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Emploi au Burkina : L’autre contrat social

Publié le vendredi 10 février 2006 à 07h54min

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"Le travail libère l’homme", a dit un philosophe. Mais dans un contexte de libéralisation sauvage et de précarisation du travail, l’emploi devient une denrée rare. Avoir un emploi est devenu un parcours du combattant, et le conserver est une autre paire de manches. Le sort des travailleurs se joue à peu de chose.

La vague de privatisations forcées des grandes unités de production, imposée par le Programme d’ajustement structurel (PAS), a été faite au grand dam des syndicats. Certains acquis sociaux ont été remis en cause et la lutte syndicale s’effrite, livrant le travailleur aux humeurs d’un patronat toujours plus exigeant. Au nom de la compétitivité, des empois ont été souvent supprimés. Mais les promesses qui les ont accompagnés n’ont pas toujours été tenues.

Depuis les années 90, certains travailleurs licenciés attendent toujours de rentrer dans leurs droits. Le cas du chemin de fer en est un exemple éloquent. L’Etat lui-même n’a pas donné le bon exemple dans le traitement diligent de certains dossiers. Du coup, l’image que l’on garde des privatisations, c’est son cortège de licenciés et de familles ruinées et indemnisées souvent trop tardivement.

Dans un contexte de pauvreté où l’emploi est rare, la diligence dans le règlement des affaires pendantes devraient être de mise. Les indemnités de licenciement peuvent être dans certains cas un fonds de démarrage pour une nouvelle activité. Mais ce qu’on observe sur le terrain n’incite pas à l’optimisme. Le droit des travailleurs est malmené au nom de la rareté de l’emploi et au nom d’une lenteur suspecte dans le règlement des conflits du travail quand ils apparaissent.

Faut-il se soumettre à des conditions de travail "inacceptables" au risque de perdre sa place ? La question se pose surtout dans les petites et moyennes entreprises où les employés sont souvent livrés aux humeurs de responsables qui agissent trop souvent en méconnaissance de la loi. "Nul n’est censé ignorer la loi", dit-on. Encore faut-il que ceux qui ont la charge de la faire respecter fassent leur travail.

On a l’impression que l’Inspection du travail n’attend que les conflits pour tenter les conciliations. Dans ce cas, le mal est déjà fait. Une action en amont de l’Inspection du travail sur les conditions d’embauche et de travail ferait l’économie de biens des procès.

Il ne suffit plus pour une entreprise de payer ses impôts, un aspect qui semble intéresser le plus l’Etat. L’entreprise citoyenne doit, en plus de s’acquitter régulièrement de ses impôts, respecter la réglementation en vigueur en matière de code du travail et du respect des droits du travailleur même en cas de conflit. C’est une vertu démocratique pour les entreprises mais aussi une nécessité pour l’Etat de garantir ces droits car la paix sociale en dépend.

Le rôle régulateur de l’Etat est plus que nécessaire dans un domaine où les intérêts pécuniaires divisent plus que tout. L’employeur y joue ses marges bénéficiaires et l’employé sa survie économique. L’Etat doit être au service des deux en légiférant de telle sorte qu’il y ait une équité dans le traitement des conflits.

Dans le cas contraire, ce serait la porte ouverte à tous les excès dans un marché du travail déjà restreint. C’est de cette étroitesse du marché que doit sortir le Burkina en stimulant d’un côté la création d’entreprises, et de l’autre, en encourageant les entreprises à recruter . Des primes à l’embauche de jeunes diplômés sont à imaginer pour éviter que ceux-ci aient plus d’expérience dans l’antichambre du chômage qu’à un quelconque poste de travail.

Au fait, combien sont-ils les Burkinabè à courir derrière un emploi ? Que fait l’Etat pour connaître leur nombre exact ? Depuis quelques années , on observe l’explosion des écoles supérieures de formation professionnelle, qui déversent des milliers de candidats au premier emploi.
Au Burkina Faso, les statistiques en matière d’emploi sont ce qu’il y a de plus rare. En dehors des 50 à 60 mille travailleurs qui émargent à la Fonction publique et ses démembrements, une belle pagaille semble s’installer dans le monde du travail en matière de promotion et de sécurisation de l’emploi. Combien de nouveaux emplois sont-ils créés par an ? Combien sont supprimés ?

Seule l’Agence nationale pour l’emploi pourrait donner une idée des embauches organisées sous son couvert. Mais ces chiffres sont très loin de la réalité vu qu’elle n’est pas le principal recruteur national. Du coup, toute la politique de l’emploi du gouvernement se trouve brouillée, en l’absence de repères statistiques, base essentielle pour toute politique d’emploi adaptée.

"Le PAYS"

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