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Dialogue inter-togolais à Ouagadougou : Blaise Compaoré, faiseur de paix

Publié le lundi 6 février 2006 à 08h26min

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Edem Kodjo et B. Compaoré

A l’issue de la visite qu’il a effectuée dans notre pays la semaine dernière, le Premier ministre togolais, Edem Kodjo a déclaré être venu s’entretenir avec le président du Faso de la possibilité de tenir le dialogue politique inter-togolais à Ouagadougou.

A décrypter les propos du Premier ministre Edem Kodjo, il va s’agir au cours de ce « dialogue politique » de résorber la fracture née du contentieux politique et des droits humains qui existe entre le pouvoir de Lomé et l’opposition, sinon dans sa majorité du moins dans sa frange la plus significative (l’Union des forces du changement de Gilchrist Olympio). Un contentieux vieux et nouveau à la fois si tant est qu’il date de l’assassinat d’Olympio-père en janvier 1963 et qu’il s’est « épaissi » avec le printemps de la démocratie africaine en 1990 puis la mort d’Eyadéma-père. La faute à une succession mal gerée, dans un premier temps puis assurée suite à une élection présidentielle jugée « tronquée », ce qui a entraîné une fronde sociale réprimée par l’armée. On se retrouve dans le scénario de début 90, où Eyadéma avait fait tonner du canon ensanglantant la lagune de Bè (fief de l’opposition). Déjà, Blaise Compaoré s’était investi pour renouer le dialogue entre les deux parties antagoniques. Faure Gnassingbé a « laissé faire » l’armée en février puis avril-mai 2005 pour asseoir son règne avec ici aussi des morts à la clé. Aussi, de nombreux réfugiés togolais sont depuis au Bénin, au Burkina Faso...et refusent jusque-là de rentrer, redoutant d’éventuelles « représailles ».

C’est dire, si nonobstant les avancées notées par Kodjo, le climat sociopolitique est lourd à Lomé et Faure Gnassingbé a besoin d’une expertise étrangère pour trouver un compromis politique acceptable pour tous. En l’occurrence, le choix de Blaise Compaoré se comprend aisément, le président du Faso ayant une longue et riche expérience en matière de résolution des conflits politico-militaires : rebellion touarègue au Mali et au Niger, « fracture armée » entre frères tchadiens, conflit du Sud Soudan, « cas » de la RD-Congo, le « docteur » Compaoré a trouvé la bonne thérapie à toutes ces crises majeures soit immédiatement soit à moyen terme (cas du Soudan). Que dire du dialogue inter-libériens amorcé ici à Ouagadougou en 2001 et qui a abouti aux dernières élections qui ont vu la victoire d’Ellen Johnson Sirleaf.

Laquelle a reconnu, ici même à Ouagadougou, les « mérites » de Blaise Compaoré à travers cette intercession heureuse. Il se murmure par ailleurs que Blaise Compaoré aurait été sollicité à Khartoum lors du dernier sommet de l’UA pour ramener la paix entre le Soudan et le Tchad en « état de belligérance », selon N’Djamena. Faure a donc eu le nez creux en s’adressant à Blaise Compaoré qui connaît le dossier togolais sur le bout des ongles.

Il vous souviendra que le président du Faso avait, dès le lendemain du décès du Général Eyadéma, déclaré que dans le cas du Togo, il ne fallait pas se « précipiter » pour rechercher une démocratie « parfaite ». Le pays sortant d’un régime monopartisan, Blaise Compaoré, sans apporter sa caution à l’inénarrable intronisation, manu militari de Faure Gnassingbé avec le soutien intellectuel (?) d’un constitutionnaliste français douteux, était conscient que le camp de celui-ci ne serait pas prêt à brader à peu de frais et surtout sans garanties, ses intérêts. Il fallait donc aider cette démocratie, sur mesures à se revêtir de plus de légitimité à travers une élection présidentielle.

Pour la suite, le « débat », politique pour l’avènement d’une véritable démocratie pourrait commencer. Nous touchons au but après cette visite d’Edem Kodjo et, sous le magistère éclairé de Blaise Compaoré, le Togo pourra bientôt se revêtir de ses habits neufs. La consolidation de la place du Burkina Faso en Afrique et dans le monde se poursuit à travers cet acte de promotion de la paix et de la sécurité dans le monde.

Boubakar SY

Sidwaya

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