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Mondialisation des marchés : Accroître les richesses ou les inégalités ?

Publié le samedi 11 février 2006 à 07h03min

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La mondialisation est devenue le sujet d’actualité de nos jours et passionne de plus en plus les débats politico-économiques tant au Nord qu’au Sud. On pourrait dire que c’est un thème à la mode. C’est un concept économique qui prône l’ouverture des frontières dans les échanges commerciaux, et prétend réguler le terme des échanges et stimuler la croissance.

Mais le hic est qu’il faut comprendre que cette mondialisation a deux visages :
- l’un qui est purement technique, économiquement fondé sur le pouvoir ; l’autre qui prépare une citoyenneté planétaire et élabore une conscience d’appartenance à une patrie qui est la terre. L’épineuse question qui se pose est à savoir si cette mondialisation sera équitable entre nations riches et pauvres.

Le monde unipolaire se caractérise par le triomphe de l’économie libérale. Au delà de l’uniformisation du système économique à l’échelle planétaire, nous constatons également que plusieurs champs de l’activité humaine subissent des transformations. Depuis 1990 les gouvernements des pays industrialisés procèdent à des privatisations massives dans le secteur public. C’est le démantèlement des Etats - providence. En Afrique le choc a été ressenti par le désengagement de l’Etat de certains secteurs d’activité socio-économique, la suppression du monopole, les multiples restrictions conditionnées par les institutions de Bretton Wood à travers les programmes d’ajustements structurels. Fermeture d’un,ités industrielles, licenciements sont autant de spectacles que présente cette nouvelle économie mondialisée au continent africain.

Déjà faiblement représentée avec 2% des transactions commerciales mondiales, il y a lieu de s’interroger si le libre échange que prône la mondialisation profitera de façon équitable à la croissance économique de tous les pays ou creusera davantage les inégalités.

Faut-il y craindre ?

Les enjeux de la mondialisation sont complexes et multiples. Ils suscitent de nombreuses craintes, craintes qui se situent dans le mécanisme même de régulation du libre échange et le principe de la concurrence. En témoignent les subventions de certains produits agricoles des pays du Nord qui constituent un frein à la compétitivité de ceux des pays en voie de développement.

Le jeu est dès lors faussé par les précurseurs du néo-libéralisme économique.

Cependant il est aussi utile de rappeler que les pays développés ont été les premiers à adopter des mesures favorisant la libéralisation du commerce international, après la deuxième guerre mondiale. Quant aux pays émergents et les pays en voie de développement, ils n’ont emboîté le pas que dans les années 1980.

Dans la logique, il ne devrait pas y avoir de crainte dans cette mondialisation s’il n’y avait pas une volonté déguisée des puissances industrielles du Nord de considérer les pays du Sud comme le réservoir de consommateurs de leurs produits. Et la balance commerciale entre le Nord et le Sud ne cesse de se déséquilibrer au détriment des pays pauvres. Sinon à vrai dire, la libéralisation du commerce s’est toujours révélée être un facteur important de croissance économique.

Les partisans de la mondialisation sont doués dans la suite de leurs idées. Ils estiment que l’ouverture des marchés est en effet un puissant moteur de création de richesses, car, en instituant le jeu de la libre concurrence, elle stimule l’activité économique. Ce qui est vraisemblable. Cette ouverture des marchés comporte aussi l’avantage, selon eux, d’une meilleure gestion des ressources : la division internationale du travail permet de mieux répartir les activités économiques selon les avantages qu’offre un lieu géographique.

C’est ce qu’on appelle "les avantages comparatifs de production". Si le principe est rigoureusement respecté dans la réalité, la libéralisation des échanges entraîne une baisse du coût de vie. Car en multipliant les débouchés pour les produits et les choix pour les consommateurs, le jeu de la concurrence fait baisser les prix. Mais que constatons-nous ? les écarts de revenus entre les pays riches et les pays pauvres n’ont jamais été si importants. Plus particulièrement en Afrique les multiples stratégies de lutte contre la pauvreté ne produisent pas l’effet attendu sinon que d’accroître la paupérisation.

Aussi on constate qu’entre 1990 et 1997, la croissance économique par habitant a été négative (ou à peine positive) dans quarante pays en développement.

Le Programme des Nations unies pour le développement humain révèle que le taux de pauvreté absolu est fixé à 1 dollars U$ par jour dans les pays riches.

Sur les 6 milliards d’habitants de la planète, 500 millions vivent dans l’aisance, tandis que 5,5 milliards restent dans le besoin. La mondialisation cherche-t-elle à équilibrer cette équation ?

Théodore ZOUNGRANA


Origine et évolution de la mondialisation

De Théodore Levitt en 1983 à nos jours

L’économiste Théodore Levitt est le père fondateur du terme anglais globalization ("mondialisation" en français) depuis 1983.

Cela survient après que depuis une vingtaine d’années auparavent, plusieurs expressions ont été utilisées par les économistes et les sociologues pour désigner les changements au sein du système économique mondial. Aussi nous avons connu consécutivement les termes : économie post-industrielle, société post-capitaliste, nouvelle économie etc. C’est par le mot par "mondialisation" que dans un article de la revue Harvard Business Review, Théodore Levitt désignait la convergence des marchés pour les produits des grandes firmes multinationales.

Par la suite le terme a été popularisé en 1990 avec la publication du livre de Kenichi Ohmae intitulé "The Bordless World : Power and strategy in the interlinked economy". Monde sans frontière : puissance et stratégie dans une économie interdépendante. Pour Ohmae, la mondialisation constituait une nouvelle étape dans le développement des multinationales.

Aujourd’hui, le terme mondialisation désigne l’intégration croissante des économies nationales à l’économie mondiale sous l’impulsion des politiques de libéralisation du commerce, de la multiplication des échanges commerciaux et financiers ainsi que du développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Toutefois certains auteurs contemporains considérant que la mondialisation actuelle n’est pas un phénomène nouveau, mais qu’elle constitue une nouvelle étape dans le développement du capitalisme.

T.Z

L’Hebdo

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