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Traitement de la drépanocytose : Le « Faca », une trouvaille de chercheurs burkinabè

Publié le lundi 6 février 2006 à 07h57min

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Maladie génétique, héréditaire, la drépanocytose cherche difficilement son remède. Médecine moderne et traditionnelle s’évertuent à proposer des traitements. Au Burkina, les chercheurs du Centre national de recherche scientifique et de technologie (CNRST) ont découvert un produit, « Faca », qui donne de meilleurs espoirs.

Le « Faca », made in Burkina, est une combinaison de deux plantes, le Fagara xanthoxyloïde (Rutaceae) et le calotropis procera (Asclepiadaceae). La première plante pousse dans la région de l’Ouest du Burkina. Le calotropis se trouve un peu partout sur le territoire burkinabè. Selon le chef de département de l’Institut de recherche en science de la santé (IRSS), le Pr Pierre Guissou, les deux plantes, prises isolement agissent sur la drépanocytose ;. « Mis ensemble, le résultat est satisfaisant ».Très sûr de l’efficacité du « Faca » (disponible en gellule), le Pr Guissou affirme qu’il donne de meilleurs résultats souvent plus que les produits modernes.

Ce produit est curatif et préventif, précise le Professeur. Pendant les crises, une semaine de traitement suffit pour soulager le patient. Le « Faca », pris pendant un mois de traitement préviendrait les crises pendant quatre à cinq ans. Outre leurs substances contre la drépanocytose, les deux plantes possèdent des vertus contre le cancer... sur lesquelles les chercheurs burkinabè sont en train d’expérimenter. Aussi avec les partenaires européens, l’IRSS a découvert dans ces plantes de nouvelles molécules qui n’avaient jamais été décrites nulle part ailleurs d’un point de vue chimique. Ces molécules sont identifiées sous le nom burkinabè A, B et C. Cependant, les moyens manquent pour en faire un brevet.

L’accessibilité du « Faca »

Découvert depuis 1990 par des essais cliniques, le « Faca » a « séjourné » pendant longtemps au laboratoire et a fait l’objet de plusieurs tests. Toute chose, selon les chercheurs, afin de s’assurer de l’efficacité du produit et répondre aux exigences de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et du ministère de la Santé. En attendant l’autorisation de mise sur le marché (au cours de l’année 2006), le « Faca » est en phase d’essai dans certaines pharmacies de la place mais aussi à l’étranger, Mali, Niger, Cameroun, Guinée... Fabriqué à l’usine au CNRST, le « Faca » est disponible et accessible à un coût de 4000 FCFA/sachet de 100 gellules. L’usine, fruit de la coopération belgo- burkinabè, peut fabriquer les comprimés comme le paracetamol, la nivaquine. Elle dispose de machines d’une capacité de 2000 comprimés par minute.

Le chemin vers le « Faca »

Tout est parti d’un étudiant en 6 e année de médecine à l’université de Ouagadougou. En stage en milieu rural dans l’Ouest du Burkina, l’étudiant s’est interessé à un traditérapeute soignant des enfants victimes de crise drepanocytaire. Emerveillé par ces résultats de soin de ce tradipraticien, il pousse davantage sa curiosité de médecin.

Ainsi, il en formule un thème de recherche pour son mémoire de doctorat. Après sa soutenance, son directeur de mémoire, Pierre Guissou engage l’IRSS vers la valorisation de ce produit traditionnel. Pour le promoteur, le Pr. Guissou, la médecine traditionnelle a des données d’intérêt. En effet, il faut que les acteurs de la médecine travaillent davantage à la valoriser. « Le Burkina a des ressources humaines capables de travailler.
S’il y a les moyens nous pouvons évoluer comme les Chinois avec leur médecine chinoise » , a - t- il soutenu. Si ce produit obtient son autorisation de mise sur le marché, il pourrait être vulgarisé hors de nos frontières et lutter contre la drépanocytose considérée comme un problème de santé publique en Afrique. Au Congo, selon le Pr. Samuel Nzingoula, elle « est un grave problème de santé publique et un réel drame social » .

Lors des états généraux de la maladie tenus au Congo Brazzaville en 2005, il ressort, selon le même professeur, que « sur une population d’environ 3 millions d’habitants, 1/4 est porteur de trait, transmetteur de la maladie. 2% des enfants naissent drépanocytaire (malade) avec 35% d’hospitalisations pour une durée moyenne de 10 jours et une mortalité d’environ 4% chez les malades hospitalisés ».

Au Burkina, on ne dispose pas de statistiques nationales mais selon le Dr Jonas Ayeroué, 120 enfants drépanocytaires suivent des traitements à l’hôpital Yalgado- Ouédraogo. Aussi une étude faite à Ouagadougou (en 2000) dans deux maternités montre que 3% des nouveau-nés sont drepanocytaires (SS ou SC ) et 30% porteurs de gènes S ou C. Vivement que le « Faca » soit mis sur le marché pour le bonheur des patients.

Boureima SANGA (bsanga2003@yahoo.fr)
Sidwaya

P.-S.

Contact du Pr Guissou : (226) 70 26 65 34 ou (226) 50 36 33 64

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