes chers à l’Union au Burkina Faso ?

S.S : Oui ! C’est ce que je disais tout à l’heure que nous faisons une appréciation positive dans le sens que les efforts se poursuivent et la transition est en cours. Il y a une fragilité de gouvernance aussi bien politique qu’économique qu’on peut constater, mais le travail continue. Il y a le multipartisme, les élections, les réformes qui sont en cours...

Mais il y a toujours des défis. Naturellement, c’est pour ça justement qu’on a ensemble décidé d’avoir des efforts particuliers en appui institutionnel et autres.

H.B : Quel est le champ d’intérêt principal de votre institution dans la lutte contre la pauvreté au Burkina ? Quel est l’état de cette intervention et les chantiers futurs ?

S.S : Le champ d’intérêt en premier lieu comme vous le savez on est avec les autres partenaires engagés à travailler dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (Ndlr CSLP). Donc l’objectif principal est d’appuyer les efforts du Burkina dans les priorités qui sont exprimées dans le CSLP. Pour avoir un impact des activités qu’on mène et qu’on finance on a trois secteurs de concentration de nos activités. Le premier secteur est d’appuyer le CSLP à travers l’appui budgétaire non ciblé.

Le deuxième secteur de concentration est l’infrastructure routière où on finance les activités de réhabilitation de routes principales.
Le troisième se concentre sur l’appui au développement rural, surtout le côté sécurité alimentaire.

H. B : Excellence, les difficultés socioéconomiques constituent des obstacles au progrès, certes, mais la pandémie du VIH/Sida contribue à poser de nos jours un sérieux problème de développement. L’Union européenne a-t-elle pensé à agir maintenant ?

S.S : l’Union européenne agit depuis assez longtemps dans la lutte contre le VIH/Sida. Quand vous mentionnez l’Union européenne, je vais ainsi souligner le fait que ce sont les Etats membres de l’Union européenne qui sont assez actifs dans la lutte et à traiter les problématiques du VIH/Sida.

En ce qui concerne la Commission européenne, nous sommes l’un des partenaires qui contribuent au Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. Ici au Burkina c’est aussi l’une des priorités. Comme c’est une priorité qui est couverte pleinement par les Objectifs du Millénaire pour le développement .

Au Burkina, à travers ce Fonds, on appuie les institutions onusiennes. Si vous voulez bien notre appui budgétaire non ciblé va à des secteurs sociaux (santé et éducation).Et dans ce sens on peut considérer qu’on contribue directement aux efforts qui sont menés pour lutter contre le fléau.

H.B : L’un des fléaux qui gangrènent également le développement en Afrique est la corruption qui anéantit les efforts des partenaires du progrès. Que peut faire l’Union européenne en tant que partenaire stratégique de ces pays pour la combattre ?

S.S : Nous pouvons essayer avec tout le monde de trouver des solutions pour lutter contre ce mal. Nous pouvons aussi mener un dialogue sur les activités qui doivent être faites dans le cadre des actions de coopération. Nous tenons compte de la nécessité de lutter contre la corruption. On a à travers des règles de suivi des outils qui permettent d’évaluer certains comportements.

La chose la plus importante est d’appuyer les activités mises en place soit par les acteurs étatiques soit par les acteurs non étatiques.
C’est ce qu’on fait ici au Burkina.

Et en même temps tout ce qui est environnement, appui institutionnel des différents acteurs de la société. Ainsi on peut appuyer des activités qu’on considère novatrices ou utiles.

H.B : Excellence, l’une des causes principales de l’immigration des jeunes africains vers l’Europe est la mal gouvernance et l’absence de perspective d’avenir dans leurs pays respectifs. N’y a-t-il pas lieu que dans ce contexte l’Union européenne repense l’orientation de son aide au développement ?

S.S : Je dirais que non. Dans nos objectifs de lutte contre la pauvreté, je vois une cohérence totale de ces activités. Peut-être il y a lieu de faciliter la meilleure gouvernance. Donc pour moi, il n’y a pas lieu de réorienter radicalement.

Il y a peut-être lieu quelquefois de repenser certaines activités vers des actions concrètes qu’on peut imaginer. La bonne gouvernance n’est pas nécessairement politique ou démocratique ça constitue une composante. Mais c’est aussi la gouvernance économique dans tous les domaines.

Par exemple l’une des conditions de notre appui budgétaire non ciblé est d’accompagner aussi dans la bonne gestion des finances publiques y compris tout ce qui est Cour de compte, appui à la capacité et appui institutionnel.

H.B : La Finlande, votre pays d’origine assurera la présidence de l’Union dès le 1er juillet prochain. Quel nouveau souffle donnera-t-elle dans la lutte contre la pauvreté en Afrique Subsaharienne ?

S.S : (Rires). Oui, la Finlande assurera la présidence cette année. Mais il y a une continuité. Aujourd’hui la présidence est assurée par l’Autriche. Comme vous le savez la présidence c’est plutôt un travail organisationnel fait par un des Etats membres.

Les priorités qui sont affichées sont très souvent les mêmes idéales de continuité. Par exemple, maintenant la présidence autrichienne a bien choisi de travailler davantage dans les questions de coopération et plus particulièrement en essayant de vraiment faire une réalité des nouvelles orientations de la politique européenne de développement.

Et surtout les nouvelles orientations qui nous demandent de nous concentrer sur l’Afrique et, sur les Objectifs du Millénaire pour le développement.

Je crois connaître que l’Autriche et la Finlande (pour la présidence suivante) ont bien travaillé sur le programme de priorité entre eux. Donc il y aura une continuité. On va identifier et se concentrer encore mieux sur les problèmes urgents des pays partenaires.

H.B : Nous sommes à la veille du 08-Mars qui célèbre la Journée internationale de la femme. Comment appréciez-vous cette montée fulgurante des femmes au premier rang des décideurs politiques ? Pour ne citer que Mme Tarja Halonen, présidente de la Finlande ; Michelle Bachelet, présidente de Chili ; Jonshon Surleaf, présidente du Libéria ; Condeleeza Rice, Secrétaire d’Etat américain et Angela Markel, chancelière d’Allemagne...

S.S : (Rires). Mon opinion personnelle est que je suis naturellement très ravie en étant femme. Encore mon opinion totalement personnelle est que ces personnalités ont atteint ces postes avec les compétences qu’elles ont. Ce n’est pas nécessairement lié au fait qu’elles sont des femmes. Et j’espère que leur travail va être apprécié aussi sur la base de leur performance et qu’il n’y a pas d’autres côtés une appréciation docile parce qu’elles sont des femmes. Mais non plus une appréciation trop contraignante parce qu’elles sont des femmes.

H.B : Excellence, quel est votre vœu pour cette nouvelle année au peuple burkinabè et au devenir des relations ACP-UE ?

S.S : Le plus important à mon sens serait, j’espère, que la stabilité au Burkina, la paix, les relations sociales et quelques défis qui existent partout dans le monde peuvent être préservés et même progresser ici au Burkina. Cela pour donner plus d’espace à un travail vers le développement et l’épanouissement de la population.

Et naturellement pas seulement au Burkina Faso parce qu’il n’est pas isolé dans la sous-région. C’est vraiment la paix et la stabilité qui sont mes souhaits parce que je pense que c’est dans cet environnement que le travail que nous faisons donnera des fruits les plus juteux.

Entretien réalisé par
Théodore ZOUNGRANA (tzoungrana@yahoo.fr)
L’Hebdo

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