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Théâtre et médias : La promotion, une arme vitale

Publié le mardi 31 janvier 2006 à 07h30min

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Prosper Kompaoré

« Théâtre et médias », un titre qui pourrait paraître redondant de prime abord ; une redondance qui vient du fait que le théâtre en lui-même est un canal de diffusion, un média. Mais ici, il est question de la promotion des produits théâtraux.

Le théâtre est à la fois un moyen de communication et une œuvre qui a besoin de promotion pour être consommé par le public. Ce qui fait qu’au même titre que les films, les concerts musicaux et ballets, les pièces de théâtre ont besoin de publicité ou du moins, de promotion pour faire tache d’huile.

Une pièce théâtrale n’est pas un produit ayant des spécificités qui lui excluent l’utilisation des moyens traditionnels de promotion pour une large diffusion. Même s’il est un canal de communication, de transmission de messages, il est aussi un produit artistique proposé à la consommation et donc, nécessite une certaine promotion. Au même titre que les autres produits des arts du spectacle et le cinéma, les produits théâtraux dégagent donc un besoin de publicité.

« Faire du théâtre pour développer », l’auteur de l’ouvrage Prosper Kompaoré a consigné un certain nombre d’outils qui peuvent être utilisés dans ce sens : la radio, la télévision, la presse écrite, les invitations, les tracts, les dépliants et programmes, la criée, et la montre qui circule dans la ville avec les comédiens pour jouer des séquences de la pièce dans la rue, ainsi que les abonnements, ce sont autant de moyens qui peuvent être mis en œuvre par les responsables de troupes pour la promotion de ce qu’ils font.

Malgré tout, le constat fait sur le terrain burkinabè est l’absence ou du moins la faible présence des produits théâtraux dans les médias. A qui la faute ? Aux responsables des structures théâtrales ou aux responsables des médias ?

De notre point de vue, elle est partégée. D’abord en ce qui concerne les responsables des structures artistiques. Aujourd’hui, le paysage des ondes et de la presse écrite burkinabè connaît quelque part son printemps avec la prolifération des organes, donnant des opportunités diverses de promotion pour les artistes et leurs produits. Si les acteurs du secteur de la musique et de celui du cinéma semblent s’en sortir, on peut se poser la question de savoir pourquoi pas ceux du théâtre. Peut-être accusera-t-on les moyens qui font parfois défaut, parce que la publicité est coûteuse.

Mais il faut se mettre d’abord à l’esprit que les autres payent leur temps d’antenne ou leurs pages publicitaires et d’annonces dans les journaux. L’impact est sans équivoque et le résultat est nettement perceptible dans la réceptivité de leurs produits par le public consommateur. Il faut donc imiter leur exemple.

ensuite, l’une des principales sources de survie des organes de presse, c’est bien sûr l’argent des annonceurs. Il est complètement impossible pour un organe de presse écrite par exemple de vivre de la vente des journaux. Alors il se dégage une nécessité de relations d’échange et de partenariat qui doivent être nourries pour bénéficier à toutes les parties.

Certains responsables de structures artistiques l’ont compris ; c’est le cas par exemple de l’Atelier théâtre burkinabè (ATB), qui travaille beaucoup en partenariat avec les médias, pour une large diffusion de ses activités et pour la promotion de la forme théâtrale qu’il pratique, le théâtre-forum. Il dispose d’un service de communication, comme bien d’autres structures également, qui propose régulièrement de la matière à certaines radios et presses écrites de la place. Il travaille également à associer les journalistes aux différentes manifestations de l’ATB, que sont le CAPO, le CASEO, le CTF et le FITD et au-delà, les autres manifestations ponctuelles de la vie de la structure.

Si des efforts sont consentis au niveau de certaines structures artistiques, il reste encore à faire du côté des médias pour que les produits théâtraux trouvent une place au soleil. L’absence de critiques d’art est quasi totale dans les médias, pour apporter un regard extérieur approfondi et professionnel sur les productions.

Du coup, en dehors des reportages sur des événements et manifestations, de quelques rares émissions culturelles et bien évidemment de la publicité que font les structures, le théâtre est absent des ondes, des écrans et sur les pages des journaux. En plus du théâtre radiophonique et de la diffusion éparse de certaines pièces sur le petit écran, l’art théâtral a besoin d’une autre présence sur les médias, d’un autre regard des hommes de médias pour la reconquête de son public.

De plus en plus, se dégagent des journalistes culturels qui s’intéressent pleinement à la chose artistique. Mais l’épine au pied est que beaucoup se sont improvisés comme tel et se consacrent plus à la musique, au cinéma ou en tout cas, se laissent aller par l’effet de mode. Le plus important serait plutôt d’avoir une vision plus large et de faire des analyses plus approfondies de toutes les productions artistiques. C’est ce qui favorisera une amélioration de la qualité des produits, et incitera beaucoup plus le public à briser cette barrière qui les sépare de l’art théâtral et de ses produits.

Fabrice Y. BAZIE
NDLR. : Le titre est de la rédaction

Sidwaya

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