LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Sécurisation du foncier rural : Cap sur une autre politique nationale

Publié le mercredi 1er février 2006 à 07h54min

PARTAGER :                          

"Promouvoir la sécurisation foncière pour renforcer le
développement des filières agro-sylvo-pastorales au Burkina
Faso" a été le thème de la 10e Journée nationale du paysan qui
a mobilisé environ 1000 délégués les 27 et 28 janvier 2006 à
Manga, chef-lieu de la province du Zoundwéogo et également
chef-lieu de la région du Centre-Sud.

Avant la cérémonie
officielle d’ouverture et l’entretien avec le chef de l’Etat le 28
janvier, les délégués se sont retrouvés la veille pour un forum.
Celui-ci a eu pour thème : "Sécurisation foncière et
accroissement durable des productions agro-sylvo-pastorales
au Burkina Faso", et a donné lieu à des recommandations en
vue de résoudre la préoccupation exprimée dans le thème.

Si l’entretien entre le chef de l’Etat et les producteurs est un
moment important de la Journée nationale du paysan, il n’en
demeure pas moins que d’autres activités ou rencontres non
moins importantes se mènent ou se tiennent en marge. C’est le
cas du forum des producteurs qui, à cette 10e édition du
rendez-vous majeur du monde rural, a permis de réfléchir sur la
sécurité foncière, objet de préoccupation cette année.

Les
participants étaient plus de 300 personnes représentantes de
producteurs, de l’administration centrale et déconcentrée, de
projets et associations, des partenaires techniques et financiers
ainsi que des chefs coutumiers et des agro-business men à se
retrouver au Centre de formation (CDEF) flambant neuf à
Massamba à 4 km de Manga. Et cela pour plancher sur le thème
"Sécurisation foncière et accroissement durable des
productions agro-sylvo-pastorales au Burkina Faso".

Au terme
d’une journée de travail, ils ont pris des recommandations après
avoir suivi une présentation du document introductif au forum,
pris connaissance d’expériences de sécurisation foncière rurale
menées ou en cours et examiné les orientations proposées
dans le projet de la Politique nationale de sécurisation foncière
en milieu rural (PNSFMR).

Les recommandations, dont la
synthèse a été lue le lendemain à la rencontre avec le chef de
l’Etat, se rapportent à l’accélération du processus d’élaboration
des schémas d’aménagement du territoire, à la nécessité de
favoriser la sécurisation foncière des groupes vulnérables, en
particulier les femmes et les jeunes. Elles se rapportent aussi à
la nécessité de favoriser l’obtention de titres de propriété qui
permettraient une garantie et un meilleur accès au crédit pour
augmenter les capacités d’investissement des acteurs.

Les
participants ont également recommandé la mise en place d’un
dispositif institutionnel adapté de gestion du foncier rural, la
mise en oeuvre effective de la PNSFMR et enfin la tenue en avril
2006 d’un forum national sur la PNSFMR.

La terre, une préoccupation générale

Si la sécurisation foncière préoccupe jusqu’à ce point, c’est que,
comme l’a relevé le ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et
des Ressources halieutiques, Salif Diallo, en ouvrant le forum,
"la terre est au centre des préoccupations de tous les
Burkinabè".

Le foncier, mal géré, peut être source de conflits
menaçant la cohésion, la paix sociale. Si le gouvernement a
voulu prévenir les conflits liés au foncier en adoptant la Réforme
agraire et foncière (RAF), il reste que 20 ans après, la sécurité
foncière est loin d’être acquise et cela, compte tenu du "grand
décalage entre les textes légaux et les situations concrètes des
producteurs sociaux", a relevé Salif Diallo, le lendemain à la
cérémonie officielle d’ouverture de la Journée. Et voilà le
gouvernement à nouveau à la recherche d’une législation de
sécurisation efficace du monde rural sans laquelle il est difficile
de réaliser le développement.

