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Ressources minières au Passoré : La ruée vers l’or à Tibli

Publié le jeudi 2 mars 2006 à 07h47min

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Tibli, village situé à 16 km à l’Est de Yako dans le département de Gomponsom la province du Passoré, vit depuis le début du mois de février 2006, une ambiance toute particulière. Le métal jaune y a été découvert et du coup, le village est devenu un eldorado pour les chercheurs d’or qui y affluent.

Le dimanche 12 février 2006, Sidwaya est allé à la découverte de ce nouveau site aurifère qui fait la fierté de la province.

« On a découvert de l’or à Tibli. Il suffit à l’aide d’une pioche, d’extraire le métal jaune... ». Cette nouvelle circule depuis le 07 février 2006 à Yako. Comme une traînée de poudre, elle a fait le tour du Burkina. C’est ce qui explique, sans nul doute, l’arrivée massive, ces derniers temps, à Tibli d’hommes et de femmes d’horizons divers. Du coup, la vie quotidienne a changé dans cette bourgade du Passoré.

Il est 10 heures. Nous sommes à Tibli. « Vous voyez la colline là-bas, prenez la piste nouvellement tracée, avancez seulement et vous allez voir le monde. Le site est au pied de la colline », nous dit un vieil homme du village assis sous un hangar, à qui nous avons demandé de nous indiquer la direction du nouveau site aurifère. 10 h 10 mn. Nous sommes sur le site. Il est noir de monde.

Deux jeunes nous accostent. « C’est de l’or que vous voulez acheter. Nous disposons de quelques grammes », nous informent-ils. Nous déclinons l’offre, et nous nous empressons de leur situer l’objet de notre présence. « C’est Sidwaya ! Vous avez bien fait de venir, on a découvert l’or ici il y tout juste 5 jours », ajoutent Karim Dianda et Abel Ouédraogo, nos nouveaux compagnons.

Comment le travail est-il organisé sur le site ? Y a-t-il un responsable avec qui on peut échanger ? A ces questions, Karim et Abel sont catégoriques : « Chacun vient, dégage un espace et commence à creuser comme il veut, comme il peut. S’il trouve de l’or tant mieux, dans le cas contraire, il change de terrain. Il n’y a pas de bagarres. Les gens travaillent comme s’ils étaient en famille... , mais il n’existe pas de responsables », précisent-ils.

Les chercheurs d’or du site de Tibli viennent des quatre coins du Burkina. Seuls, en groupes ou en familles, ils proviennent essentiellement du Yatenga, du Lorum, du Sanmatenga, de l’Oubritenga, du Houet, du Boulkiemdé, du Sanguié, du Sourou, du Kadiogo et du Passoré naturellement.

En ce dimanche 12 février, nous apercevons des milliers d’hommes et de femmes piochant et creusant, couverts d’un nuage de poussière, à la recherche du métal jaune. Les langues ne se sont pas déliées facilement lorsqu’on a cherché à avoir une idée sur leurs revenus journaliers.

Ils sont méfiants. Ils acceptent de tout dire, mais refusent de donner la quantité exacte de grammes d’or qu’ils gagnent. « S’ils vous disent 2 grammes, multipliez cette quantité par 2 », avertit Issouf Sacko, un des nombreux acheteurs privés installés sur le site. C’est avec des pioches, des pelles, des plats que les orpailleurs travaillent. Des forges ont même été installées sur les lieux pour fabriquer et réparer les outils de travail.

A Tibli, il suffit de racler le sol pour avoir le métal jaune

Tous, à quelques exceptions près, affirment néanmoins que ça va un peu - ce qui confirme la richesse en or du site. Le gramme d’or se négocie entre 7 500 F et 8 000 F sur le site. Ceci est organisé par les nombreux acheteurs privés assis à longueur de journée sous des hangars construits hâtivement à l’aide du bois et des tiges de mil. Selon M. Sacko venu de Bobo, beaucoup d’orpailleurs ont gagné en moins d’une semaine plus de 500 000 FCFA.

Sous nos yeux, une dame, la cinquantaine révolue, a eu 200 000 FCFA de la vente de son trésor (elle a refusé d’être photographiée). A côté des chercheurs d’or, on trouve également ceux qui font le petit commerce. Rasmané Zida venu de Yako, vend du café sur le site. A l’instar de M. Zida, ils sont nombreux à offrir divers services aux orpailleurs sur le site.

On y rencontre des restaurateurs, des dolotières, des forgerons, des vendeurs de café, des boutiquiers. C’est un véritable marché qui s’est dressé au pied de la colline de Tibli.

Un regroupement humain de plus en plus inquiétant

Le site aurifère de Tibli est devenu en moins de quelques semaines, un véritable village. Ces milliers d’orpailleurs venus de contrées souvent éloignées dorment tous à la belle étoile. « On dort là où l’on creuse, à même le sol. Les femmes, les enfants aussi », fait remarquer Abel Ouédraogo.

Pour le moment, il n’y a pas d’habitations et les orpailleurs dorment tous au pied de la colline.

Au problème de logement vient se greffer le manque d’eau potable. Le seul forage devant approvisionner le site est situé à 4 km. Le bidon de 20 l est vendu à 500 F CFA sur les lieux.

Ce regroupement humain peut à la longue, créer des difficultés sur le plan sécuritaire même si actuellement, on n’a pas enregistré d’incidents. Si une épidémie se déclare (actuellement on parle de la méningite), il sera difficile de la maîtriser. Et pourtant de nouveaux orpailleurs arrivent chaque jour sur le site !

Belibi Francis YARO (AIB/Yako)


Passoré : la province aux multiples sites aurifères

Bien avant la découverte du site de Tibli au cours de la première semaine du mois de février 2006, il est important de souligner que plusieurs autres sites sont déjà en exploitation dans la province du Passoré, même si l’exploitation est de type artisanale.

Le site le plus connu est celui de Bouda dans le département de Yako à 9 km au Sud-Est de la ville. La population aurifère est assez importante et a drainé des orpailleurs de toutes les provinces du Burkina.

Il y a également le site de Maksemé à 11 km de Yako toujours dans le département de Yako. Toujours dans le département de Yako, on peut citer les sites de Bouboulou et de Tintila respectivement à 15 km au Sud-Est de Yako et à 17 km au Sud de Yako.

Dans le département de Pillimpikou, il faut noter l’existence du site de Kanan à 5 km au Sud de Yako. Dans le département de Kirsi, il existe d’autres points d’exploitation. L’exploitation de façon générale est artisanale et se déroule, dans la plupart des cas, en saison sèche. Il faut cependant préciser que le nouveau site de Tibli, au vu des résultats d’exploitation et de l’arrivée massive des orpailleurs de partout au Burkina, est en passe de devenir un eldorado.

F.Y.

Sidwaya

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