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Promotion du secteur des transports : Des postes de contrôle juxtaposés pour la fluidité du trafic

Publié le jeudi 23 février 2006 à 07h39min

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L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a décidé de la construction de postes de contrôle juxtaposés aux frontières des Etats membres. Celui de Cinkinsé (frontière Burkina Faso / Togo) en cours de réalisation, a reçu la visite du président de la commission de l’UEMOA M. Soumaïla Cissé, samedi 18 février 2006.

"Nous sommes à Tenkodogo depuis deux jours (NDLR 18 février 2006), nous n’avions plus rien pour continuer à Ouagadougou. Nous avons été dépouillés de nos frais de mission. C’est déplorable parce que ce sont nos policiers, gendarmes et douaniers qui nous rendent la vie impossible sur les routes. Deux mille francs CFA par-ci, quatre mille par-là, vraiment, on ne sait plus qui fait quoi et à quelle fin », s’insurge Rasmané Sana transporteur de marchandises diverses. Il est appuyé par Ousséni Kaboré, transporteur également. Même si les propos de ces deux routiers ne font pas l’unanimité, ils sont récurrents chez la plupart d’entre eux, preuve qu’il y a un malaise sur les différentes routes de l’espace UEMOA.

Que faire pour rendre plus fluides les échanges au sein de la sous-région et réduire les coûts de transports ? Pour répondre à toutes ces préoccupations, les pays membres de l’Union ont décidé de construire des postes de contrôle juxtaposés au niveau des frontières. C’est dans cette optique qu’intervient la construction du poste de Cinkinsé que le président de la commission M. Soumaïla Cissé et ses collaborateurs ont visité le samedi 18 février 2006. Composé d’un bâtiment (à niveau) de deux ailes, d’un magasin, d’une infirmerie et des logements, cette réalisation est d’un coût global d’environ quatre milliards de francs CFA avec les équipements.

Le poste servira d’observatoire des pratiques anormales, et suivra régulièrement celles existant sur les axes routiers inter-Etats. Le chantier a commencé en 2005 en même temps que celui de la frontière Burkina-Niger ; la réception est prévue avant la fin de l’année 2006. Au total onze postes de ce genre seront construits aux frontières des huit Etats membres de l’Union. Exigence des bailleurs de fonds, ces chantiers relatifs à la facilitation des transports et transits routiers favoriseront la libre circulation des biens et des personnes et contribueront à lutter contre la fraude et la contrebande.

Ils seront dotés d’outils informatiques qui permettront d’asseoir des bases de données des marchandises sur le long des corridors. Selon le président de la commission de l’UEMOA M. Soumaïla Cissé, des dispositifs sont à mettre en place pour mesurer le gabarit des camions et faire le pesage des marchandises. Ces postes de contrôle juxtaposés seront également dotés de scanner chargé de détecter le contenu des camions.

Toutes choses qui permettront de réduire les temps d’attente des transporteurs aux postes de contrôle. Pour M. Cissé « on gagnera en temps, car on éliminera du même coup les barrages et les tracasseries existant sur les routes.

Au delà du gain de temps, ces nouvelles mesures constituent un bon signal aux investissements », a-t-il poursuivi.

Un moyen pour consolider les économies

Mis en œuvre par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’UEMOA, le programme régional de facilitation des transports et transits routiers rentre dans le cadre de l’exécution de l’axe stratégique n°2 du Programme économique régional (PER) basé sur le développement des infrastructures économiques. Cet axe stratégique d’un coût global de près de deux mille milliards de francs CFA offre la part belle aux infrastructures routières avec 75 % du budget.

« 90% des échanges inter-Etats se font par la route et nul n’ignore les conséquences économiques qu’engendrent les barrages existant au long des corridors et les perceptions illicites engrangées par les acteurs de ces barrages », déplore M. Augustin Karanga économiste des transports au sein de la commission de l’UEMOA. Il estime que la mise en place des postes de contrôle juxtaposés permettra d’établir des liens fonctionnels névralgiques sur l’ensemble des corridors. Ainsi tout camion qui quitterait par exemple le port de Lomé pour Ouagadougou, sera contrôlé dès son départ.

Ces informations seront communiquées au poste de contrôle juxtaposé de Cinkinsé (par le biais de l’outil informatique) et au poste de douane de Ouagadougou. « Ces informations transmises de part et d’autre contribueront à assurer une continuité de l’information sur le long du corridor et un suivi continu du trafic routier », a expliqué M. Karanga.

Ce système, une fois fonctionnel sur toutes les frontières des pays de l’Union, aidera à consolider les économies en ce sens qu’il luttera contre la fraude, la contre-façon et surtout les irrégularités dans la conduite. « Il permettra aux transporteurs de se mettre à jour vis-à-vis de la réglementation, ce qui renflouera les caisses des Etats, car la mise à jour par transporteur oscille entre huit cent mille et un million de francs par an », soutient M. Karanga. Voilà un projet qui développera le secteur des transports dans la sous-région.

Et parlant de la promotion du secteur, le ministre burkinabè en charge du domaine, lors de la présentation de vœux de son ministère, a fait de cette donne sa priorité. Assurer la fluidité du trafic routier par la suppression à terme des barrières physiques et non physiques, promouvoir et renforcer la sûreté et la sécurité, et développer l’information statistique sur les transports, sont entre autres les défis que le ministre Gilbert Noël Ouédraogo entend relever.

Il reste à espérer que les gouvernements des pays de l’Union feront preuve de bonne gouvernance en respectant les clauses qui régissent la mise en place de ces postes de contrôle juxtaposés. Car l’avènement de ces postes exige la suppression des barrières non tarifaires et favorise la libre circulation des personnes et des biens.

A. Verlaine KABORE
Sidwaya

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