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Lassina et Losséni Paré : Parcours (presque) parfait pour jumeaux parfaits...

Publié le lundi 27 février 2006 à 07h58min

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Lassina et Losséni Paré

Lorsque les frères Paré, Lassina et Losséni de leurs prénoms, ont poussé leurs premiers cris en 1964, rien n’indiquait que leur histoire ne ressemblera pas à une banale vie de jumeaux.

Les deux hommes, que le sort a uni depuis le sein de leur mère, sont restés unis dans la vie et pour la vie. Arrêt sur le parcours d’une paire d’hommes exceptionnels...

Lassina et Losséni Paré sont, pour ainsi dire, indissociables. Et puis, ces jumeaux-là se ressemblent tellement qu’on prend aisément l’un pour l’autre. Une situation qui semble leur convenir : « Si Dieu voulait qu’on nous identifie facilement l’un de l’autre, il ne nous aurait pas créé avec tant de ressemblance », indique Losséni d’un ton sec, alors que nous lui avons demandé de s’identifier. En fait, avouent les deux hommes, « cela ne nous plaît pas qu’on nous distingue ».

Mais, le temps d’une découverte, ils ont accepté de bon cœur de lever, avec nous, un coin de voile sur leur existence commune.
Au-delà de leur ressemblance physique, Lassina et Losséni Paré ont bien des choses en commun. Pardon, ils ont tout en commun, ces jumeaux, natifs de la Vierge ! Déjà, ils mesurent tous les deux 1,80 mètre, pèsent 81 kilos et ont cette forme athlétique qui leur va si bien D’ailleurs, ils sont arbitres de football, l’un comme l’autre.

Et ce n’est pas tout. Les épouses des deux hommes portent le même prénom, Jacqueline, et sont toutes deux de l’ethnie samo. L’histoire de leurs deux mariage est, en elle-même, un véritable conte de fée. Le 27 août 1994, jour anniversaire de notre naissance, raconte Losséni, décidément en verve, « j’ai dit oui à Jacqueline, mon épouse... »

Interrompant pratiquement son frère, Lassina s’enhardit : « Aux côtés de mon frère, j’étais là, moi aussi, devant le maire, les hommes et Dieu, pour dire également oui à une autre femme qui se prénomme... Jacqueline !" Deux unions parfaites pour deux jumeaux parfaits, qui auraient bien aimé avoir, en plus, une progéniture identique. « Il n’y a qu’au niveau des enfants que Dieu ne nous a pas donné la même chose. Moi j’ai eu un garçon et mon frère quatre filles », rigole Lassina.

Révélés par le foot

Si les frères Paré sont sous les coups des projecteurs, c’est bien grâce au football. Les jumeaux Paré sont les deux Burkinabè qui ont représenté, sur le rectangle vert, le Burkina Faso à la CAN 2006. Lassina, lui, a officié comme juge central, tandis que Losséni maniait le drapeau le long des lignes de touche. Et là encore, deux compères, complices jusque dans leurs occupations, y voient une grâce supplémentaire, même si leurs postes ne sont pas identiques. « Lorsque la FBF (Fédération burkinabè de football, NDLR) nous a inscrit sur la liste FIFA en 1997, nous étions tous les deux des arbitres centraux. Mais c’est justement pour nous permettre d’officier ensemble dans le même match que mon frère a accepté volontiers de passer de juge central à juge de touche. »

Les jumeaux burkinabé savent que leur cas est un énorme atout et ils ne se privent pas d’en tirer le maximum. « Nous sommes une curiosité qui plaît aux gens. Cela nous facilite un certain nombre de choses », avoue Lassina. Et Losséni de renchérir : « Dans le monde du sport, il y a des cas de jumeaux sur le terrain en tant que joueurs mais, sauf erreur de ma part, des arbitres jumeaux qui officient ensemble, c’est une première ! » Ainsi, les frères Paré bénéficient d’une certaine sympathie naturelle. Lors d’un stage pour arbitres auquel les deux ont participé, les instructeurs FIFA, passionnés par le cas des deux frères, ont exigé qu’ils fassent des photos afin que leur image et leur histoire soient mises en ligne sur le site Internet de l’instance dirigeante du foot mondial.

Même si, comme tous les jumeaux du monde, les frères Paré se plaisent à jouer des tours à leur entourage, ils ne sont pas moins unis dans leur complicité, positifs et travailleurs. Travailleurs, mais aussi talentueux l’un comme l’autre au point de gravir allègrement l’échelle du monde de l’arbitrage. Il ne leur a ainsi fallu que sept ans d’exercice au Faso pour passer sur la liste des arbitres internationaux. Depuis deux ans, ils fréquentent les stades africains. La saison écoulée, Lassina et son frère jumeau étaient sur plusieurs fronts : éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations et de la Coupe du monde (neuf sorties en dix journées), rencontres de la Coupe CAF et de la ligue des champions où ils totalisent environ une quinzaine de sorties.

Lassina, lui, a déjà sifflé à une phase finale de la CAN. C’était en 2004, en Tunisie. En huit ans de carrière internationale, les arbitres jumeaux ont déjà sifflé une finale, celle de la ligue des champions 2005 au Caire entre Al Ahly et l’Etoile du Sahel. Ce fut une belle revanche pour Lassina, que l’ASEC de la Côte d’Ivoire avait accusé de tous les mots, et notamment d’avoir été partisan lors d’un match comptant pour la même compétition. « Si j’avais été si mauvais que les Ivoiriens le pensent, je n’aurais pas été désigné pour la finale », martèle Lassina. Et puis, les frères Paré sont fiers d’avoir donné au Burkina sa première médaille en or dans le domaine de l’arbitrage, médaille acquise à l’issue de cette finale.

De quoi leur donner encore plus de force pour regarder l’avenir avec optimisme, dans la concorde et la concertation qui caractérise toutes leurs actions. « Avant de faire quoi que ce soit, on se concerte toujours. C’est notre force », indique Lassina. Une force sur laquelle ils s’appuient pour affronter les épreuves qui se dressent immanquablement sur leur chemin : « A 42 ans, notre couple est resté inébranlable. Pourtant, Dieu sait qu’on a essayé de nous séparer. Cherchez et vous verrez qu’ils sont rares, ces jumeaux qui ont grandi et presque vieilli dans une complicité, une harmonie telle que nous le vivons », conclut Losséni, le visage illuminé par une légitime fierté.

Par Zabulon Apiou
Fasozine

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