LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Sidi NAPON, ancien international burkinabè : « Je ne suis pas très, très satisfait de la prestation des Etalons »

Publié le jeudi 29 janvier 2004 à 10h39min

PARTAGER :                          

Depuis le 24 janvier 2004, l’Ambassade du Burkina Faso à Paris vit au rythme de la Coupe d’Afrique des Nations de football, Tunisie 2004. Grâce aux installations de l’Ambassade, la colonie burkinabè vivant à Paris suit les matches des Etalons et ceux des autres équipes dans des conditions idéales. Bref, entre deux matches, Nigeria- Maroc et Afrique du Sud-Bénin, nous avons approché Sidi NAPON, ancien joueur des Etalons pour commenter le match Sénégal-Burkina. M. Napon explique d’abord les activités qu’il mène en France après sa retraite internationale.

Sidi NAPON : Actuellement, je suis entraîneur de l’équipe de Roissy-Ville et parallèlement, je passe mes diplômes d’entraîneur ; je travaille également pour un fournisseur d’une grande marque d’équipement basée ici en Europe. Il s’agit de la marque « Ad Valorem » dont je suis le représentant. C’est cette marque qui habille l’Olympique de Marseille, les Ecureuils du Bénin et a été choisie pour confectionner tous les produits dérivés de l’Euro 2004 au Portugal.

Vous avez suivi le match les Etalons du Burkina contre les Lions du Sénégal, quels ont été vos premiers commentaires ?

S.N : Mes premiers mots, c’est que je ne suis pas très, très satisfait de la prestation des Etalons, car l’équipe qui a joué le 26 janvier, je l’ai suivie de bout en bout durant son stage ici en France, sauf celui de Toulon. Sinon, au départ, je n’étais pas inquiet ; j’ai eu même à dire à plusieurs personnes que ces gamins avaient du potentiel et peuvent rivaliser avec n’importe quelle équipe du groupe A au groupe B ; moi, je ne me fais pas de soucis. On dit que les Sénégalais sont des favoris, mais je pense que toutes les équipes présentes à cette CAN, ont des capacités à faire quelque chose.

L’impression que j’ai d’ailleurs eue lors de ce match, est que nos jeunes étaient crispés par la pression mais au fur et à mesure de la compétition, on va découvrir un autre visage agréable des Etalons pour une qualification pour le second tour.

Je compte me rendre à Tunis le jeudi pour les encourager lors du match contre le Mali ; j’ai un seul conseil à leur donner : il faut penser aux couleurs nationales et jouer crânement leur football.

Sur quel point précis, vous n’êtes pas satisfait de la prestation face au Sénégal ?

S.N : C’est surtout sur la circulation des balles ; les Etalons étaient un peu crispés et ça dégageait partout. On cherchait impérativement Dagano alors que ce n’est pas leur style de jeu. Tous les matches de préparation que j’ai vus ici, contre l’Algérie ou à Créteil, Beauvais, partout, il y avait une très bonne circulation de balles, ce que je n’ai pas vu face à l’équipe du Sénégal. Cela m’a beaucoup affecté.

Cela n’est-il pas lié à la taille de l’adversaire ? Finaliste de la CAN 2002 et quart finaliste de la Coupe du monde 2002…

S.N : Le Sénégal s’est fait un nom ; le Burkina aussi s’est fait un nom ; il ne faut pas oublier que notre pays fait partie des grandes nations africaines de football actuellement ; ça fait 5 éditions successives de la CAN auxquelles on est toujours présent, alors que les Sénégalais ne sont qualifiés qu’en 2002, cela par repêchage.

Ce n’est pas parce que nos jeunes n’évoluent pas dans les grands clubs européens de football qu’on croit que le Sénégal est supérieur au Burkina Faso ; pas du tout. Ce sont les Etalons qui ont barré la route à cette même équipe sénégalaise lors des phases éliminatoires de la CAN 2002.

Cette CAN sera la meilleure parce qu’il n’y a pas d’équipes favorites ; on a vu le Cameroun face à l’Algérie, le Nigeria battu par le Maroc, le Sénégal face au Burkina. Pour l’instant, on attend le second tour pour mieux voir car toutes les équipes qualifiées pour la CAN savent bien jouer au football ; il n’y a pas de petites équipes, le Rwanda et le Bénin sont là, le Ghana et la Côte-d’Ivoire sont absents.

Votre avis sur le coaching des Etalons ?

S.N : Je suis un entraîneur et je n’aime pas trop entrer dans le détail. Je souhaite qu’il donnera le meilleur de lui-même ; j’espère également qu’il mettra moins de pression sur les joueurs afin qu’ils puissent donner le meilleur d’eux-mêmes.

Il reste dans le groupe B deux matches, l’un contre le Mali et l’autre contre le Kenya ; vos pronostics ?

S.N : Mes prévisions sont nettes ; on va gagner les deux matches car j’ai confiance à nos gamins. Le message que je souhaite faire passer, c’est que nous les Burkinabè, on a un problème de manque de confiance en nos joueurs ; contre le Cameroun, le Nigeria, le Sénégal, on nous voit déjà vaincus ; mais, moi, je dis non, car avec une telle idée, on ira nulle part . Tous ces pays n’ont pas démarré comme ça ; c’est parce qu’ils ont osé croire en eux, qu’ils sont devenus aujourd’hui de grandes nations de football. A chaque fois, on est tout le temps qualifié pour les CAN -cadets, juniors et seniors- et les jeunes qui émergent seront de grands joueurs, si nous, les supporters, croyons en eux.

Comparaison pour comparaison, le Burkina Faso ne dispose pas des mêmes ressources que le Cameroun, le Nigeria ou le Maroc ?

S.N : Tout ça viendra après ; il suffit d’avoir une politique cohérente au niveau du football. De toute façon, il suffit d’avoir un bon budget pour nos clubs afin qu’ils puissent bien entretenir les joueurs du championnat national ; sinon, on ne peut pas aller très loin. Il y a un grand fossé entre l’équipe nationale et les clubs de football. Si la CAN est dominée par les joueurs professionnels, c’est parce qu’il y a eu d’abord des joueurs locaux ; avant d’aller en professionnel, on joue dans le championnat national pour émerger avant de venir en Europe, c’est parce que j’ai joué en championnat qui est la base de notre football national. Tant qu’on ne mettra pas les moyens pour les clubs, notre football ira en déclin.

Entre les Etalons de votre génération et les Etalons d’aujourd’hui, y a-t-il une évolution ?

S.N : Si les jeunes d’aujourd’hui ont émergé, c’est un peu grâce à notre génération parce que tout dépend du début. En effet, depuis le temps de « Saboteur » jusqu’à celui de Troussier, le travail réalisé a été énorme. On avait un groupe très solide et je suis du fait que le manque de connaissances footballistiques a entraîné un peu notre football en retard.

Si je prends l’exemple du Cameroun, ce sont les mêmes joueurs qui continuent de jouer depuis la CAN’96 en Afrique du Sud ; cela veut dire que si j’étais au Cameroun, je devrais toujours jouer en équipe nationale ; mais au Burkina, il manque cette capacité de savoir qu’un joueur qui atteint la trentaine peut toujours bien donner ; chez nous, on dit qu’il est vieux et on le met au décor. Un joueur comme Seydou Traoré a de l’expérience et peut toujours bien donner. Ce que je souhaite, qu’on garde cette équipe intacte et éviter qu’une fédération ou quelqu’un d’autre vienne et veuille recommencer à zéro.

Entretien réalisé par Issouf ZABSONRE
Paris le 27 janvier 2004

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina/Reprise de la Ligue1 : Quatre chocs à l’affiche