C’est ce qui explique l’élaboration
d’un document cadre de politique nationale de sécurisation
foncière en milieu rural, en vue de corriger les insuffisances
liées à la gestion du domaine foncier rural.
Le lendemain du forum, les délégués des producteurs présents
à l’édition de Manga ont eu leur premier contact avec le chef de
l’Etat à l’occasion de la cérémonie officielle d’ouverture.

A cette
occasion, et avant l’entretien du soir, le président de la
Confédération paysanne du Faso (CPF), François Traoré,
exprimait déjà les préoccupations et des doléances du monde
rural. En effet, dans son discours devant le chef de l’Etat, le
Premier ministre, des membres du gouvernement et d’autres
invités de marque, il a exprimé des préoccupations par rapport à
la question foncière qui sont l’accès de toutes les catégories de
producteurs à la terre, la sécurisation foncière pour toutes les
catégories d’exploitations agricoles.

En vue de permettre aux
producteurs de bien mener leurs activités, le président de la
CPF a demandé que des solutions soient apportées à des
problématiques comme la promotion des produits locaux, leur
transformation sur place, la gestion efficiente des excédents en
périodes de bonnes récoltes, la protection des produits locaux
dits sensibles contre la concurrence déloyale des produits
importés, etc.

Outre les discours, la cérémonie d’ouverture a été
marquée par la décoration d’agents du développement rural, la
remise symbolique de quelques-unes des 20
égreneuses-batteuses multi-céréales (mil, sorgho, maïs)
destinées aux unions de producteurs de céréales membres du
Comité interprofessionnel des céréales du Burkina (CIC-B).
Quelques-uns des gouverneurs de région présents à la
cérémonie ont reçu symboliquement du matériel informatique
d’une valeur totale de 50 millions de F CFA.

La remise d’habits
et d’un cheval harnaché au chef de l’Etat, celle de divers cadeaux
à des personnalités, le défilé des producteurs pour recevoir les
félicitations du Président du Faso qui a offert 75 000 sacs de
conditionnement, 30 charrues et 14 tonnes de semences
améliorées aux participants à la Journée du paysan ont
également marqué la cérémonie officielle. La boucle a été
bouclée par la visite des stands de l’exposition vitrine sur les
produits agro-sylvo-pastoraux organisée à la place des
cérémonies de Manga, lieu également de la cérémonie
d’ouverture.

Par Séni DABO


VU, ENTENDU ET VECU

*L’électricité 24h/24

Manga, bien que chef-lieu de province et de région, ne bénéficie
pas de l’électricité 24h/24h. Le précieux jus est jusque-là fourni
de 7h à 1h du matin. Mais pour la Journée du paysan, l’on a
dérogé à la tradition, et l’électricité a été disponible 24h/24h bien
avant le 28 janvier et même un peu au-delà, vu que le chef de
l’Etat est resté à Manga jusqu’au 29 janvier.

Au moment où vous
lisez ces lignes, nul doute que la cité a renoué avec son
électricité rationnée en attendant d’en disposer en continu un
jour lorsqu’elle sera raccordée au réseau de Kombissiri,
comme l’a fait savoir le ministre de l’Energie, Kader Cissé,
interpellé sur la question lors de l’entretien entre le chef de l’Etat
et les producteurs où il a, par ailleurs, expliqué la fourniture non
continue de l’électricité par le faible nombre d’abonnés qui ne
permet pas de couvrir toutes les charges de fonctionnement.

*Administrations transformées en dortoirs

Face à l’insuffisance d’infrastructures d’hébergement à Manga,
les écoles et certains services de l’administration publique ont
été réquisitionnés pour accueillir les milliers d’invités. Pour
l’occasion, les salles de classe ont été vidées de leurs
tables-bancs et les bureaux de leur matériel pour faire place aux
matelas et autres nattes synthétiques.

