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Larba Nadiéba, administrateur IT en Allemagne : « Il faut croire à la contribution des ingénieurs africains à la technologie »

Publié le lundi 13 février 2006 à 08h12min

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Larba Nadiéba

Lorsque les nouvelles technologies de l’information sont rentrées dans leur phase de vulgarisation, certains pays occidentaux ont ouvert leurs portes à de nombreux techniciens et ingénieurs des pays de l’Est et de l’Asie.

Le continent noir et sa population, comme à l’accoutumée, ont été une fois de plus considérés comme incapables d’apporter leur pierre au développement de cet outil précieux.

Pourtant, « décrypter les mystères des nouvelles technologies de l’information et de la communication n’est pas un apanage des Occidentaux » rappelle Larba Nadieba, un ingénieur en télécommunication et en informatique aujourd’hui très en vue en Allemagne. Arrivé en Allemagne il y a une dizaine d’année, il s’est fait une place et un nom dans un domaine ou être « noir » peut limiter les chances de se trouver un emploi qualifié.

Le jeune burkinabé, à sa sortie de l’université polytechnique de Nuremberg, est embauché comme Directeur technique et chef du département informatique et des télécommunications de la multinationale germano-française Funkwerk Communications.

Ce géant européen est le deuxième leader sur son marché en terme de technologie pour les systèmes professionnels de télécommunications, utilisés par les constructeurs automobiles, les sociétés de transports, et les institutions et est un des principaux fournisseurs européens de solutions de communication basées sur Internet et de solutions professionnelles pour les réseaux sans fil.

« L’une de mes activités principales consiste à accompagner la direction générale dans la mise en place des stratégies globales de la société en apportant la contribution technique. Mon travail consiste en outre à faciliter l’intégration technique d’autres entreprises similaires que nous rachetons et la conception ou l’adaptation de l’infrastructure NTIC. En tant que premier client, je mets en place les différents scénarios d’exploitation de nos produits. Un mauvais calcul de ma part pourrait nuire á l’image et la marque de l’entreprise et entraîner sa faillite. Je suis donc en perpétuel défi ».

Lorsque Bill Gates, Microsoft et sa fondation ont eu l’idée de mettre à la disposition des pays pauvres des ordinateurs à moins de 100 Dollars, leur ambition était de permettre aux régions reculées de ces pays de prendre le train de la technologie et de lutter contre la pauvreté et surtout de se rapprocher des autres parties du monde comme l’a souhaité le britannique Tim Berners-Lee, l’inventeur du World Wide Web.

Notre ingénieur en télécommunications conscient, de cette situation pense que les NTIC sont un outil efficace pour la lutte contre la pauvreté en Afrique et que leur utilisation intelligente permettrait à l’Afrique de faire un grand bond en avant à la suite d’autres pays de l’Europe de l’Est et de l’Asie tels que la Lettonie et l’Inde. Cette conviction de Larba Nadieba , élu administrateur IT du 1er Trimestre 2005 par des journaux professionnels allemands, est pertinente si toutefois l’Internet en Afrique n’est pas seulement réservé a s’écrire des e-mails, à « chatter » et surtout à l’escroquerie.

Larba Nadieba, auparavant ingénieur développeur en Réseaux sécurisés dans une société allemande et à ce sujet co-auteur d’un logiciel de sécurisation basé sur les Réseaux Privés Virtuels pour le parlement allemand, souligne que l’accélération et la fiabilité des réseaux ont changé la manière de communiquer, d’étudier, d’acheter, de s’informer, de se distraire, de s’organiser, de se cultiver et de travailler. Mais ce formidable chambardement, constate-t-il avec tristesse, profite surtout aux pays les plus avancés, déjà bénéficiaires des précédentes révolutions industrielles, et aggrave ce qu’on appelle « la fracture numérique ».

Afin de contribuer à mettre fin à cet abîme qui se creuse entre les nantis en technologies de l’information et tous ceux, les plus nombreux, qui en sont dépourvus, le directeur technique de Funkwerk, très attaché à son pays le Burkina Faso, a réalisé gracieusement pour l’ambassade du Burkina à Berlin et pour de nombreuses associations qui œuvrent pour son pays des sites d’Internet. Il a aussi réussi à mettre en place, avec d’autres experts et ingénieurs burkinabé et maliens, une société de consulting et d’ingénierie dans les domaines de l’informatique et des télécommunications au Burkina Faso. L’une des forces de cette ingénierie est la conception et l’assistance dans la mise en place et la gestion d’infrastructures NTIC fiables, adaptées aux sociétés, aux institutions tout en prenant en compte l’aspect sécurisation.

En attendant que Tony Blair et Bob Geldof se prononcent peut-être un jour pour un plan Marshall technologique pour l’Afrique, il est temps que les entreprises africaines tiennent comptent des jeunes africains dotés d’une excellente formation en numérique qui font la fierté des entreprises occidentales. Cette ressource humaine doublée d’une culture africaine et occidentale serait salutaire pour le continent si le transfert des compétences étaient pris en compte. A ce sujet, M. Nadiéba évoque le manque de liberté dont les ingénieurs ne disposent pas dans leurs activités, l’incapacité de former leur propre équipe de travail et surtout de mettre en place leur méthode de travail. « En temps que directeur technique et administrateur de mon département chez Funkwerk, j’ai ici la liberté de choisir mon équipe de travail d’une part et de faire une proposition de budget de recherche qui permettra à mon équipe, soit en Allemagne, en France ou dans d’autres pays où nous intervenons, d’être compétitifs ».

Larba Nadieba, qui fait parallèlement un MBA en stratégie et développement des entreprises, note que le management à l’africaine doit changer et laisser place au cybermanagement où la seule revendication d’appartenance à un pays pauvre n’a plus de raison d’être. Seules devront compter la performance et l’efficacité.

Alex Moussa Sawadogo
Lefaso.net
Correspondant à Berlin (Allemagne)

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