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Au Burkina la démocratie au sein des partis fait du surf

Publié le samedi 11 février 2006 à 07h02min

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La comptabilité, matière de la démocratie au pays des Hommes intègres, présente un tableau reluisant. Les consultations électorales se tiennent régulièrement presqu’aux dates échues, les institutions fonctionnent normalement, les partis politiques poussent comme des champignons et la presse plurielle dit tout ou presque sans autre risque que les procès en diffamation.

Il n’y aurait rien à redire à propos de ce tableau digne du meilleur des mondes possibles si, à la faveur des prochaines élections municipales, le nomadisme politique et autres batailles rangées, le doute ne s’étaient pas installés sur la réalité du fonctionnement démocratique des partis censés animer la vie politique nationale.

Assurément, loin d’être des épiphénomènes ou de simples manifestations des luttes de positionnement, ces va-et-vient, qui prennent parfois des allures de flux et de reflux dans les chapelles et assimilables à des vagabondages, traduisent des dysfonctionnements.

Qu’il s’agisse des nomades ou des responsables des partis incriminés, tout le monde invoque les textes ou les choix de la base. Seulement voilà, entre les textes et la base, au Burkina, la démocratie au sein des partis fait du surf. La fameuse base est rarement constituée de l’ensemble des militants dans de nombreux partis.

Il s’agit dans bien des cas du regroupement des membres des bureaux des structures du parti eux-mêmes rarement élus démocratiquement, donc pas toujours appréciés par les militants. Ils tiennent leur légitimité des hautes instances dirigeantes, un point c’est tout !

Tant pis pour ceux qui ne les aiment pas !
Une étude sur le processus de mise en place des bureaux politiques ou autres secrétariats exécutifs et même des congrès des partis politiques burkinabè et du mode de désignation des membres de ces instances serait édifiante en la matière.

On se rendra en effet vite compte que l’élection vient en dernière position dans le meilleur des cas, loin après les cooptations et les nominations par cercles concentriques autour des intérêts individuels, corporatistes ou même familiaux. D’ailleurs, il y a presque toujours un fondateur du parti qui met son pognon, par conséquent détient le récépissé de reconnaissance, et le siège du parti peut parfois se confondre à son domicile. C’est du reste ce qui explique que les congrès convoqués pour le renouvellement des bureaux accouchent toujours de souris.

A ce petit jeu, ceux qui s’estiment populaires peuvent toujours aller se faire cuire un uf ailleurs ! Il ne faut donc pas se leurrer, l’approfondissement de la démocratie au Burkina ne viendra pas de la lecture ou de la relecture des textes fondamentaux, encore moins du fonctionnement dit harmonieux des institutions, fussent-elles républicaines. L’approfondissement de la démocratie ne pourra se faire que par des partis politiques fonctionnant eux-mêmes de façon démocratique. Une lionne met bas un lionceau, jamais un agneau.

Journal du jeudi

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