La plupart des organes
de presse ont été logés à la toute nouvelle direction régionale
des Sports et des Loisirs du Centre-Sud, un service un peu
isolé à la ville et non encore raccordé au réseau électrique. Pour
l’éclairage temporaire, les organisateurs ont eu recours à un
groupe électrogène qui avait la particularité de ne pas pouvoir
éclairer tout le bâtiment et de s’arrêter de ronronner avant la
levée du jour, faute d’essence.

*Invités debout de... bout en bout

La cérémonie officielle d’ouverture de la Journée du paysan a
drainé du monde à la place des cérémonies de Manga. Si
certains ont été logés à la bonne enseigne, d’autres l’ont été
moins ou pas du tout. C’est le cas de certains journalistes qui
ont suivi la longue cérémonie debout de... bout en bout, faute de
place, le peu ayant été littéralement confisqué par des
personnes sans aucun lien avec la presse sinon côtoyé des
journalistes en un endroit qui leur est pourtant réservés.

*Ecart de langage devant le chef de l’Etat

L’on est toujours à se demander si le délégué des producteurs
qui a lu les contraintes de la filière agriculture, hydraulique,
ressources halieutiques était lucide dans son adresse au chef
de l’Etat. Au lieu de lire sa feuille, il s’en détachait par moments
pour se livrer à des commentaires d’où des dérives. Il a
commencé par avertir le "kôrô" qu’il va utiliser un marteau contre
lui pour le rassurer rapidement que ce n’est pas pour l’abattre.
Si cette façon de parler, d’utiliser des images pour exprimer ces
doléances a un peu fait sursauter certaines personnes, la suite
a laissé l’assistance pantoise.

Toutefois, la décence ne nous
permet pas de rapporter ici des propos tenus par ce délégué qui
croit s’excuser en s’abritant derrière le français de son
grand-père d’ancien combattant d’où il dit tirer certains mots et
expressions. L’écart de langage était tel que le président de la
Confédération paysanne du Faso a été obligé de s’approcher de
l’intéressé pour le rappeler à l’ordre. Le maître de cérémonie en
fit de même en demandant à ce producteur de se contenter de
ce qui était écrit sur sa feuille.

Mais il ne veut pas se laisser conter et peste en demandant
qu’on le laisse parler tranquillement parce que ce n’est pas tous
les jours qu’il a l’occasion de s’adresser directement au
président. Toute chose qui a fini de convaincre certaines
personnes dans l’assistance que l’intéressé avait pris quelque
chose pour pouvoir s’acquitter de la tâche surtout que par la
suite, et bien que lisant sa feuille, il a fait cas "d’exode de l’eau",
"d’animaux villageois".

*Ruée vers la sortie

C’est à minuit passé que s’est achevé l’entretien entre le chef de
l’Etat et les producteurs. Aussitôt, les participants étaient
pressés de quitter la résidence de Mme le gouverneur qui pour
rentrer immédiatement à Ouaga, qui pour regagner son lieu
d’hébergement. Mais les forces de l’ordre ont bloqué la foule
attendant que les dignitaires, qui avaient rejoint leurs véhicules,
s’en aillent. Dès que ce fut le cas, les jeunes gendarmes ont été
bousculés et s’en est suivie une ruée vers la porte de sortie à la
manière d’un public qui envahit une pelouse.

*Axe hautement sécurisé

Journée nationale du paysan oblige, l’axe Ouaga-Manga a été
hautement sécurisé, permettant la circulation à tout moment
surtout la nuit. C’est pourquoi des participants ou des invités
n’ayant pas trouvé de logement à Manga repartaient dans la nuit
dormir à Kombissiri ou à Ouaga au regard du dispositif
sécuritaire déployé : patrouilles en véhicule, à moto et même à
pied. A la fin de l’entretien à minuit passé, beaucoup ont préféré
rentrer à Ouaga pour la plupart au lieu de dormir malgré l’heure
tardive et surtout l’insécurité sur les routes.

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)