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Menace de la grippe aviaire au Burkina : Les populations de Bazoulé dans la crainte du pire

Publié le vendredi 3 mars 2006 à 07h54min

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Bazoulé situé à une trentaine de km à l’Ouest de Ouagadougou dans le département de Tanghin- Dassouri vit dans la peur d’une épizootie de grippe aviaire depuis quelques semaines. Le village a enregistré la mort massive de volailles dans les élevages domestiques.

Même des charognards ont été retrouvés morts. Les vendeurs de volaille sont inquiets, car le poulet qui se vendait à 1.500 F.CFA se négocie difficilement en ce moment à 1.000 FCFA voire moins.

Dans le seul village de Bazoulé, presque toutes les basses-cours sont victimes de mort de volailles. Outre les poulets, le village a enregistré la mort massive de canards, de pintades. Un éleveur, Amidou Kaboré explique : “J’ai perdu environ 50 poulets avec l’apparition de cette mystérieuse maladie de poulets. Il ne me reste que 4 poulets et même hier, une des poules est morte laissant ses 14 poussins ”. Pourtant, M. Kaboré affirme avoir fait vacciner sa volaille deux fois de suite cette année.

Les habitants de ce village s’inquiètent parce qu’ils n’ont jamais vu une disparition aussi massive de volailles. Un paysan, Lassané Kaboré pour sa part, souligne qu’il n’a jamais vu une telle maladie qui décime toute la volaille sur son passage. “ Tout est mort chez moi : canards, poulets, pintades , au total, 60 têtes, hormis deux poussins”. En effet, il ne restait dans cette basse-cour que deux poussins. Décrivant la maladie, M. Kaboré fait remarquer que deux minutes suffisent à cette maladie pour tuer le poulet. Il ajoute que son petit frère, lui, a perdu 38 poulets en quelques heures.

A la question de savoir où sont rentrés ces cadavres de volailles, toutes ces personnes indiquent les avoir jetés dans les W-C. “En tant que musulman je ne mange pas un animal ou une volaille mort sans être égorgé », fait remarquer Lassané Kaboré, précisant que sa famille ne les consomme pas.

La psychose de cette mort massive de volailles à Bazoulé a atteint les habitants de ce village et même des villages environnants. “Nous avons actuellement peur parce que nous avons entendu à la radio que la grippe aviaire est dans des pays voisins du Burkina ”, a confié, triste, M. Lassané Kaboré. L’infirmier de Bazoulé, K.S. a perdu toute sa volaille au passage de cette “terrible” maladie des poules. L’infirmier dit avoir d’abord pensé à un empoisonnement quant il a retrouvé morts dans sa basse-cour, deux canards, quatre pintades et deux poulets. “Le lendemain, j’ai retrouvé le reste des pintades, des canards et beaucoup de poulets et les pigeons morts, même ceux immunisés”, s’est étonné l’infirmier, affirmant qu’actuellement il ne lui reste qu’un seul coq. Evaluant la perte de cette disparition subite de ces poulets à plus 40 têtes de volailles, M. K.S pense à la grippe aviaire dans la mesure où sa volaille a été vaccinée cette année.

Des actions de sensibilisation en cours

La basse-cour du chef coutumier de Bazoulé n’a pas été épargnée par cette mort massive de volailles. Le chef soutient avoir perdu environ 300 têtes de volailles, y compris les pintades, les canards, les pigeons. “C’est un peu différent de la maladie ordinaire des poulets que l’on connaît et c’est dangereux ”, affirme le responsable coutumier de Bazoulé.

Autant la plupart des habitants de Bazoulé ont perdu l’essentiel de leurs volailles, chose curieuse, un agriculteur, Etienne Kaboré, quant à lui, n’a enregistré aucun cas de mort dans sa basse-cour qui compte 20 poules et 30 poussins. M. Kaboré pense que sa volaille a été épargnée peut-être par le fait qu’il la fait vacciner trois fois par an. Au regard de l’importance de cette forte mortalité, il a lancé un appel au gouvernement à venir en aide à ceux dont la basse-cour a été décimée afin de reconstituer leur élevage.

A la mare aux caïmans sacrés de Bazoulé, c’est un peu l’inquiétude quand on sait que c’est avec des poulets que l’on nourrit les caïmans pour la joie des touristes. Le président de l’association “Tourisme et développement ” de Bazoulé, Alphonse Kaboré a souligné que depuis l’apparition de cette maladie mystérieuse qui décime la volaille, les coutumiers ont adopté une stratégie qui consiste à garder et à observer pendant quelques jours les poulets avant de les donner aux caïmans. “ Depuis l’apparition de la grippe aviaire chez nos voisins, nous vérifions l’état de santé des poulets en les gardant quelques jours ”. Malgré cette prudence, M. Kaboré est inquiet dans la mesure où des charognards ont été retrouvés morts au bord de la mare.

“Nous sommes plus qu’inquiets, ces charognes peuvent être consommées par les caïmans ”, a indiqué perplexe le responsable de l’association, même s’il soutient qu’aucun caïman n’est encore tombé malade. Sur la place du marché, les poulets ne se vendent plus comme de par le passé et les populations craignent de les consommer au risque de contracter une maladie dont elles ignorent la provenance.

Un vendeur de volailles, Mathieu Kaboré dit que depuis une semaine, il n’a pas encore vendu une dizaine de gallinacés. Mieux, même si des acquéreurs viennent, ils demandent à acheter le poulet soit à 1000 F CFA, voire moins de 1000 F CFA. Il constate que les commerçants de Ouagadougou qui venaient s’approvisionner dans la localité le font de moins en moins.

Une mission conduite par le préfet du département de Tanghin-Dassouri, Mme Germaine MaloTraoré et composée du directeur général de l’Elevage, d’un représentant du Laboratoire national de l’élevage et de la police est allée constater les faits et prodiguer des conseils à la population en ce qui concerne les précautions à prendre en cas de mort de poulets.

Mme Traoré se veut rassurante quand bien même les résultats des prélèvements ne lui sont pas encore parvenus. “ Devant une mort inhabituelle de volailles et avec les rumeurs de grippe aviaire, cela nous a un peu inquiétés ”, a avoué Mme le préfet. Elle souligne avoir tenu une séance de travail avec les responsables coutumiers, les services techniques et la population pour les conseils d’usage, c’est-à-dire éviter la manipulation des poulets morts. “Les populations nous ont rassurés que ces volailles mortes n’ont pas été consommées ”.

En tant que leader coutumier, le chef de Bazoulé a aussi pris son bâton de pèlerin pour s’investir dans la sensibilisation de la population sur cette nouvelle maladie de la volaille. Il a été formellement demander aux populations d’éviter ou de manipuler ces volailles mortes ou de les consommer.

Mamina SAM

Sidwaya

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