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Privatisation de l’ONATEL : Le SYNATEL donne de la voix

Publié le mercredi 1er février 2006 à 08h14min

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Ce résumé des travaux de leurs journées de réflexion des 11,
12 et 13 août 2005, est la contribution des travailleurs de
l’ONATEL à travers le Syndicat national des
Télécommunications, dans le processus de la privatisation de
la société. Les participants à cette rencontre sont arrivés à la
conclusion que "la stratégie actuelle de privatisation a échoué
partout en Afrique".

Les Télécommunications sont devenues, grâce aux progrès
techniques et technologiques souvent spectaculaires, une base
canonique du développement humain. En effet, le rôle moteur
des Télécommunications dans tout processus de
développement tient du fait qu’elles constituent d’une part un
secteur économique à productivité et à rentabilité financière
élevées, et d’autre part, un support indispensable à l’échange de
l’information qui est un des éléments fondamentaux du progrès
humain.

Ainsi, aucune activité humaine (production de biens et
services, culture, sport, etc.) ne peut être sérieusement
entreprise ni améliorée sans la maîtrise des courants
d’échange de données informationnelles la caractérisant et
partant, sans la disponibilité d’un réseau de
Télécommunications fiable et accessible au plus grand nombre.
L’Afrique demeure le maillon faible de la chaîne mondiale des
télécommunications. Le taux de pénétration est plus faible, les
tarifs sont encore très élevés, la connectivité transfrontalière est
faible et de mauvaise qualité.

Face à cette situation défavorable, et prenant conscience qu’une
infrastructure de télécommunications fiable et abordable est non
seulement un prérequis pour l’information dans la région, mais
aussi un élément vital pour améliorer l’accès aux services de
base et pour la réalisation des objectifs de développement du
millenium, les pays africains, dont le Burkina, se sont engagés
dans des réformes significatives de leur secteur des
Télécommunications.

Dans la plupart des cas, ces réformes
consistent à adopter une loi régissant le secteur des
télécommunications, laquelle loi consacre la libéralisation des
segments du mobile et des données en y introduisant la
concurrence, la création d’un organe de régulation du secteur et
dans certains cas, la privatisation partielle ou totale de
l’opérateur historique et/ou l’octroi d’une licence à un second
opérateur national (SNO :Second National Operator).

La privatisation partielle de l’ONATEL, autorisée par la Loi
58/98/AN du 16 décembre 1998, s’inscrit donc dans ce cadre. Le
but annoncé de cette privatisation est :
. d’assurer le développement du réseau et des services par un
apport de capitaux privés ; il s’agit d’obtenir d’un partenaire
stratégique, l’apport en ressources financières nécessaires à la
mise en place des infrastructures et des services ;

. de s’appuyer sur l’expertise d’un opérateur de
télécommunications de rang mondial (le partenaire stratégique)
pour développer le réseau et pour s’adapter au nouvel
environnement ;

. de s’intégrer, à travers le partenaire stratégique, au marché
mondial des télécommunications.

Des difficultés

Lancé officiellement en décembre 1998, le processus de
privatisation partielle de l’ONATEL connaît des difficultés dans
son aboutissement et constitue une préoccupation pour le
gouvernement, les responsables et le personnel de l’entreprise.

Conformément à leur engagement de contribuer au succès du
processus, plus de quatre-vingt (80) travailleurs représentant
les différentes couches du personnel, se sont retrouvés en
journées de réflexion sur le sujet les 11, 12 et 13 août 2005 à
Ouagadougou.

L’examen de l’environnement dans lequel se déroule le
processus, l’analyse des expériences de privatisations en
Afrique et des scenarii possibles, ainsi que la considération du
niveau de développement du réseau des Télécommunications
du Burkina et les possibilités que présente l’ONATEL, ont
conduit aux résultats suivants :

. la privatisation n’est pas une fin en soi et ne constitue pas une
panacée au développement des Télécommunications ; sur vingt
(20) pays ayant privatisé leur opérateur historique des
Télécommunications, seuls deux (2) cas de privatisation
peuvent être considérés comme un succès (avec nuances) ;
vingt-huit (28) pays cherchent vainement un partenaire
stratégique ; en outre, des opérateurs historiques encore sous
tutelle étatique fonctionnent mieux que certains opérateurs
privatisés ;

. le schéma de cession de 51% du capital à un partenaire
stratégique ne garantit pas le succès de l’opération ; il contient
plus de risques d’échec du processus et comporte beaucoup
d’inconvénients ;

. la poursuite du développement du réseau fixe reste
primordiale, car une large couverture nationale est
indispensable pour le développement et la vulgarisation des
TIC ; la téléphonie mobile ne permet pas toutes les applications
nécessaires à l’insertion du Burkina dans la société de
l’information ;

. les objectifs de la politique sectorielle du gouvernement et de
la réforme du secteur des télécommunications peuvent être
atteints sur la base de décision stratégique d’une politique
nationale de développement économique et sociale ;

. la convergence des technologies nécessite une synergie
d’actions de tous les acteurs intervenant dans la régulation du
secteur (ARTEL, CSI, MPT, DELGI) ; cela implique une révision
du cadre légal et réglementaire ;

. l’ONATEL est un bien national qui relève d’un secteur
stratégique dont le développement intéresse toute la
communauté. L’importance des enjeux commande que toute
décision dans le domaine puisse impliquer tous les acteurs
économiques et sociaux ;

. la question du développement des télécommunications et des
TIC est complexe et nécessite l’apport de compétences
diverses. Elle mérite d’être abordée dans son ensemble afin de
trouver la meilleure voie pour le Burkina Faso.

Au vu de ces résultats, les participants aux journées de réflexion
du personnel de l’ONATEL sur la privatisation ont retenu, en
guise de contribution au succès du processus :

- l’option d’une stratégie sans partenaire stratégique s’appuyant
sur l’actionnariat national et sous-régional,
- le report de l’ouverture du monopole sur le fixe et l’international
après la privatisation.

Pour approfondir la réflexion, il est recommandé l’organisation
urgente d’une concertation nationale associant tous les acteurs
en vue de trouver la meilleure voie pour le développement des
télécommunications et des TIC en général au Burkina.

Pour le bureau national du SYNATEL.
Le Secrétaire général
Valentin SAWADOGO

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