LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Disqualification des structures de la CENI : Difficile apprentissage de la démocratie

Publié le samedi 18 février 2006 à 07h59min

PARTAGER :                          

Moussa Michel Tapsoba, président de la CENI

Après le recours du Rassemblement politique nouveau (RPN) auprès du Conseil constitutionnel, jugé par l’autorité judiciaire suprême recevable au fond, le processus de démocratisation en cours dans notre pays se cherche un second souffle. Mis à part, ce petit parti, par la force des choses devenu grand le temps d’une élection, tous les autres acteurs et protagonistes n’y ont vu que du feu. Hallucinant n’est-ce pas ?

Comme quoi, le tout n’est pas de savoir disserter, il faut surtout montrer sa compétence. La démocratie est belle et c’est justement pourquoi, elle ne se laisse pas faire. Pour l’apprivoiser, il ne s’agit pas seulement de défendre avec force conviction ses idées, tout en acceptant celles de l’autre parfois aux antipodes, mais il y a qu’il faut en maîtriser l’armature réglementaire et législative, très souvent complexe.

Voici donc une disposition apparemment simpliste du fonctionnent de la CENI, qui a non seulement échappé à ladite structure, mais aussi aux partis politiques, dont semble-t-il la raison d’être serait de veiller comme sur la prunelle de leurs yeux sur ce qui touche vraiment à leurs intérêts.

Etant des démembrements de la CENI, selon le principe des tiers, majorité, opposition, société civile, on comprend mal que ces partis n’aient pas bien lu et partant ne connaissent pas bien les textes régissant cette structure importante pour le processus électoral. C’est pourquoi, le début de polémique qui a succédé à la décision du Conseil constitutionnel avait quelque chose de dérangeant pour le citoyen observateur. Certes, les partis politiques ont l’art consommé de vouloir à chaque coup retomber sur leurs pattes, seulement ici, ils ne tromperont personne avec les élucubrations du genre, c’est une manœuvre du pouvoir.

Il était temps

C’est l’UNDD qui, le premier, a envoyé des salves par une sortie inopportune de la dame Marlène. Il est vrai que la femme cherche encore sa place dans ce milieu d’hommes qu’est celui de la politique. En plus des droits de l’homme, le genre est à la mode par les temps présents. Il faut faire de la place à l’autre moitié du ciel, le débat fait rage et on cherche comment...

Bien que ce ne serait que justice, force est de croire qu’elles n’y arriveront pas en ne se montrant pas à la hauteur. En effet, tout l’argumentaire de Marlène Zébango, vice-présidente de l’UNDD était qu’il existait dans la décision du juge suprême, un coup fumeux à venir. Les autres, en outre, auraient dû s’apercevoir de l’illégalité courant depuis décembre, mais certainement pas l’UNDD encore moins sa vice-présidente. Quand on sait par ailleurs qui est son premier responsable, Maître (s’il vous plaît) Hermann Yaméogo, éminent praticien du droit donc, on se demande si ce parti n’aurait pas pu ou dû voir l’entourloupette. Sûrement que si !

Il y a toutefois lieu de saluer la clairvoyance pour une fois de son bureau fédéral, qui, à la suite d’une réunion extraordinaire, a recadré les choses. Tous coupables, aurait tranché le verdict issu du conclave, mettant un bémol aux errements de sa vice-présidente. Cette lucidité, tellement rare pour être soulignée, induit pour chacune de cette faune politique, que la démocratie n’est pas un long fleuve tranquille. Il charrie des rapides, des chutes, les agitations, les temps calmes étant bien souvent l’exception.

Bonne leçon pour le futur

La CENI, elle en a pris pour son grade, son manque de vigilance d’abord ayant conduit à cette impasse évidente. Mais, les partis savent dorénavant qu’ils ont à ouvrir l’œil parce qu’après tout la CENI ne peut être qu’à leur image. Elle est un instrument capital et ses faits et gestes doivent être visionnés par eux, regardés à la loupe.

Ceci a manqué incontestablement et il leur revient de mieux s’impliquer. Car, on a cette impression gênante que les représentants des partis au sein de la CENI, sans leur faire offense, n’ont pas le niveau requis. Cette structure pour son meilleur fonctionnement, pour qu’elle accomplisse un travail satisfaisant pour tous, a besoin de compétences reconnues. Il ne s’agit pas d’y envoyer des gens, qui y vont faire de mieux parce qu’ils n’auraient pas en outre le choix.

Participer à la vie politique, faut-il le rappeler, c’est avant tout se mettre au service de la cité. C’est en somme un sacerdoce et un investissement qui demande beaucoup. Or, on croit qu’il y a des rôles et surtout des tâches pour d’autres, dont manifestement celles de conduire l’organisation des scrutins.

Ce coup de semonce du RPN, avec la bénédiction du Conseil constitutionnel a mis les uns et les autres devant leur responsabilité. Sans préjuger de ce qui va se décider pour la suite de cette situation : une remise en cause profonde du calendrier électoral.

La démocratie aussi, c’est le respect strict de celui-ci. Comme quoi, s’engager signifie se donner les moyens. Le gouvernement, la CENI, les partis politiques semblent toujours en retard d’une gare.

Leur défi futur, c’est se mettre à la hauteur des exigences de l’Etat de droit.

Souleymane KONE
L’Hebdo

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique