L’ambiance était bon enfant le 8 février dernier à Tissé (village du champion). Les populations des villages environnants ont fait le déplacement pour féliciter et encourager Balibié.

Victime d’une morsure de serpent à la veille du départ pour la Semaine nationale de la culture (SNC) 2004, Balibié, âgé aujourd’hui de 32 ans, polygame et père de 3 enfants, nourrissait le secret espoir de devenir non seulement champion national, mais aussi, de prendre sa revanche sur Athanase Moussiané qui l’avait toujours battu. "Cette année, j’ai demandé à mes parents de faire quelque chose pour moi, car mon heure a sonné", nous a confié Tyson, avant d’ajouter qu’il s’est rendu à Toma tout confiant.

Si la sérénité régnait chez Tyson quant à la capacité du lutteur mouhounois à terrasser le taureau du Nayala sur ses propres installations, une seule inquiétude le hantait. Comment quitter Toma après sa victoire. L’histoire semble lui donner raison.

En effet, Balibié et les siens ont été privés d’eau à la fin des combats. Selon le chef de la délégation des lutteurs du Mouhoun, certaines populations du Nayala ont dit que lorsqu’un étranger réussit à terrasser un lutteur tomalais sur ses terres, il ne doit pas boire l’eau avant son départ. Et Balibié de regretter cette absence de fair-play.

Cependant il dit respecter son adversaire du jour qui est un très grand lutteur. Seulement, reconnaît-il, tout ce qui a un commencement a une fin. A la question de savoir comment il a réussi à terrasser le taureau du Nayala, Balibié répond tout simplement qu’il a longtemps étudié la technique de son adversaire, avant d’ajouter que c’est Dieu qui l’a aidé. Pour cela, il dédie son titre à sa famille et à son ami Ganou Gnissa Muller, celui-là même qui l’a surnommé Tyson.

Balibié regrette aussi de ne pas disposer d’un entraîneur pour l’aider à se préparer conséquemment. Selon lui, il n’avait plus lutté, après la SNC 2004, jusqu’aux éliminatoires régionales de la SNC 2006. Si le titre de champion national lui va droit au coeur, il souhaite que la fédération revoie à la hausse les récompenses. Pour son titre de champion national, il aurait reçu la somme de 40 000 francs CFA.

Sa victoire sur Athanase Moussiané ne semble pas trop préoccuper le lutteur du Mouhoun, qui a les yeux tournés vers la préparation du championnat d’Afrique de lutte en Guinée. Pour cela, Balibié espère bénéficier du soutien de tous ses parents au village, et de tous les fils du Mouhoun et du Burkina. Le championnat d’Afrique, selon lui, est une autre paire de manches : "Je puiserai à la source du taureau du Nayala qui est un habitué de ce genre de compétition".

Balibié nous a également confié qu’il pense à sa relève. Son fils aîné serait déjà en formation pour le remplacer. Balibié rencontrera dans les prochains jours une délégation des autorités administratives de la province du Mouhoun avant sa mise au vert pour le prochain championnat d’Afrique de lutte.

Par Serge COULIBALY
Le Pays