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Insécurité : Les Burkinabè toujours la peur au ventre

Publié le jeudi 26 janvier 2006 à 07h12min

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Où allons-nous ? L’on est tenté de se poser la question, au
regard de la persistance et de l’ampleur de l’insécurité dans le
pays. Dernier coup d’éclat en date des braqueurs et coupeurs
de routes du Faso : l’attaque meurtrière le 23 janvier 2006 du
préfet de Mansila dans le Yagha. En tournée dans son
département, Soumana Ouali a été lâchement abattu par des
bandits.

Ces derniers, en s’attaquant à un représentant de l’Etat
qu’est le préfet, viennent de franchir un autre cap dans leur
recherche du gain facile. Voici un acte qui ne manquera pas de
plonger les populations, en ce début d’année 2006, dans la
psychose.

En effet, si les premiers responsables des
départements ne sont pas épargnés par les braqueurs, qui peut
l’être ? Pourtant, les Burkinabè avaient de bonnes raisons
d’envisager l’année nouvelle sous d’heureux auspices, la
sécurité ayant été l’un des thèmes de campagne de la dernière
élection présidentielle.

Le Premier ministre Paramanga Ernest
Yonli avait aussi, lors de sa rencontre avec la presse au
lendemain de sa reconduction, réaffirmé l’engagement de l’Etat
à prendre à bras le corps la question sécuritaire. A cela, il faut
peut-être ajouter l’existence, depuis quelque temps, d’une
certaine volonté politique qui se traduit par la mise en oeuvre de
mesures visibles : patrouilles des CRS, police de proximité, etc.

Malheureusement, toutes ces initiatives semblent ne pas avoir
d’impact sur le cours du phénomène. Ainsi, pendant que les
autorités chargées de la lutte contre l’insécurité prennent des
engagements, les braqueurs, eux, multiplient les actes de défi.
Ce paradoxe pose la question même de l’efficacité de la
stratégie adoptée et des moyens déployés pour venir à bout du
mal.

Une bonne approche du problème exige avant tout qu’on
fasse une distinction entre insécurité urbaine et phénomène
des braquages sur les axes routiers. Ce dernier volet requiert,
en matière de lutte, une coopération entre Etats. Mais dans les
deux cas de figure, il faut des actions appropriées et inclusives
car l’insécurité est un problème transversal. Il a des implications
socio-culturelles et économiques.

Il faut donc associer tous les
acteurs susceptibles de contribuer à sa résolution.
Dans cette optique, les forces de sécurité doivent absolument
éviter de travailler en vase clos. Elles doivent oeuvrer à instaurer
une confiance entre les populations et elles, de sorte à favoriser
des échanges d’informations car il ne saurait y avoir une lutte
efficace sans un réseau de renseignements fiable. Dans ce
cadre, l’on peut envisager, comme c’est la pratique au Ghana,
des primes en faveur des citoyens ayant apporté des
informations utiles, cela pour les encourager.

Bien sûr qu’il faut
qu’à leur niveau les agents de sécurité aient non seulement les
moyens nécessaires à l’exécution de leurs missions, mais
qu’ils soient aussi et surtout motivés. Car, comme on le dit, l’on
ne peut mobiliser vraiment les hommes qu’autour de leurs
intérêts. C’est de cette façon que l’on peut, peut-être, arriver à
maîtriser le phénomène.

Et il faut continuer à briser toute chaîne
de complicité qui pourrait exister entre des éléments de forces
de sécurité et des braqueurs. Tant que la question de la
motivation n’est pas prise en compte dans les stratégies, il sera
toujours difficile d’avoir un réel engagement chez les agents de
sécurité sur le terrain.

Engagés dans des opérations où ils
risquent leur vie sans véritable contrepartie, ils ne peuvent que
lutter mollement contre le phénomène. Ce qui explique,
peut-être, cette persistance des attaques à main armée, en
dépit des différentes actions. Mais, au-delà des mesures
d’implication des populations et de motivation des forces de
sécurité, il est temps d’explorer d’autres pistes de combat contre
ce mal social. Il faut en effet un circuit économique plus
sécurisant pour les populations.

Si la méthode des braqueurs a
toujours été d’arrêter les passagers et de les dépouiller de leur
argent, l’on peut mettre en place un système financier qui ne
permet pas aux gens d’avoir de grosses sommes d’argent sur
eux. Cela peut consister à des émissions systématiques de
chèques à partir de certains montants. Agir dans ce sens, c’est
aussi un moyen d’amener les bandits à abandonner leurs
basses besognes, puisqu’à chaque sortie, ils n’auraient pas
grand-chose à se mettre sous la dent.

Dans la même lancée,
l’on doit aussi songer à équiper les véhicules de transport en
commun de dispositifs de transimssion-radio, de sorte à
permettre d’alerter, en cas de danger, qui de droit. Tout en
reconnaissant que les autorités en charge de notre sécurité
ainsi que les forces de l’ordre et de sécurité font du mieux
qu’elles peuvent, avec les moyens qui sont les leurs, il est
urgent que chaque citoyen, à son niveau, apporte sa contribution
dans le combat général contre ce fléau.

Mais, en attendant, les Burkinabè, toujours la peur au ventre, ne
peuvent que prendre leur mal en patience et espérer que les
agresseurs reviennent à de meilleurs sentiments.

"Le Pays"

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