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Municipales 2006 : Le droit à l’information à la loupe de l’UDD

Publié le vendredi 17 février 2006 à 04h41min

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"Le droit à l’information du citoyen est une disposition
constitutionnelle. Il revient à l’Etat de faire en sorte que tout le
territoire national bénéficie d’une bonne couverture
radiophonique. Si tel n’est pas le cas, il s’agit d’une carence de
l’Etat".

Dans l’écrit qui suit, le président de l’Union pour la
démocratie et le développement (UDD), Clément Dakio, passe
au crible les décisions du Conseil supérieur de la
communication (CSC) relatives aux prochaines municipales.

I. Consolidation de la démocratie burkinabè

Le quotidien "Le Pays" du 30 janvier, page 5, indique que pour
les futures échéances municipales, le Conseil supérieur de la
communication (CSC) a pris 4 décisions qu’elle a partagées
avec les responsables des organes de presse le 26 janvier
2006.

La loi et le code électoral confèrent au CSC, instance de
régulation, la prérogative de gérer l’information électorale et de
veiller à l’égal accès des candidats aux médias publics.
En tant qu’instance de régulation de l’information des
campagnes électorales, le CSC fait des efforts pour l’équilibre
de l’information c’est-à-dire pour traiter les partis politiques
d’une manière égale. Il s’agit de faire en sorte qu’aucun parti
politique ne soit lésé pour le traitement de l’information et pour
le temps d’antenne à lui accordé pendant les campagnes
électorales.

Le CSC avait, pour la campagne électorale des législatives du 5
mai 2002, pris l’initiative de faire signer aux partis politiques en
lice un code de bonne conduite. Il renouvela cette initiative en
faisant également signer un code de bonne conduite aux
candidats à l’élection présidentielle du 13 novembre 2005.
Cette initiative fut heureuse parce que, pour bon nombre
d’observateurs, ces campagnes électorales ont été relativement
calmes, voire paisibles, et cela en dépit des insuffisances
relevées pour ces élections.

Il y a donc lieu de féliciter le CSC
pour cette initiative.
L’instance de régulation entend, par ces efforts, contribuer à la
consolidation de la démocratie burkinabè. C’est à travers cette
dynamique qu’il entend poursuivre, en annonçant le 26 janvier
2006, les décisions dans le cadre des futures échéances
municipales.

Parmi ces 4 décisions, je me suis intéressé à celle qui
concerne les radios locales privées qui seront invitées à
s’impliquer fortement dans la couverture du scrutin au regard de
son caractère local. Ces médias sont autorisés à créer des
tranches spéciales payantes pour chacun des partis en lice.
Cette décision ne me paraît pas aller dans le sens de la
consolidation de la démocratie burkinabè.

A cet égard, j’ai pensé que demander à des partis politiques,
dont la grande majorité a des moyens limités, de payer, quelles
que soient les mesures préventives adoptées pour éviter des
abus, conduirait le Burkina Faso vers la ploutocratie c’est-à-dire
le gouvernement par les classes riches. La démocratie ne serait
pas renforcée. En effet, seuls les partis nantis pourraient payer
et faire élire leurs représentants. En démocratie, le peuple
exerce le pouvoir souverain, soit directement, soit par
l’intermédiaire de ses représentants.

Les éclaircissements donnés sur la décision en question par
un commissaire du CSC lors d’une rencontre de cette instance
avec les partis politiques le 31 janvier 2006 m’ont permis de
comprendre que les zones visées par la décision sont celles où
la radio nationale ne peut être captée ou correctement captée.

Mais c’est justement là que ça me gêne. En effet, je pense que
le droit à l’information du citoyen est une disposition
constitutionnelle (Constitution du 2 juin 1991). Il revient donc à
l’Etat de faire en sorte que tout le territoire national bénéficie
d’une bonne couverture radiophonique. Si tel n’est pas le cas, il
s’agit d’une carence de l’Etat.

Il convient donc que l’Etat donne suffisamment de subvention
aux radios locales qui suppléent à sa carence. Les partis
démocratiques, avant toute décision relative aux tranches
payantes, devraient en mesurer toutes les implications, et se
décider en conséquence afin d’éviter que le processus
démocratique au Faso ne soit dévoyé vers la ploutocratie.
L’expérience montre que la pression de l’argent sur les choix
politiques dans un pays pauvre est forte.

II. Rôle de l’Etat dans le développement d’un pays

Le problème de la couverture radiophonique s’inscrit dans une
conception plus large du rôle de l’Etat dans le développement
d’un pays. Il est généralement admis que dans un pays
sous-développé comme le Faso, c’est l’Etat qui doit, pour des
raisons d’intérêt général, mettre en place l’infrastructure de base
du développement.

Cette infrastructure de base est la condition
préalable de tout développement. C’est elle qui permet aux
citoyens de faire fructifier leurs efforts. Etant ressortissant de la
région de la Boucle du Mouhoun, de la province de la Kossi,
région voisine de la frontière du Mali, je sais, par expérience,
qu’il est difficile, voire impossible de capter les émissions de la
radio nationale dans certaines localités de cette zone.

Les
habitants de ces villages sont plutôt « branchés » sur la radio du
Mali qu’ils peuvent capter facilement. Ces populations ne
profitent donc pas des émissions pertinentes de notre radio
rurale. Il y a là, une frustration certaine de ces populations.
Je sais que l’insuffisance des liaisons téléphoniques ralentit
les activités économiques, sociales, commerciales et
culturelles de cette région.

Je sais, enfin, qu’il est désagréable de voyager sur des tronçons
de routes non entretenues, sur des pistes rurales non
construites. Et les transporteurs ne sont pas légion pour mettre
leurs véhicules sur ces routes non rentables.
Pourtant, dans l’optique du développement du Faso, la route
peut jouer un rôle important par ses effets d’entraînements, et à
travers le désenclavement qu’elle permet.
-
Après la communalisation intégrale du territoire burkinabè
prévue dans un proche avenir, il sera nécessaire de doter toutes
les régions, toutes les communes
d’une infrastructure de base minimale.
Ce serait là un atout entre les mains des conseils municipaux
pour amener
leurs communes à concourir, avec l’Etat, au décollage du Faso.

Toubé Clément DAKIO Président de l’UDD

Le Pays

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