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Toussaint Abel Coulibaly : "La CENI ne communique pas avec les partis"

Publié le jeudi 16 février 2006 à 05h15min

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Toussaint-Abel Coulibaly

Les 11 et 12 février 2006, le groupe parlementaire, Convention
des forces républicaines (CFR) a tenu ses premières journées
parlementaires de l’année 2006. Son président , Toussaint Abel
Coulibaly revient sur le thème de la journée "régionalisation et
communalisation intégrale, rôle des acteurs et condition de
réussite du processus". Il s’inquiète de la montée du
régionalisme à la veille du scrutin, et jette des piques à la CENI.

"Le Pays" : Votre groupe vient d’achever ses premières journées
parlementaires ; quelles en sont les principales conclusions ?

Toussaint Abel Coulibaly : Nous retenons que nous avons eu
affaire à de brillants communicateurs sur les enjeux de la
régionalisation et de la communalisation intégrale du territoire.
Nous sortons satisfaits des débats qui ont suivi les
communications qui nous ont permis de mesurer les acquis
actuels du processus mais aussi ses insuffisances. Pour peu
que nous soyons de bonne foi, avec les éclairages que nous
avons eus, nous pouvons à notre tour être utiles sur le terrain de
la sensibilisation des acteurs.

Les élections municipales du 12 mars 2005 sont reportées.
Pensez-vous pouvoir être utile dans ce délai ?

La dissémination va se faire pendant la campagne électorale. Il
faut que je précise que nous n’avons pas attendu qu’il y ait la
campagne pour en parler auprès des populations. Mais celle-ci
demeure un moment propice pour le faire. Nous, en tant que
députés, voulions plus d’informations sur certains aspects ; une
sorte de mise à niveau.

Les élections sont effectivement dans la
ligne de mire et on en parle. Cependant, on ne parle pas assez
par exemple du lieu où vont siéger certains conseils
municipaux. Il faut expliquer tout cela aux populations et leur dire
quel sera leur rôle effectif dans ce processus. Il y a des gens qui
se sont inscrits sur les listes des candidats des partis sans
savoir à quoi ils sont candidats. Notre rôle, c’est d’expliquer
aussi cela à nos populations.

Lors des débats, les techniciens du ministère de
l’Administration territoriale ont déclaré que le gouvernement était
techniquement et financièrement prêt pour le 12 mars. Etes -
vous d’avis que les conditions sont réunies ?

Dans de bonnes conditions, je dirai non. Nous le serions si tous
les acteurs impliqués dans le processus avaient joué
parfaitement leur partition. Et s’il y avait eu la communication
qu’il fallait entre ses acteurs. Personnellement, je dois déplorer
le fait que la CENI communique mal avec les partis politiques.
La CENI nous dit que les informations sont sur son site Internet
ou dans un journal, alors que les partis politiques pour la
plupart ont une adresse précise.

Mais, il y a en a qui n’en ont pas .

Cette question relève du MATD qui n’a pas à autoriser des partis
sans adresse fixe. C’est à travers ces adresses précises que la
CENI doit contacter les partis officiellement au lieu de renvoyer
les gens systématiquement sur son site Internet.

Actuellement,
nous sommes très satisfaits du Conseil supérieur de la
communication (CSC) qui, depuis quelques jours, invite les
partis politiques à des rencontres d’informations et d’échanges.
Aujourd’hui, il est plus facile de rencontrer un ministre dans son
cabinet que de rencontrer le président de la CENI. Et ceci n’est
pas fait pour que les élections se déroulent dans de bonnes
conditions. C’est une conviction personnelle

Etes-vous partisan du report ?

Je ne suis ni partisan ni contre le report. Je suis plutôt partisan
des élections qui vont se tenir. Maintenant, s’il y a des acteurs
qui ne jouent pas leur rôle, l’histoire jugera et sanctionnera
chacun. En tant que députés, nous faisons partie d’une
institution qui est l’Assemblée nationale. Je n’ai pas un point de
vue en dehors de cette institution. A l’étape actuelle, seules les
institutions peuvent se prononcer sur cette question. C’est soit
l’exécutif ou le législatif qui ont cette prérogative.

Les inscriptions sur les listes des partis pour le scrutin
municipal ont été émaillées de relents d’ethnicisme et de
régionalisme. N’est-ce pas vous les hommes politiques qui
activez ce feu-là ?

Je vais être sincère avec vous. Je suis de ceux qui pensent que
les chefs coutumiers ne doivent pas participer aux élections. Ils
ne doivent pas être élus à l’Assemblée nationale. C’est vouloir
une chose et son contraire. Aujourd’hui, s’il y a un relent
d’ethnicisme et de régionalisme, je crois que c’est basé aussi
sur la tradition et la religion.

Et c’est comme cela que naissent
les intégrismes. Il ne faut pas éluder les problèmes quand on
sait qu’ils vont se poser forcément un jour.
Il y a des régions dans notre pays où vous avez besoin de
l’autorisation du chef de canton avant d’y accéder.
Sommes-nous alors dans une république ou un empire ? La
question mérite d’être posée maintenant, et il faut en avoir le
courage.

C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai dit lors de la
cérémonie d’ouverture de nos journées parlementaires, qu’il ne
fallait pas confondre régionalisation et régionalisme, ni
subdivision et division. A observer ce qui se passe autour de
nous, il y a lieu que nous (les hommes politiques) recentrions
nos actions et notre discours pour permettre de préserver l’unité
et la paix sociale que nous avons.

En démocratie, si des acteurs outrepassent leur rôle, ils tuent la
démocratie. Je n’ai rien contre la chefferie coutumière ou
religieuse. Ce sont des autorités morales à même d’apaiser les
tensions sociales en dernier ressort. Mais, si elles sont parties
prenantes dans les tensions, qui va jouer au médiateur social ?

Le gouvernement et l’Assemblée nationale ont reconnu
eux-mêmes que la réforme agraire et foncière est difficilement
applicable du fait des coutumiers. Il faut alors que l’on sache ce
qu’on veut. Soit on est en République avec ses lois ou alors on
est à mi-parcours entre la République et le coutumier. Le
gouvernement, heureusement vient de préconiser un large
débat sur la question, mais il faut que le langage soit clair.

Propos recueillis par Abdoulaye TAO
Le Pays

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